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USA/MF Global : une onde de choc bien loin du séisme Lehman

par New York

Publie le mardi 1er novembre 2011 par New York - Open-Publishing

Le dépôt de bilan du courtier MF Global, tout en semant la pagaille dans les échanges de matières premières, a été accueilli avec un relatif flegme sur les marchés, loin de l’onde du séisme qu’avait provoqué il y a trois ans la chute de la banque Lehman Brothers.

Aussitôt lancée la faillite de la société, l’un des premiers courtiers en produits dérivés dans le monde, les plateformes d’échanges lui ont retiré le droit de procéder à toute transaction.

Résultat : les comptes des clients de MF Global ont été immédiatement gelés. Ses courtiers ont vu leurs ordinateurs et leur accès aux salles de marchés bloqués. D’autres opérateurs, qui faisaient appel aux services de compensation de la firme, ont dû rentrer chez eux, l’entreprise n’étant plus en mesure d’enregistrer leurs ordres, a rapporté le Wall Street Journal.

Sur les plateformes du CME, géant des produits dérivés qui regroupe les marchés de l’énergie à New York, agricoles et obligataire à Chicago, le volume des échanges physiques a été presque deux fois plus faible lundi que vendredi.

8E PLUS GROSSE FAILLITE DEPUIS 1980

Mais si la chute de MF Global, qui représente la huitième plus grosse faillite enregistrée aux Etats-Unis depuis 1980, a semé le trouble dans les milieux financiers, elle n’a eu qu’un impact limité sur les marchés, bien plus secoués par l’annonce d’un référendum en Grèce sur le plan européen.

"MF Global ne présente clairement pas de risque systémique, mais le fait de voir que trois ans après la faillite de Lehman, il reste des zones d’ombre dans le système financier fait un peu peur", reconnaît une source dans la salle de marché new-yorkaise d’une grande banque européenne.

"On n’avait pas vu venir Dexia", la banque franco-belge démantelée en octobre, "et là on n’avait pas vu venir MF Global", poursuit cette personne ayant requis l’anonymat. "C’est une énième démonstration qu’on ne sait pas où est le risque, on ne sait pas quel est le maillon faible. La crainte d’un effet domino commence à circuler sur les marchés".

LEHMAN DANS TOUS LES ESPRITS

Même si la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 vient à tous les esprits, les deux sociétés ne présentent pas la même envergure, ni la même variété d’activités. Les actifs de MF Global sont estimé à 41 milliards de dollars, contre 691 milliards pour Lehman au moment de son effondrement.

Les régulateurs de marchés américains, la SEC et la CFTC, ont assuré lundi avoir suivi de près l’évolution de la situation du courtier new-yorkais et jugé qu’un dépôt de bilan était l’option "la plus sûre et la plus prudente".

"Heureusement, MF est une grosse société, mais pas trop grosse, elle ne présente donc pas les mêmes niveaux d’interactions que si on avait un problème à Goldman Sachs ou Bank of America", estime James Angel, professeur de finance à l’université de Georgetown.

Pour autant, selon l’expert, "la question de la contagion se pose".

"La question, quand on pense aux énormes pertes causées par une faillite, c’est de savoir qui sont les créanciers qui vont le plus souffrir. Je pense que tout le monde dans les salles de marché essaye de le savoir", explique-t-il.

VALEURS BANCAIRES EN RECUL

Selon le dossier du dépôt de bilan, les plus importants créanciers de MF Global sont JPMorgan Chase et Deutsche Bank, mais ils agissent au nom d’autres établissements financiers et il est donc difficile de savoir qui détient quoi dans la dette.

Pour James Angel, la faillite du courtier rappelle aussi les risques que fait peser la crise européenne sur le système financier de la planète.

Les valeurs bancaires chutaient mardi à Wall Street, notamment Morgan Stanley, la banque réputée la plus exposée à la dette publique de la zone euro, mais aussi le groupe de services financiers Jefferies, qui a assuré mardi qu’il n’avait "pas d’exposition significative à la dette souveraine du Portugal, de l’Italie, de l’Irlande, de la Grèce et de l’Espagne", au lendemain d’un plongeon de plus de 10% de son action.

http://www.romandie.com/news/n/USAMF_Global_une_onde_de_choc_bien_loin_du_seisme_Lehman011120111811.asp