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Nouveau suicide dune professeur. Vers le syndrome France Telecom ?

Publie le mardi 6 septembre 2011 par Open-Publishing
22 commentaires

Caroline Garnier avait 29 ans. “Une fille sportive, gentille, sensible, attentionnée” selon sa mère. Photo DR

Caroline Garnier avait 29 ans. Le 11 août dernier, elle se trouvait à Gap au domicile de ses parents. Sa mère est partie randonner en montagne. “Elle semblait aller mieux. Jamais je n’aurais imaginé…”

Les yeux rougis, Françoise Garnier n’ira pas au bout de sa phrase. Cette journée d’été, sa fille Caroline a mis fin à ses jours quelques heures après le départ de ses parents, les laissant dans la peine et l’incompréhension.

“J’ai passé les vacances de février à cauchemarder...”

Caroline Garnier avait choisi l’enseignement après avoir effectué des études variées. Au terme de deux ans de travail, elle avait réussi le concours de professeur des écoles. En septembre 2010, elle intégrait l’école Joseph-Vallier de Grenoble. Une année très difficile pour la jeune enseignante qui démarre sa carrière face aux élèves.

Sa mère avec ses mots et sa colère de mère décrit une “humiliation”, “un manque d’aide et d’écoute”, du “harcèlement”. Sa fille témoigne de son malaise dans le journal du syndicat FO : “J’ai passé les vacances de février à cauchemarder sur la reprise. J’essaye de tenir compte des conseils et des critiques qui me sont donnés et qui sont dans les nombreux rapports, mais à chaque fois, on me trouve quelque chose qui ne va pas. Je travaille le matin, le soir, même à la pause de midi. Il y a quelques semaines, j’étais tellement épuisée que mon médecin a prescrit un congé.”

L’année se termine. Caroline passe devant un jury qui peut offrir trois issues : la titularisation, le renouvellement pour un an ou le refus d’admission.

Ce sera la dernière solution pour la jeune femme. Le 18 juillet, elle reçoit la lettre lui signifiant cette décision et le vit très mal selon ses proches. Trois semaines plus tard, elle en vient au pire.

Quelle est la part de drame personnel et quelle est celle de l’échec et du mal-être professionnel dans le geste de Caroline ?

Pour le syndicat FO-éducation auquel elle avait adhéré, “Caroline est une victime de la mastérisation”. Pascal Costarella, représentant syndical, indique avoir d’ailleurs reçu de nombreux appels de professeurs-stagiaires en détresse dans l’année.

Le recteur “scandalisé” par l’analyse de FO

Le recteur de l’académie de Grenoble Olivier Audéoud affirme être “scandalisé” par l’analyse de FO. Nommée dans une école sans histoire de Grenoble (Joseph-Vallier), Caroline Garnier a bénéficié selon le recteur d’un accompagnement constant. “Il s’est révélé très tôt qu’elle avait des difficultés, indique-t-il. Elle avait un manque d’autorité très clair, et elle n’arrivait pas à mettre en application son enseignement.”

Pour lui, un soutien exceptionnel lui a été apporté avec un nombre de visites dans sa classe et de journées d’observation bien supérieur aux autres professeurs-stagiaires.

“En mai et juin, elle a été de nouveau en doublon, poursuit le recteur. Le jury a considéré qu’elle n’avait pas progressé. Il a décidé de ne pas l’intégrer dans la fonction publique”. Le recteur compatit à la douleur de la famille : “C’est dramatique.”“Mais nous avons tout fait pour l’aider“, estime-t-il.

FO attend le résultat de l’enquête du comité d’hygiène et sécurité qui va enquêter sur le cas de Caroline. “Nous craignons clairement un syndrome France Télécom”, indique Pascal Costarella. Le syndicat réclame aussi l’arrêt de la mastérisation. Et il lance une pétition pour demander au ministre de l’Éducation de faire évoluer l’accompagnement des professeurs-stagiaires.

La mère de Caroline, elle, le concède les yeux rougis : “Elle n’était peut-être pas faite pour être enseignante. Mais elle aurait mérité une seconde chance.”

http://www.ledauphine.com/isere-sud/2011/09/05/polemique-apres-le-suicide-d-une-professeur-stagiaire

Messages

  • Attention , elle aurait sans doute "mérité une seconde "chance et plus d’aide mais tout le monde n’est pas fait pour ce métier : un concours aussi difficile soit il ne garantit pas que cela va bien se passer dans la classe , de plus , même si on est trés aidé ( ce qui ne semblait pas le cas ici) , il va arriver un moment où on se retrouve seul devant les gamins.

