Accueil > Déclaration liminaire de la délégation CGT pour la reprise des négociations

Déclaration liminaire de la délégation CGT pour la reprise des négociations

par SNJ CGT

Publie le samedi 24 septembre 2011 par SNJ CGT - Open-Publishing

La signature d’un accord séparé applicable aux seuls journalistes est un non-sens pour
France télévisions et ses salariés. Le principal objectif de Patrice Papet était d’envoyer
un message à la tutelle. C’est fait ! C’était d’ailleurs son premier commentaire dans le
questionnaire à chaud, et dument préparé, qu’il livre juste après la signature de l’accord le 15
septembre... Grâce à cet accord, les journalistes de FTV sont les premiers de l’audiovisuel
public à ne plus être couverts entièrement par l’avenant à la CCNTJ. Si l’avenant continue à
s’appliquer partiellement, et ce uniquement jusqu’au 31 décembre, qui peut prétendre qu’il
s’agit là d’une victoire ?

Pour en arriver là, il aura fallu entériner un certain nombre de reculs sociaux majeurs.
D’abord dans la dynamique salariale. L’accord acte la fin des automatismes, principales garanties
collectives, remplacées par le salaire au mérite individuel à l’appréciation du chef de
service. Cet objectif énoncé de longue date par le rapport Martin Lalande ou les rapports de
l’IGF est donc atteint, au moins pour les journalistes.

Et ce n’est pas le comité de suivi des salaires a posteriori, scandaleusement mis sur la table
le jour même de la signature pour entraîner l’adhésion d’un syndicat qui n’aura pas su y résister,
qui fera illusion. L’idée même de réserver l’information sur les salaires et les carrières
à des syndicats signataires est contraire au droit. Ces informations sont évidemment dues à
tous les syndicats représentatifs dans le cadre des NAO !

L’accord entérine donc la fin des automatismes et l’individualisation salariale. M. Papet a
beau jeu de prétendre que personne n’y perdra. On imagine bien que l’effort consenti lors de
la transposition dans la nouvelle grille permettra de faire avaler la pilule à court terme, mais
ensuite... Sur le moyen terme ? Et pour les nouveaux entrants ?

Autre recul important : le chèque en blanc donné a la direction pour toutes les pratiques sauvages
sur le Web. Une formule évasive et hop, le tour est joué. Sans aucun cadre, ni aucune
négociation, le journaliste « homme orchestre » est rendu possible excluant de facto les
PTA, scandaleusement écartés des nouvelles pratiques sur le Web ! Le parti pris corporatiste
de M. Papet saute aux yeux !

Et enfin, l’individualisation salariale, la fin du paritarisme remplacé par le comité de suivi des
salaires, porte ouvertes à toutes les polyvalences journalistiques. Cela n’empêche pas certains
syndicats de vibrer en stéréo avec la direction sur "un accord historique", "fruit d’un
travail d’exception", "tremplin pour la suite des négociations", etc. Quelle naïveté !

Cette négociation
en vase clos, littéralement consanguine, sans information ni débat avec les salariés,
sans même leur demander leur avis à aucun moment, c’est précisément tout le
contraire de ce qu’il aurait fallu faire !

Mais la dure réalité ne tardera pas à faire surface quand peu à peu les salariés vont mesurer
les conséquences de ces signatures hâtives. Pour l’heure, les négociations redémarrent aujourd’hui
sur leurs pieds, avec l’ensemble des parties. La CGT s’y impliquera de toutes ses
forces et ne manquera pas d’informer pas à pas les salariés de ce qui s’y passe. Notre volonté
est de construire socialement l’entreprise unique en dépassant les clivages corporatistes.

Paris, le 22 septembre 2011