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Le paradigme de la pensée moderne, brownien-merdique (zaz)

par Ocséna, contre le système-ENA

Publie le mercredi 3 août 2011 par Ocséna, contre le système-ENA - Open-Publishing
8 commentaires

Avertissement

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière de faire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans le traitement des questions politiques :
 C’est dans l’humour raté que, selon nos plus brillants détracteurs, nous sommes de loin franchement les meilleurs.
 Les plus vachards qualifient en outre de complètement nullarde notre pratique de l’autocommentaire : Nous ne pouvons que leur donner raison.

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1. Les paradigmes carrés et bien connus anciens

1.1 Schéma platonicien

Au départ de notre pensée occidentale, classique si l’on peut dire , il y a eu sans aucun doute un paradigme bien organisé qui a été celui de la pensée platonicienne lequel nous a beaucoup marqué. L’idée est à peu près que le monde ultime authentique est celui de le pensée rationnelle, lequel malgré tous les efforts considérables à fournir pour y bien parvenir, est finalement "carré", boulonné, verrouillé, beau et vrai. Au sommet de la pyramide, comme une source de lumière le vrai-beau-dieu comme l’on sait. Tu y accèdes par la laborieuse dialectique ascendante, tu en redescends vers le sol des hommes et le plancher des vaches par la dialectique descendante. Ce truc marche encore très bien en science.

Quid en revanche de la pensée plus ordinaire, politique, sociale, tout simplement humaine ?

On a trouvé longtemps plus expéditif et plus efficace que la pensée à la Platon. Ce fut la pensée manichéenne, où le raisonnement est binaire, bivaleur, et peut régler les problèmes plus vite et plus efficacement que tout.
C’est le monde des bons et des méchants, du bien et du mal, des vérités incontestables face aux faussetés non moins incontestables. Il faut savoir ton camp du vrai ou du pas vrai, après on peut très fermement trancher.

1.2 Schéma manichéen

Le monde manichéen n’a pas de doute, le doute méthodique n’est pas sa méthode de travail. Beau-salaud, vrai-faux, straight-abject, etc.

On a connu ça pour l’affaire Dreyfus en France, tu ne pouvais être que pour ou contre. L’affaire DSK est peut-être plus complexe aujourd’hui, mais quand même ! il faut savoir. Pour DSK t’es un salaud, contre Nafi t’es un machiste.

Venons-en à la pensée moderne. Elle a des restes des deux paradigmes précédents qui s’emberlificottent un peu, mais elle a selon nous sa vraie modernité propre.

La pensée moderne a la fragmentation de l’info pour elle, sa multiplicité contradictoire, le zapping entre les différents registres, la démocratie de l’opinion, les avants-arrière, etc. etc.

Une façon sympa d’en parler était de dire il y a encore quelques années qu’il s’agissait d’une pensée complexe (à distinguer soigneusement de compliqué.)

Une façon plus up to date d’en parler finalement est de dire que la pensée moderne de maintenant et en réalité essentiellement brownienne et merdique.

2. Le nouveau paradigme : c’est apparemment le schéma Smartphone, plus flasque, protéiforme et mobile, moins structuré-fossilisé, de la pensée d’aujourd’hui

Vous ne pouvez pas comprendre comment pensent les gens aujourd’hui si vous ne les avez pas d’abord vu marcher dans la rue. Les avions, les trains et les voitures arrivent à fonctionner de façon encore un peu organisée : c’est par nécessité pour éviter les catas. Le type et la nana sur le trottoir ou dans les couloirs du métro se tapent de tout ça. Le type ou la nana a encore sa spontanéité, son imprévisibilité, son champ propre, son ego, sa personnalité : au centre plus que tout, le Moi est l’Unique, le centre du monde, il y a donc une floraison de centres du monde ("le moi est haïssable" est une connerie pascalienne d’un autre âge.)

Ajoute que l’ego incomparable a aussi un portable, parfois deux, ça le fait s’isoler sur la banquette et tourner sur place quand il est à l’extérieur (c’est le spin de l’ego). Le moi est-il ici, ou dans un autre lointain ? Le moi en tout cas doit intellectuellement se démerder dans la nouvelle réalité qu’il vit, il doit aller au plus pressé et théoriquement au plus direct. Tu imagines bien que le quidam attentif d’aujourd’hui ne peut pas s’emmerder à bâtir un arbre des possibles à 120 chemins pour te dire le fond de sa démonstration qu’il connaît intuitivement et spontanément avant de commencer.

Nous pensons aujourd’hui selon la réalité de vie de notre temps. Ca bouge ça bouge, on n’est plus des paysans ou des pâtres impassibles.

Bien sûrs les hommes ont sans doute toujours été bougeants browniens mais avant dans cette condition-là ils se trouvaient quand même relativement presque impassibles.

Quelle est notre intention en disant tout cela ? C’est dire simplement que quelque chose a fortement changé, y a pas longtemps, possiblement par coïncidence avec le sarkozysme, pour aggraver peut-être le côté bougeant, impulsif, réactif, à côté de la plaque et de la réalité, expressif totalement à la façon "artiste, plutôt que rationnellement communicant.

3. Conclusion

Récemment diverses analyses s’inquiétaient des rapports à venir entre l’homme et le numérique. Bientôt, puisqu’on a le truc, à la main on ne va plus savoir une addition ou une multiplication. Bientôt puisqu’on a accès au web qui nous sert de mémoire on va perdre la mémoire.

Il nous semble dans l’immédiat qu’on a véritablement perdu déjà la capacité de penser.

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien.

Avec la participation de nos potes et amis préférés, qui se manifesteront à l’occasion selon leur libre volonté.

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Ocséna, Organisation contre le système-ENA et pour la démocratie avancée

 http://ocsena.ouvaton.org

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