    Passer un concours de l’enseignement pour avoir du boulot , avoir des vacances , être fonctionnaire , faire un métier qui semble "sympa", un métier "social"....peut s’avérer terriblement destructeur...

    Il faudrait pouvoir permettre à ceux qui ont bataillé pour avoir ce concours et qui ont beaucoup de mal dans une classe de rester dans une structure de l’EN et pas retour au chômage.

  • Terrible !
    On comprend le processus de sélection même après la réussite du concours ce processus de selection persiste, pas de pause au contraire il y a une intensification !
    Puisque c’est sur le terrain et sans formation que tu dois faire tes nouvelles preuves...
    On comprend vite que le taux de casse sera énorme. Cela permet aux membres du jury de faire à nouveau une dernière selection (casting) pour éliminer les irréductibles qui ne sont pas formater EN, qui n’ont pas le profil EN, ou les plus faibles,...
    Cela fait partie de la sélection permanente afin que les hommes et femmes soient toujours en alerte, qu’ils aient peurs (la peur est très mauvaise conseillère), c’est le principe de la guerre permanente...
    Des situations similaires se retrouvent dans beaucoup de secteurs d’activité... malheureusement le système capitaliste ne connait aucune limite... A méditer !

  • Mademoiselle Garnier était une jeune femme travailleuse et consciencieuse, qui toute l’année a tenté de prendre en compte les remarques qui lui étaient faites. Elle n’a eu droit, en retour qu’à des remarques humiliantes et insultantes de la part de personnes décidées, selon leurs propres termes à la "casser". Au point qu’il est légitime d’affirmer qu’elle a été victime de harcèlement moral (si les hommes savent se montrer très "forts" en matière de harcèlement sexuel, il faut convenir que les femmes savent très bien les égaler pour ce qui est du harcèlement moral... même s’il est vrai qu’il arrive, bien évidemment, que les rôles s’inversent !). Toujours est-il que madame Françoise Garnier a écrit une lettre au ministère afin de dénoncer ces pratiques odieuses et celà avant même cet événement si tragique du 11 août dernier. Espérons qu’elle ira jusqu’au bout de sa démarche afin d’obtenir la reconnaissance de cette si triste réalité devant les tribunaux. Cela ne lui rendra pas sa fille mais c’est une question de Justice. Et de défense de sa mémoire face à des gens qui n’ont pas d’état d’äme (ont-ils seulement une âme ?)

  • mhm, dans le monde ouvrier t’acceptes peut-être plus facilement la donne inégalitaire, le patron tu sais ce que c’est et tu peux toujours te demerder pour qu’il ferme sa gueule du moment que tu fais ton boulôt... dans l’éducation c’est peut-être plus compliqué si ta gueule ne revient pas aux inspecteurs, si t’as pas e style "locale" pour peu que tu sois parachuté dans une Mairie Front National etc... quoi qu’il en soit collatéral est excellent et c’est toujours du au pouvoir qui prends des formes démesurées et qui devient trop exigeant pour certaines personnes... mais on en a rien à foutre du suicide - en augmentation - c’est les possibilités de pouvoir qu’il faudrait modifier pour que des salariés ne se suicident plus au travail... c’est pas nouveau chez les instits...

    • Une immense tristesse pour Caroline Garnier et sa famille, une immense colère contre ce gouvernement et ses valets du MEN.

       Caroline a été licenciée sous le prétexte qu’elle n’était pas compétente alors qu’elle n’avait même pas été formée par le minsitère qui prétend la juger.

       Ce gouvernement n’a qu’un seul but : recruter le moins de fonctionnaires possibles, par les moyens suivants :
      1) dissuader les candidats de s’inscrire
      2) ne pas pourvoir tous les postes aux concours
      3) ne pas former les lauréats
      4) refuser la titularisation du plus grand nombre possible.

  • Dramatique individuellement et socialement !

    Les jeunes, surtout ceux des milieux populaires, ont besoin d’une école qui leur fournisse des solides repères dans ce monde si déstructurant et une solide formation de base les rendant aptes à une large palette de voies possibles pour s’orienter dans la vie professionnelle.

    A partir de là, on a besoin de former le mieux possible le plus grand nombre possible d’enseignants, de les aider, pas de tribunaux-couperets visant juste à réduire le nombre de profs à payer. Beaucoup de formation et de la patience, nom d’une pipe !

    Bien de ces donneurs de leçons et censeurs impitoyables seraient incapables de tenir une seule semaine, voire une seule heure dans bien des classes et se feraient lourdement "chahuter"... et vite "licencier" par leurs émules.