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Une chance qu’il y ait la juge Forleo

Publie le jeudi 27 janvier 2005 par Open-Publishing
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Une chance qu’il y ait la juge Forleo

de Piero Sansonetti

Nous devons remercier la juge Clementina Forleo. Elle croit que le droit est fondé sur les lois et non sur la rhétorique politique et sur la haine xénophobe.
Elle croit que l’on peut juger un islamiste comme un chrétien et évaluer ses responsabilités et ses actions (et ses droits) sur la base des lois nationales et internationales. Maintenant, la juge Forleo est sous le feu d’une attaque politique féroce dirigée par Alliance Nationale, la Ligue et par les centristes
de l’Union des démocrates chrétiens...

La juge Forleo est considérée coupable d’avoir acquitté des Arabes inculpés de terrorisme, après avoir vérifié que leurs actions n’étaient pas qualifiables de terroristes mais de soutien à la guérilla et à la lutte armée dans leur pays. Elle a dit que le terrorisme et la lutte armée ne sont pas la même chose et que les inculpés oeuvraient pour frapper des objectifs militaires et non civils. Et donc qu’ils exerçaient un droit.

Contre Madame Forleo se sont déchaînés le vice-président du Conseil Gianfranco Fini, le ministre de la Justice Castelli, l’autre ministre de la Ligue Calderoli et puis même le président de la Chambre des Députés Pierferdinando Casini (et beaucoup d’autres représentants du centre-droit).

Ils disent que la décision de la juge "est incroyable", ils disent éprouver "de la colère pour une sentence qui met sur le même plan les victimes et les bourreaux", ils disent que ça leur donne envie de vomir (Calderoli).

La question : la juge a prononcé la sentence sur la base de l’alinéa 2 de l’article 18 de la Convention Onu sur le terrorisme, qui prévoit une distinction entre des actions terroristes et des actions de guerre mises en œuvre par des groupes armés et par différents mouvements des forces armées d’un Etat. Ces actions armées ne peuvent pas être poursuivies en tant que terrorisme. En substance, l’ONU reconnaît le droit à la résistance armée, par exemple, d’un pays envahi par des forces étrangères. C’est sans doute le cas de l’Irak. Le président de la Chambre des Députés, Casini, a dit que s’il existe un problème de législation à changer, alors il faut toucher à la législation.

Que veut-il dire ? En quelques mots, il veut dire que si la loi impose l’acquittement des guérilléros arabes, la loi doit être changée. Un concept - préilluministe - qui a été mieux expliqué hier, dans un article du "Corriere della Sera", par Piero Ostellino, qui a souhaité l’introduction, en Italie aussi, d’un "patriot act". Qu’est ce que c’est le "patriot act" ? Il s’agit de cette loi spéciale approuvée aux Etats-Unis après le 11 septembre qui suspend l’Etat de droit en augmentant d’un façon démesurée les pouvoirs de la police et des services secrets et en mettant en demeure le garantisme et les droits civils des individus. S’agit-il du nouvel horizon libéral ?

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

http://www.liberazione.it/giornale/050126/pezzo4.asp

Messages

  • Cette haine des nantis, ce mépris qu’ils ont pour le peuple, ça donne envie de pleurer de rage, de vomir mais aussi, heureusement, de se révolter et de dire NON à ce monde que le pouvoir de l’argent mène au suicide, de lutter pour pouvoir le changer.
    Il n’y a pas de choc des civilisations ; il y a la lutte très ancienne des possédants contre les pauvres, pour mieux les exploiter, sous le prétexte de leur religion, de leur nationalité, de leur couleur. Tout ce qui tente de s’opposer au règne de la finance est un terroriste. Et le summum est de pouvoir susciter une guerre des pauvres contre les pauvres en exacerbant leur différence.