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Le Bagnolo-Trophée 2011 est attribué à la ville de Paris

par Carfree France

Publie le jeudi 20 octobre 2011 par Carfree France - Open-Publishing
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Après Toulon en 2009 et Marseille en 2010, Carfree France décerne son bagnolo-trophée 2011 à la ville de Paris qui, au travers de la mise en place d’Autolib, prétend faire diminuer le trafic automobile en ajoutant 3.000 voitures à la circulation parisienne !

Après le Vélib, Autolib, avant la mise en place prochaine d’Hummerlib ? En surfant sur l’image écolo du Vélib, la mairie de Paris met en place un service coûteux de location de voitures qui n’a rien à voir avec de l’autopartage. Les véhicules en location, des Blue Car réalisés par le milliardaire passionné d’Afrique Vincent Bolloré, sont « en trace directe » : autrement dit, il est possible de déposer le véhicule dans une station différente de celle de départ. Conséquence, un « jockey » ramène la voiture à la station de départ et… repart en métro à sa station d’affectation ! Le projet ne risque donc pas de désengorger ni les rues ni les transports en commun souvent saturés qui auraient besoin, eux, de plus de financements !

Car le projet Autolib va coûter très cher aux collectivités locales et donc aux contribuables, et les financements publics ne sont pas extensibles à l’infini. Ce qui ira à Autolib n’ira pas aux transports collectifs !

Selon le contrat signé par Bolloré, chaque commune de l’agglomération parisienne s’engage à subventionner à hauteur de 50.000 euros chacune des 1.120 stations Autolib qui doivent être mise en place dans l’agglomération parisienne. Pour la seule ville de Paris, cela représente déjà 25 millions d’euros pour les seules stations ! La région Ile-de-France met aussi la main à la poche, il est vrai qu’elle n’a aucune infrastructure de transports collectifs à financer… Et ce n’est pas fini…

Dans le contrat, Bolloré prendra en charge le déficit prévisible de l’opération, jusqu’à 60 millions d’euros par an. Si le déficit est supérieur, qui paiera ? Le contribuable, bien entendu !

Pour le reste, Autolib est une vaste opération de promotion pour la Blue Car de Bolloré, il le dit d’ailleurs lui-même dans ses interviews, son intention n’est pas de faire du bénéfice, mais d’exploiter commercialement l’image internationale de Paris associée à ses véhicules. Et si déficit il y a, les parisiens paieront.

Et déficit, il y aura très probablement. Selon Bolloré, la rentabilité financière de l’opération sera atteinte avec 80.000 abonnés. Les élus franciliens d’Europe Ecologie parlent quant à eux de 200.000 abonnés nécessaires… Dans les deux cas, l’opération est très mal engagée. Car si on imagine un instant que Bolloré atteigne ses objectifs, cela représente alors une voiture pour 27 abonnés (ou 1 voiture pour 67 abonnés selon les chiffres d’EELV). Le système risque de s’enrayer rapidement quand les mêmes abonnés voudront accéder aux mêmes voitures au même moment…

Autrement dit, comme dans le cas de Vélib, le service ne conviendra pas aux utilisateurs qui ont absolument besoin d’un mode de déplacement à un moment donné. Le manque de fiabilité sera rédhibitoire. Pour les utilisateurs occasionnels, Autolib peut être intéressant, comme Vélib d’ailleurs, mais alors le projet montre toute son incohérence.

Car la véritable cible d’Autolib, ce ne sont pas les parisiens possédant une voiture, qui ne vont pas massivement vendre leur voiture du jour au lendemain pour un système aléatoire qui ne pourra jamais leur garantir la disponibilité d’une voiture, mais les 50% de parisiens ne possédant pas de voiture et se déplaçant en transports en commun, à vélo ou à pied !

Le parisien qui a déjà une voiture et l’utilise tous les jours pour aller travailler en banlieue ne va pas la vendre pour dépendre d’un système Autolib qui ne pourra jamais lui assurer la disponibilité permanente d’une voiture. Par contre, le parisien sans voiture qui veut par exemple aller au musée ou au cinéma pourra effectivement être intéressé par une voiture Autolib, au lieu de prendre les transports en commun ou le vélo !

Où est le bénéfice écologique et économique d’une telle opération ? On voit bien que derrière l’opération Autolib, le véritable objectif est de fournir une voiture à ceux qui s’en passaient jusqu’à présent ! Et le plus scandaleux, c’est que l’ensemble de l’opération se veut « verte », « citoyenne », « respectueuse de la planète », etc. sous prétexte que la Blue Car est une voiture électrique, ou plutôt nucléaire…

Et même probablement pire que ça… Le temps de rechargement des batteries (4 heures) s’effectuera notamment en fin de journée durant les pics de consommation, encourageant le recours à l’énergie nucléaire, à la production de centrales thermiques très polluantes et à l’importation d’électricité. Ce n’est donc pas non plus un mode de déplacement écologique.

Et le reste est à l’avenant : construction de parkinglib souterrains dans toute la capitale, pillage du lithium pour construire les batteries, des coûts à réévaluer quand les premiers actes de vandalisme vont apparaître (Cf Vélib), accidents nombreux à prévoir qui augmenteront les coûts et diminueront encore plus la disponibilité des véhicules et, cerise sur le gâteau, exploitation forcenée et généralisée de la main d’œuvre.

Car, à vrai dire, le seul point positif qu’on aurait pu voir avec la mise en place d’Autolib, c’est la création de centaines d’emplois pour accueillir les automobilistes, transporter les voitures, etc. Problème, voici les conditions de travail proposées pour les forçats d’Autolib : payé au Smic horaire, 4 euros le panier repas, 10% de plus pour travail de nuit, pas de 13ème mois, pas de prime de participation aux bénéfices, etc. Vive l’électro-mobilité !

Pour toutes ces raisons, Carfree France décerne donc son Bagnolo-Trophée 2011 à la ville de Paris et, en particulier, à son maire Bertrand Delanoë, pour faire de Paris la ville de la bagnole.

Source : http://carfree.free.fr/index.php/2011/10/20/le-bagnolo-trophee-2011-est-attribue-a-la-ville-de-paris/

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