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A Berlin, les locataires en colère descendent dans la rue

par Courrier International

Publie le lundi 19 septembre 2011 par Courrier International - Open-Publishing

Les Berlinois se battent contre la hausse des loyers dans de nombreux arrondissements. Ils ont appelé le 3 septembre à une grande manifestation. Leur slogan : “Stop à la hausse des loyers pour qu’il reste de quoi vivre”. Les milliers de citoyens en colère – 6 000 selon les organisateurs, 2 500 selon la police – marquent-ils l’émergence d’un nouveau mouvement social berlinois ? Une chose est sûre, les raisons de la colère sont là : les loyers ont augmenté de 8 % depuis 2009, sans compter les hausses liées à la signature de nouveaux baux. Selon l’Office régional de la statistique, les Berlinois dépensent actuellement un tiers de leurs revenus pour le logement.

Le conflit avec les bailleurs n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est qu’il passe dans la sphère publique et prenne de l’ampleur dans les couches moyennes.

Ce mouvement de contestation est embarrassant. Car il met en évidence à quel point le maire, qui prétend “comprendre Berlin” [son slogan de campagne], est loin des préoccupations d’une partie croissante de ses administrés. “Pauvre, mais sexy” [slogan de Klaus Wowereit en 2001], c’est du passé. Aujourd’hui, c’est : si nous voulons l’essor de la ville, il faut accepter que les loyers grimpent.

Depuis des années, la gauche radicale dénonce la “gentrification”, le développement de la ville selon le seul critère du profitet l’expulsion des couches défavorisées. Mais jusqu’à présent elle n’avait guère trouvé d’écho hors de sa propre sphère. “Les choses sont en train d’évoluer”, explique une jeune étudiante impliquée dans l’action.

Les candidats n’y restent pas indifférents. S’il insiste sur le fait que 100 000 logements sont inoccupés dans la capitale, Klaus Wowereit concède que le problème des petites surfaces (studios et deux pièces) s’aggrave et qu’“il faut y remédier” ; “Protéger les locataires contre les méthodes du Far West”, affiche le Parti de gauche ; “Un logement abordable, c’est gérable”, assurent les Grünen. Le thème est devenu omniprésent.

“Il existe un réel potentiel”, explique Simon Teune, chercheur au Centre scientifique de Berlin (WZB), “pour que ce mouvement de contestation enfle. Au cœur du sujet : la politique de la ville. Le marché du logement est tendu, surtout pour les plus bas revenus. Les partis laissent dans une opacité totale le rôle dévolu aux couches inférieures. C’est ce qui explique que les initiatives misent sur la pression extraparlementaire.”

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