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La distraction massive

Publie le lundi 6 juin 2011 par Open-Publishing

de Christophe F. Ennajoui

Le mot distraire a plusieurs sens. On peut distraire un conducteur de voiture. Distraire l’adversaire ou encore se distraire en allant à un concert ou en écoutant un disque.

C’est dans tous les sens du mot que j’affirme que nous vivons une époque de distraction massive. Debord aurait peut-être parlé de société du spectacle mais nous avons dépassé ce cycle depuis longtemps. Le spectateur regarde le distrait se trompe de tactique et de stratégie. Ce n’est pas seulement que tout est destiné à faire parti du spectacle, c’est également que chacun doit agir contre ses intérêts de classe.

Parler de l’action n’est plus suffisant dans un monde ou chacun est invité à agir et agit quotidiennement. Le concours est à qui agit le plus dans l’intérêt de telle ou telle cause incluse dans un mode de fonctionnement schizophrénique, dissocié et morcelé.

Schizophrénique parce que l’esprit doit se fendre. Dissocié parce que chacun est par moment conscient d’être dans une sorte de délire. Morcelé parce qu’il y des murs aussi hauts que ceux d’une prison entre tous les domaines de la vie sociale.

Diviser pour mieux régner

Les mass médias ne divisent pas seulement les prolétaires et leurs alliés, ils divisent le prolétaire, ils divisent l’allié du prolétaire, créent des personnes morcelées avec un esprit fendu.

Mais ne nous y trompons pas c’est bien de totalité et totalitarisme dont il s’agit. Il n’y a aucune place pour la liberté dans cette totalité, aucune place pour l’esprit critique, la parole dissidente et rebelle dans ce totalitarisme le monde libre. Qui trompe si bien son monde que certains ont l’impression d’être trop libres.

L’esprit critique n’a aucune place la totalité de la fin de l’Histoire
Je ne parle pas un langage total et je me refuse à le faire. Le langage total c’est le langage de masse ainsi que l’inverse.

Il importe peu de dire quelque chose d’objectivé dans un monde ou presque six milliards de prolétaires se parlent depuis leurs îles désertes.

Je dis qu’il n’y a aucune place pour l’esprit critique dans ce monde qui se dit libre parce que celle qu’on lui réserve c’est la tombe, la poubelle, la déchèterie. Diriez-vous qu’on vous a laissé une place si on vous laissait une tombe pour seul logement ? C’est un écart de langage et c’est d’un écart dont nous avons besoin. Pour cesser de faire le grand écart, il faut s’écarter du chemin entre deux rives. Celles du fleuve qui séparent les bourgeois, les prolétaires et leurs alliés.

Entendons-nous bien que presque toutes les idées sont permises et que toutes sont censées se valoir. L’esprit critique ne fait qu’énoncer des idées parmi d’autres. Comme tout se vaut, rien ne vaut rien sauf la totalité du moment présent qui se résume à une fin de l’Histoire.

http://traverslibres.blogspot.com/2011/06/la-distraction-massive.html