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En campagne contre Vinci

Publie le lundi 4 juillet 2011 par Open-Publishing

Amis désobéissants, nous relayons cet intéressant message.

Malgré la crise apparente, le capitalisme reste en expansion et cherche
toujours à conquérir du pouvoir sur nos vies. Les débrouilles
quotidiennes, la moindre bribe d’autonomie, le petit savoir-faire, la
dernière pratique collective sont intégrés au marché ou rendus illégaux.
Il s’adapte à tous les contextes politiques et peut se montrer
ultra-violent et prédateur ou consultatif et éco-responsable selon les
besoins, pour maintenir le cap du profit de quelques-uns.

Parmi les outils à sa disposition, figure en bonne place la maîtrise de
l’espace. Le déracinement des populations est depuis longtemps une manière
de les rendre dépendantes de la société de consommation et soumises au
marché du travail. Dans le même temps, le territoire qui permettait leur
subsistance est réorienté et rentabilisé dans une logique de profit.
Chaque espace doit avoir son orientation économique, de la zone
industrielle à la plaine céréalière centralisée, en passant par la
région
montagneuse, sa détente pour riches et son énergie bois. Quand chaque
région devient spécialisée, un schéma global de transport à grande
vitesse
s’impose. Le quadrillage des voies de communication garantit la cohérence
de l’ensemble. Alors pullulent les grands projets qui relient les pôles
entre eux : lignes Très Haute Tension, Lignes Grande Vitesse, autoroutes,
ceintures périphériques, métros, tramways, boulevards, tunnels, aéroports,
qui alimentent ou permettent d’autres grands projets tels que complexes
nucléaires, barrages hydrauliques, terminaux pétroliers, parcs éoliens,
zones commerciales, grands stades et urbanisation des campagnes.

Pour de telles réalisations, la recette est toute trouvée : les
partenariats public-privé (PPP). Ils permettent d’allier la légitimité
démocratique, la maîtrise de l’ensemble géographique, la finance publique
et les forces de l’ordre de l’État ou des collectivités locales aux
savoir-faire, réseaux et réalisme commercial et sans scrupule de grands
groupes privés omnipotents. Ceux-ci proposent de prendre en charge
l’ensemble des projets, de la construction à la gestion commerciale. Des
entreprises comme Eiffage, Bouygues ou Vinci se partagent un gâteau
monumental et sans cesse renouvelé. Les grands projets phares y sont des
vitrines pour leur image de marques, des actionnaires confiants et du
profit boursier. Mais la multitude de leurs interventions sur l’espace
(aménagements urbains, rénovations de quartiers, ronds-points, zones
commerciales, vidéo-surveillance…) est leur business quotidien. Sous
prétexte de progrès et de services rendus à la communauté, ces partenaires
vont toujours plus loin dans la colonisation de nos vies. Tout est fait
pour que rien ne leur échappe et que chaque geste du quotidien soit
rentable et contrôlable. Décomplexés, ils l’affirment haut et fort : « 
Eurovia aménage votre cadre de vie » !

En 2000, Vinci devient le « premier groupe mondial de
construction-concession », après avoir été vendu par Vivendi à des
actionnaires. En 2009, il participe à 240’000 chantiers dans plus d’une
centaine de pays ; avec 5% de croissance en 2010, son chiffre d’affaire
atteint 33,4 milliards d’euros et son carnet de commande augmente de 15%.

Il est un des collaborateurs favoris des pouvoirs publics mais il sait
aussi se mettre au service du privé. Le projet ITER de fusion nucléaire
est implanté à titre d’expérimentation internationale sur le site de
Cadarache (13). Avec Areva — son partenaire jusque dans les mines
d’uranium au Niger ou ailleurs — et malgré les nombreuses voix qui
s’opposent à cette nouvelle absurdité mégalomaniaque, Vinci construit le
désastre…

La Ligne Grande Vitesse Sud Europe Atlantique est un projet très contesté
dans les régions concernées. Plusieurs collectifs et associations
organisent des manifestations pour dire stop aux grands projets
destructeurs et coordonner des actions en Europe.

À Notre-Dame des Landes (44), depuis 40 ans, un projet d’aéroport
international s’inscrit dans une expansion de la métropole
Nantes/Saint-Nazaire. Aujourd’hui, Vinci s’est emparé de ce chantier
pionnier : un aéroport éco-labellisé. Le groupe et ses alliés publics
entendent mener les travaux à terme, tout en prétendant respecter une
démarche démocratique : par exemple, une enquête publique encadrée par une
multitude de gendarmes et de gardes mobiles. Face à cette hypocrisie, les
terrains concernés par le projet sont occupés et le combat s’intensifie.

L’autoroute que construit Vinci entre Moscou et Saint-Pétersbourg saccage
entre autres, à Khimki, la dernière forêt moscovite. Noyé dans la
corruption, ce projet d’expansion urbanistique s’impose aux habitants et
n’avance qu’à coups de violences policières contre les opposants. Le
campement de résistance installé dans la forêt a également été la cible
d’attaques par des milices fascistes. Le tabassage, les tortures, les
menaces, les inculpations pénales et les assassinats sont certains des
moyens de répression mis en œuvre par le capital afin de défendre ses
propres intérêts sous prétexte de travaux publics.

Une campagne contre Vinci ?

Parce que la machine qui nous domine est diffuse et omniprésente, il
paraît difficile d’imaginer comment s’en émanciper. Une des stratégies
possibles est de faire converger des forces en ciblant un de ses rouages
pour ébranler l’ensemble. En tant que grand acteur de ce monde, Vinci est
partout. Si certaines de ses tentacules sont rendues visibles par quelques
projets, les autres œuvrent dans l’ombre en s’appuyant sur
l’acceptation
et l’isolement des individus.

Créer des solidarités entre les personnes aux prises avec Vinci (salariés,
populations bétonnées, déplacées, irradiées, opposants réprimés…)
pourrait
permettre de dépasser des enjeux locaux pour identifer Vinci comme un
ennemi public et affiner des stratégies concrètes et à long terme.

Collages, tractages, banderoles, tags, discussions, manifestations,
projections, actions, péages ou parkings gratuits, blocages, occupations,
ralentissements, sabotages sur les chantiers… sont autant de pratiques qui
peuvent participer à renverser le rapport de force existant.

De multiples actions fleurissent déjà contre Vinci, organisons-nous
localement pour intensifier cette campagne de façon déterminée et
endurante.

Parce que c’est sur notre résignation qu’ils construisent leur business,
partageons nos colères pour passer à l’offensive et se donner de la force.

Pour échanger des infos : stopvinci.noblogs.org

www.desobeir.net