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La République contre son École

par Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi

Publie le lundi 5 décembre 2011 par Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi - Open-Publishing
4 commentaires

« La mise à mort de l’école laïque est désormais enclenchée. Cet essai se veut un complément utile [au livre Main basse sur l’école publique] pour démontrer et décrypter le rôle joué […] par le recours de plus en plus fréquent à l’enseignement privé sous contrat, essentiellement confessionnel et à 96 % catholique », écrivent Eddy Khaldi, enseignant et militant syndicaliste et associatif et Muriel Fitoussi, journaliste spécialisée dans les sujets de politique et de société, dans le livre « La République contre son école » (1).

« L’enseignement privé sous contrat, par son mode de gestion entrepreneurial, sa logique contractuelle, ses pratiques de recrutement des élèves et des personnels, se prête complaisamment, en réalité, à un rôle de support expérimental, véritable catalyseur d’une privatisation en marche du service public d’éducation. Opération menée par l’État, qui a pourtant l’obligation constitutionnelle de l’organiser », déplorent les auteurs.

« DÉSENGAGEMENT PROGRAMMÉ » DE L’ÉTAT

« Luc Chatel, à qui est aujourd’hui confiée la charge de ce désengagement programmé, ose, sans vergogne, à l’occasion de l’une de ses désormais rituelles visites de rentrée dont il réserve le privilège à des établissements confessionnels, développer ce nouvel évangile : ’On me dit que ça va tellement mal dans l’enseignement public que les Français seraient une majorité à mettre leurs enfants dans le privé. Je réponds que l’enseignement privé sous contrat fait partie du service public…’ » (AEF n°155471), rapportent les deux auteurs.

« Le ministre de l’Éducation n’est-il pas le premier responsable de cette présupposée débacle ? Ce constat iconoclaste, hors de toute mesure, interroge : cynisme incroyable ? Maladresse, peut-être calculée ? Quoi qu’il en soit, Luc Chatel résume et révèle ici avec limpidité, en deux petites phrases, la stratégie d’ensemble et les intentions actuelles de son ministère. Dans cet aveu, se lit, non plus entre les lignes mais dans le texte même, ce désengagement actuel de l’État envers son service public d’éducation et l’instrumentalisation libérale à laquelle participe l’enseignement catholique. »

« MISE EN ŒUVRE DES GRANDS PRINCIPES RÉPUBLICAINS »

Dans leur conclusion, Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi adressent un message à l’opposition : « La gauche, elle, ne saurait continuer, à moins d’abandonner les principes qui la fondent, à faire de l’électoralisme à courte vue et à ne pas voir, cachée derrière ce débat Public-privé, la privatisation rampante dans laquelle est en train de sombrer l’Éducation nationale, ni les risques encourus pour la laïcité de l’école et de la République. »

« L’opposition a le devoir d’accomplir ce que l’on attend d’elle, à savoir, la mise en œuvre des grands principes républicains qui ont pour horizon une réelle égalité, et l’unification de la culture commune par la laïcité. Cette valeur universelle, et si fondamentale, destinée à intégrer toutes les diversités, par l’accès qu’elle rend possible, pour chaque citoyen en devenir, appréhendé comme libre et autonome, au développement et l’épanouissement individuel. Mais aussi, l’une n’étant pas exclusive de l’autre, par une meilleure préparation, à l’insertion dans le monde du travail. Avant que d’aborder le ’quoi’ et le ’comment’ enseigner, le politique a le devoir de s’interroger d’abord, sur le ’pourquoi enseigner’, qui s’impose à la base d’un authentique débat citoyen sur l’éducation. »

SUPPRIMER LE FINANCEMENT PUBLIC DE L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ

