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Avec Mélenchon, le PCF refait le coup de Mitterrand... en plus dérisoire

Publie le jeudi 9 juin 2011 par Open-Publishing
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La conférence nationale du Parti communiste français vient de décider de soutenir, pour la présidentielle de 2012, la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Cette décision doit encore être soumise aux militants du parti pour être confirmée. Mais le choix de la direction est clair et net. Pour la première fois depuis 1974, le PCF ne présente pas un candidat issu de ses rangs.

En 1974, le PCF avait choisi de s’effacer derrière François Mitterrand, candidat unique de la gauche. À l’époque, c’était un parti puissant qui, aux élections, représentait plus de 20 % de l’électorat. Mais plus important encore que son influence électorale était le fait que c’était le parti qui avait le plus de militants dans le monde du travail, dans les entreprises, dans les quartiers populaires. Il avait aussi une influence prépondérante sur la principale confédération syndicale, la CGT.

C’est bien en raison de cette influence que le politicien bourgeois madré qu’était Mitterrand avait besoin du soutien du PCF. Il en avait besoin d’abord pour se faire élire et, plus encore, pour qu’une fois installé au pouvoir il puisse faire passer sa politique comme une politique favorable à la classe ouvrière.

Mitterrand dut patienter jusqu’à 1981 pour arriver à la présidence de la République. Après avoir suscité de l’espoir et surtout beaucoup d’illusions, l’Union de la gauche au pouvoir ne tarda pas à se révéler être un gouvernement menant la politique que la bourgeoisie souhaitait voir mener. Les gouvernements de gauche se succédèrent, d’abord avec des ministres communistes, puis sans eux, mais toujours avec leur soutien.

Non seulement l’Union de la gauche n’a pas changé la vie des travailleurs, mais elle ne les a en rien protégés contre l’avidité de la bourgeoisie. C’était une période de licenciements massifs, accompagnés de violence contre les travailleurs, de la sidérurgie à l’automobile. Les nationalisations avec rachat ont permis aux dynasties bourgeoises de se dégager des industries devenues moins rentables, en laissant à l’État le sale travail de licencier. Pendant qu’augmentait le nombre de chômeurs, les prétendus socialistes au gouvernement glorifiaient le profit et la Bourse.

Et les militants du PCF étaient conviés à justifier cette politique, à désamorcer la contestation, désarmant ainsi les travailleurs.

Le PCF ne s’est jamais relevé de cette période. De parti puissant, il est devenu un auxiliaire intérimaire du PS lorsque celui-ci est revenu au gouvernement avec Jospin. Sa politique a découragé, démobilisé des milliers, des dizaines de milliers de militants, dans les entreprises comme dans les quartiers populaires. Sa candidate à la dernière présidentielle, Marie-George Buffet, a dû se contenter de 1,93 % des voix.

Voilà qu’aujourd’hui la direction du PCF recommence, sous forme de farce dérisoire, la même opération qu’en 1974, derrière l’ancien ministre du PS Mélenchon. Et Pierre Laurent, l’actuel secrétaire national du PCF, de déclarer dans son discours à la conférence nationale : « Oui, dans notre pays, le changement est possible. » Comme si ces lamentables combines électorales pouvaient amener le changement ! Elles permettront peut-être au PCF de conserver quelques places de députés. Et qui sait, si le PS obtient la majorité aux élections de 2012 et si Mélenchon obtient un nombre de voix qui le rend intéressant aux yeux du PS, il sera ministre et le PCF aura peut-être un ou deux strapontins de secrétaire d’État ? Mais qu’est-ce que cela changera pour les travailleurs ? En quoi cela les préservera de l’offensive du grand patronat et de la bourgeoisie, redoublant d’intensité en cette période de crise économique ?

En s’effaçant derrière Mélenchon, comme il s’était effacé il y a plus de trente ans derrière Mitterrand, le PCF fait seulement la démonstration que rien ne distingue sa politique de la politique de ces gens-là. Ce n’est pas vraiment nouveau. Bien avant qu’il ait fait le choix de s’aligner derrière le PS pour quelques postes ministériels, il ne représentait déjà plus les idées communistes, les idées de lutte de classe. Cela ne juge pas ces idées, cela juge le parti qui prétendait les incarner.

