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Chômeurs contre le "reclassement privé"

Publie le jeudi 6 janvier 2005 par Open-Publishing

Occupation hier à Paris du siège d’Ingeus, chargée par l’ANPE du suivi de demandeurs d’emploi.

de Sonya FAURE

« C’est tout frais ici. Ils viennent de refaire les peintures et il n’y a qu’une employée... » Ils sont une quarantaine de militants à faire le tour des locaux flambant neuf d’Ingeus, société australienne chargée par l’Unedic de reclasser des personnes sans emploi. Les associations de chômeurs AC ! et Apeis, la Coordination des intermittents et précaires, la CNT et des militants de la CGT chômage ont envahi, hier à 16 heures, l’immeuble proche de la gare Saint-Lazare à Paris. Pour en repartir deux heures plus tard. Motif de la mobilisation : le recours à une entreprise privée pour le suivi de 6 000 demandeurs d’emploi, une mission jusqu’ici dévolue à l’ANPE. Et cela alors que la loi Borloo prévoyant la fin du monopole de placement de l’ANPE n’a pas encore été mise en oeuvre.

Dans le bureau de Jean-Louis Tauzin, le directeur général d’Ingeus, les militants affichent leurs tracts et égrènent leurs inquiétudes. « On est en train de soumettre le service public à la loi du marché ! » « C’est notre argent, celui de l’Unedic, qui va permettre à votre boîte de faire du profit... » L’ANPE confiera à Ingeus des demandeurs d’emploi susceptibles d’entrer dans un chômage de longue durée. L’Unedic versera à la société spécialisée dans le reclassement 2 800 euros par chômeur pris en charge. Si au bout de dix mois Ingeus ne lui a pas trouvé d’emploi, elle le renverra vers l’ANPE. A chaque embauche, Ingeus touchera 300 euros supplémentaires. Puis 600 euros si l’ex-demandeur d’emploi est en poste treize semaines plus tard. Et 600 de plus s’il y reste au moins sept mois. « Cela prouve bien que notre objectif est d’amener les gens à un emploi convenable et durable, explique Jean-Louis Tauzin. Le cap des six mois est un palier important, nous voulons les y accompagner. »

« Nous craignons qu’à vouloir absolument caser ses chômeurs Ingeus les pousse à accepter n’importe quoi, estime un membre d’AC ! ça serait tout à fait dans la logique du revenu minimum d’activité et des contrats d’avenir que veut mettre en place le gouvernement. Que le critère de résultat soit fondé sur "l’emploi durable" (sept mois minimum, ndlr) et non le CDI nous révolte. »

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