Un été d’amour est un défi critique qui nous est lancé
de : Orphée mercredi 6 juillet 2011 - 16h33 - ![]() 1 commentaire
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Orphée
Summer of Love on the RdR
Quelle incongruité d’évoquer, en ce début d’été 2011, un été de l’amour ! Sauf vos réserves, nous espérons vivement faire entendre, dans la banalité, ce qui nous réunit ; provoquer la réflexion et secouer le joug du conformisme. Mais, oui, la référence au bel été californien de 1967, que vous avez peut-être connu, apogée de la contre-culture hippie, est d’ordre incantatoire… Durant les deux premières semaines de ce mois de juillet 2011, nous pourrions lire quelques belles pages, voire des romans entiers, parmi les œuvres qui ont contribué à façonner nos conceptions de l’amour. Bien sûr, les absentes nous manqueront, mais le plaisir de lire ou de relire emportera ces regrets. Dans leurs grandes lignes, les conceptions de l’amour qui ont prévalu et prévalent encore en nos esprits plongent dans un passé lointain, un passé surtout culturel – il ne sera qu’indirectement question de biologie. Dans ce monde eurasiatique qu’on pourrait appeler indo-européen pour l’occasion, prévaut depuis la plus haute antiquité une idée selon laquelle la pluralité des êtres peuvent, par l’Éros – ou quel que soit son nom – s’élever jusqu’à l’unité. Quoi qu’on en pense, il faut bien admettre que notre conception de l’amour a été fortement marquée par le christianisme qui, à Éros, a opposé Agapè , c’est-à-dire au Banquet érotique a substitué le festin fraternel, la Cène. Car, si Éros veut l’union, la fusion des êtres dans l’unité supérieure, « Agapè ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de la vie. ‘Dieu est au ciel, et toi tu es sur terre’ », rappelle Denis de Rougemont. Pas d’union possible autre que la communion entre êtres humains pour atteindre Dieu. « Si l’ Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans la réalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’ Éros n’a pas de prochain – n’est-on pas en droit de conclure que cette forme d’amour nommée passion doit normalement se développer au sein des peuples qui adorent Éros ? Et qu’au contraire, les peuples chrétiens – historiquement les peuples d’Occident – ne devraient pas connaître la passion, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Pour Denis de Rougemont, les tendances païennes refoulées à partir de Constantin, qui imposa le christianisme à tous les peuples d’Occident, se sont exprimées à travers l’amour-passion, une forme terrestre du culte de l’Éros qui envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du mariage. Tout cela ne put se faire que de façon cachée, par les hérésies, par la littérature des troubadours (qui puisaient leur inspiration en Orient – voir les travaux de Robert Lafont et Henri Corbin) et des trouvères (dans le fonds celtique). La raison du succès des histoires d’amours adultères est à chercher là. La courtoisie et le retour du refoulé païen ont donné naissance au Roman, célébration de l’obstacle constitué par le mariage, et dont le mythe de Tristan – dont nous présenterons la version de Joseph Bédier Le roman de Tristan et Iseut (1900) – reste l’archétype littéraire décliné à l’infini jusqu’à nos jours. La première attestation d’un couple d’amants passionnés est celle d’Héloïse et Abélard, qui se rencontrèrent en 1118. Le célèbre roman de Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) permet de mesurer l’évolution de l’amour-passion, de même, au siècle suivant, que la nouvelle de Mérimée Carmen (1847) et l’opéra de Bizet laissent violemment sourdre l’Éros païen grâce à l’élément oriental (africain disait Nietzsche). Évidemment, toute la production culturelle n’est pas resté enfermée dans cette équivoque, l’hédonisme moderne à travers les expériences libertaires et la revendication féminine du désir ont influé nettement sur ces schémas. La célébration, dans son recueil éponyme, de Sapho (1909) par Renée Vivien ou le parcours amoureux de Colette – dont vous pourrez lire Chéri (1920) – ou, plus près de nous encore, les revendications de l’amour libre en écho (entre autres et pour revenir à nos premières considérations) à la contre-culture hippie, sont des voies ouvertes aux contemporains. Pour finir en musique, quelques chansons de cette contre-culture qui – quoi qu’en aient certains et des plus vilains – irrigue encore, depuis le Summer of Love ’67 , nos esprits et émeut nos corps ! Régis Poulet
Lien permanent de l’édito : Notes : [1] Ne pas oublier qu’un représentatif de Gallimard a pu écrire aux administrateurs étrangers des sites de téléchargement des œuvres tombées dans le domaine public, archive et wikisource, pour justifier sa tentative d’interdire d’y publier des oeuvres en français : "la culture française appartient aux français" — ça ne s’invente pas. ![]()
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samedi 7 - 18h14
de : jean1
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samedi 7 - 18h08
de : jean1
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samedi 7 - 17h58
de : jean1
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samedi 7 - 09h08
de : Jean-Marie Défossé
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vendredi 6 - 21h39
de : jean1
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vendredi 6 - 18h36
de : AMASSADA
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vendredi 6 - 17h07
de : nazairien
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vendredi 6 - 15h44
de : nazairien
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vendredi 6 - 13h00
de : Louisette
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jeudi 5 - 22h46
de : JO
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jeudi 5 - 20h03
de : Christian DELARUE
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jeudi 5 - 13h12
de : naairien
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mercredi 4 - 23h53
de : nazairien
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mercredi 4 - 22h07
de : Hdm
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mercredi 4 - 19h55
de : Nemo3637
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mercredi 4 - 17h49
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mercredi 4 - 00h41
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mardi 3 - 14h01
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lundi 2 - 20h25
de : nazairien
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lundi 2 - 12h47
de : jean1
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dimanche 1er - 20h40
de : JO
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dimanche 1er - 15h49
de : Christian DELARUE
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samedi 30 - 10h58
de : JO
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vendredi 29 - 18h03
de : L’iena rabbioso
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vendredi 29 - 12h44
de : Hdm
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vendredi 29 - 12h14
de : JO
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vendredi 29 - 11h25
de : JO
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vendredi 29 - 07h36
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jeudi 28 - 17h21
de : Blanqui75
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jeudi 28 - 11h57
de : JO
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jeudi 28 - 11h32
de : nazairien
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jeudi 28 - 10h34
de : librinfo74 via jyp
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jeudi 28 - 10h04
de : jean 1
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jeudi 28 - 10h03
de : JO
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mercredi 27 - 13h11
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mardi 26 - 23h50
de : JO
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mardi 26 - 16h15
de : JO
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mardi 26 - 15h22
de : JO
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mardi 26 - 12h26
de : jean1
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lundi 25 - 21h09
de : Christian DELARUE
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6 juillet 2011 - 19h43 - Posté par orphée
Errata
Régis Poulet me prie de corriger qu’il n’est pas prof de lycée et de prépa mais tout simplement prof, et d’autre part il faut ajouter dans l’édito (nouvellement mis à jour dans la RdR) la citation des Hauts de Hurlevent, de Emily Brontë, dont il n’a trouvé la version française en source libre qu’ultérieurement, ce qui fait que ce livre sera également donné en streaming et au téléchargement dans le cadre de cette ligne éditoriale.