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Enseignant(e)s : Vous n’êtes pas là pour réfléchir, vous êtes là pour obéir

par Jean Rumain

Publie le mercredi 16 novembre 2011 par Jean Rumain - Open-Publishing
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A Blois, à Romorantin et à Vendôme, une centaine d’enseignants ont exprimé hier soir souffrance et colère dans l’exercice de leur métier. Une première.

Une quinzaine à Vendôme, une trentaine à Romorantin, une quarantaine à Blois : sous les fenêtres des inspections départementales et d’académie hier soir, des enseignants se sont rassemblés pour dire leur souffrance et leur colère.

« Ras-le-bol, sensation d’étouffement, fatigue accrue », souligne la FSU qui plante le décor des « évolutions redoutables et inquiétantes qui affectent le service public d’éducation ».

“ L’ordre ou la sanction ”

A Blois, « Je suis écœurée, lâche Claudine Jacquot, directrice de l’école de Pouillé, ça fait 35 ans que je suis dans ce métier, mais aujourd’hui, ce boulot, ce n’est plus celui que j’ai choisi. Il y a deux ans, on m’a dit “ Vous n’êtes pas là pour réfléchir, vous êtes là pour obéir. ” C’est comme ça que ça fonctionne maintenant, l’ordre, ou la sanction. La pression administrative est énorme, tout est fait pour diviser les équipes. Jusqu’aux primes pour les évaluations ! »

“ La souffrance monte ”

A Romorantin, Sylvie Hemme, enseignante en maternelle à l’école des Tuileries, explique : « Quand j’ai voulu devenir enseignante, je voulais faire enseignante, pas policier ni assistante sociale. » Elle travaille aujourd’hui avec « 29 élèves dans une classe à double niveau après une fermeture ». Pas simple. Mais Sylvie Hemme, syndiquée et mobilisée auprès des écoliers au parcours scolaire difficile, dresse un autre constat : « C’est la première fois que je me retrouve avec autant d’enfants en difficulté ». « On nous demande “ Est-ce que vous avez rempli le formulaire machin ? ” Mais qui est-ce qui parle aux parents ? », s’interroge celle qui se retrouve confrontée au manque de moyens humains. « La souffrance est là. Elle monte. On nous dit que le niveau en France baisse. Nous, on sait ce qu’il faudrait faire, on est des professionnels. »

“ Situation anxiogène ”

A Vendôme, Laurence Souriau-Ménard, enseignante en Rased (*) témoigne : « On ne travaille plus en toute sérénité : avoir 10 enfants en difficulté et être obligé d’en choisir 4, ce n’est pas satisfaisant, on ne devrait pas avoir à choisir, c’est nier les difficultés des enfants. Un mal-être s’installe de plus en plus dans la profession. On se demande pourquoi on doit choisir et pourquoi les enfants n’ont pas cette égalité. On se sent impuissant et cette situation est anxiogène. »

(*) Réseau d’aide spécialisée aux élèves en difficulté.

(Source : la nouvellerepublique.fr)

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