Il est pourtant indispensable que la classe ouvrière retrouve les idées de l’émancipation sociale et les fasse de nouveau siennes. Elles sont importantes pour se défendre efficacement contre le grand patronat. Elles sont indispensables pour permettre à la classe ouvrière de renouer avec sa tradition de combat pour le renversement du capitalisme, qui montre en cette période de crise toute son infamie et son absurdité.

Messages

  • PCF - Le ralliement à Mélenchon, un marché de dupes

    Lors de sa conférence nationale du 5 juin, la direction du PCF a décidé par 63,6 % des voix le soutien à la candidature de Mélenchon. Cette décision devra être confirmée par les militants, qui auront à choisir les 16, 17, 18 juin entre le dirigeant du Parti de gauche, ex-ministre du PS, le député du PCF André Chassaigne et Émmanuel Dang Tran, un militant du PCF qui refuse, déclare-t-il, l’alliance avec le Parti de gauche.

    Cette consultation a pour fonction de sauver les apparences, en donnant l’illusion que le PCF ne s’est pas éclipsé sans résistance. La direction du parti a tenu cependant à bétonner son choix, en inscrivant le résultat déjà adopté par la conférence communiste de ce 5 juin sur les bulletins de vote destinés à l’expression des militants. Si ce n’est pas une consigne de vote, cela y ressemble. Et le secrétaire du PCF Pierre Laurent en a rajouté une couche, en appelant les communistes à voter pour Mélenchon, non sans irriter un certain nombre de militants hostiles à ce ralliement qui fait s’effacer leur parti.

    La direction du PCF essaie de justifier son choix en expliquant que ce marché est « gagnant-gagnant », pour reprendre une formule en vogue. Certes, les dirigeants du PCF font la part belle à Mélenchon, mais en échange, disent-ils, le Parti de gauche laisse 382 circonscriptions des élections législatives au PCF, 72 restant au Parti de gauche. Les notables du Parti communiste peuvent avoir le sentiment de sauver ainsi les meubles, avec l’espoir de disposer d’un nombre suffisant d’élus pour avoir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.

    À regarder vite les termes de ce marché, il semble équilibré. Sauf que, même arithmétiquement, le compte n’y est pas. Le Parti de gauche laisse au PCF des sièges qui ne sont pas à lui et qu’il n’a aucune chance de gagner dans les élections. Il n’abandonne donc rien.

    De toute façon cette question ne se pose pas en termes comptables, mais surtout en termes militants, en termes politiques. Mélenchon échange sa popularité, ou plutôt sa faconde et sa jactance, c’est-à-dire du vent, contre le crédit que les militants du PCF ont acquis par leur présence, leur activité, des années durant, dans leurs entreprises, dans les quartiers. Estimé à cette aune, le marché n’a rien d’un donnant-donnant.Les dirigeants du PCF ont depuis des années proposé comme objectif essentiel à l’activité des militants des objectifs électoraux. Sur ce terrain, il n’y a pas d’issue satisfaisante, sauf à en passer par un bateleur d’estrade.

    Ce n’est pas par cette voie que l’on peut revitaliser les idées communistes. Et ce serait pourtant plus que jamais nécessaire.

    Aline URBAIN

  • Par contre, depuis plusieurs dizaines d’années, LO démontre son efficacité grandissante. Avec LO, les travailleurs sont fin prêts pour affronter le capitalisme et construire la société sans classes de demain !

    • Par contre, depuis plusieurs dizaines d’années, LO démontre son efficacité grandissante. Avec LO, les travailleurs sont fin prêts pour affronter le capitalisme et construire la société sans classes de demain !

      ça me fait penser aux collégiens : souvent quand on en reprend un parce qu’il bavarde, il croit se défendre en répliquant "y en a d’autres qui parlaient !" Hors sujet...

      Ou c’est comme si on répondait aux militants français investis dans la défense de tel ou tel condamné à mort aux USA : vous n’avez rien à dire, vu la situation indigne dans les prisons françaises !

      Ou encore, c’est comme si on trouvait anormal que le PCF critique le PS sous prétexte qu’il n’a pas "démontré son efficacité grandissante".

      Chico