« L’autre enjeu majeur actuel, pour le futur du vivre ensemble républicain, porte sur les conséquences d’une ’laïcité positive’ qui dans les faits, tente d’aider la religion catholique à revenir dans l’espace institutionnel commun par le truchement du système éducatif », estiment Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi. « Or, la laïcité est bel et bien consubstantielle à l’idée d’État républicain. La séparation de l’État et de la religion, avec toutes les conséquences que ce principe imprescriptible implique sur les institutions, doit être préservée, et de façon plus impérieuse encore, qu’il s’agit ici d’éducation. L’on ne saurait tolérer une laïcité qui deviendrait ’positive’ pour le seul enseignement catholique et dans le même temps ’répressive’, pour la visibilité d’autres religions. »

« Dans les années qui viennent le devenir de l’école est en jeu. C’est aujourd’hui et maintenant, que l’école est l’enjeu d’un débat entre une conception républicaine de l’égalité des citoyens par la voie de l’universalité laïque, et une conception marchande issue de l’idéologie de la concurrence économique », affirment les deux auteurs. Aussi selon eux, puisque « les établissements d’enseignement privés épousent et incarnent, de par leur nature, une vision purement économique. C’est leur raison d’être, leur finalité. IIs souhaitent s’émanciper de la tutelle de l’État. Dès lors, il convient, par la suppression de leur financement public, de leur rendre cette ’liberté’. »

(1) « La République contre son école », Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi, éditions Demopolis, 2011, 336 pages - 21 euros. ISBN : 978-2-35457-034-7

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Messages

  • Il faudra fermer toutes ces écoles gérées par des religions. Alain 04

    • Il faut evidemment dénoncer sans relâche l’abandon des principes républicains à l’école, la mise en cause du statut de la fonction publique, et les campagnes de dénigrement des enseignants du public menées par la droite comme par la "gauche" depuis plus de 20 ans.

      Alors justement, méfiance vis-à vis de l’auteur, "Eddy Khaldi, enseignant et militant syndicaliste".

      Syndicaliste, oui, mais à l’UNSA, le syndicat jaune de l’EN.

    • Arrêtez de coller des étiquettes sur les militants en fonction des appartenances syndicales !
      Eddy Khaldi a participé et participe à tous les combats laïques, c’est une réalité...
      Il est à l’UNSA et alors ?
      Voici ce que j’ai écrit sur son livre que j’ai lu

      L’argent public coule à flot dans les caisses du privé !

      Le nouvel ouvrage d’Eddy Khaldi et de Muriel Fitoussi est à la fois accessible à tout public intéressé par la question traitée et à la fois complet et dense.
      Aucun aspect n’est oublié et les documents de référence sur lesquels s’appuient les deux auteurs ne laissent aucun doute.
      La Droite permet à l’Église catholique qui structure son réseau parallèle à siphonner les caisses de l’État et des collectivités territoriales, parfois en toute illégalité.
      Quant à la Gauche, elle continue, au nom de la paix scolaire à faire des concessions à une école privée qui, elle, n’a jamais enterré la hache de guerre.
      Il lui faut toujours plus et tout de suite !
      La loi Carle votée par la majorité parlementaire aux ordres contraint les communes à financer les écoles privées des communes environnantes...Les municipalités sont ainsi obligées à financer directement une école concurrente à celle publique qu’elles ont fait ouvrir et qu’elles entretiennent !
      Aujourd’hui, alors que la loi Debré ne reconnaissait que les relations entre l’État et les établissements scolaires privés sous contrat, l’État et ceci depuis les accords Lang – Cloupet (1992-1993) arrive à négocier directement avec la hiérarchie catholique...Merci à Lang qui depuis se prend pour un chantre de la laïcité !

      Le 4 août 2011, la Fondation pour l’école, officine cléricale, classée d’utilité publique obtient du ministère de l’intérieur, la capacité d’abriter des fondations en son sein.
      C’est une provocation contre la République que de choisir la date anniversaire de l’abolition des privilèges ( nuit du 4 août 1789) pour attribuer à l’Église et à sa hiérarchie un privilège exorbitant !?
      « La Fondation pour l’école devient une des rares fondations françaises capables de proposer aux grands bienfaiteurs (particuliers et entreprises) de créer une fondation sous égide dans le domaine de l’éducation. »
      Les intégristes comme « les Chrétiens de la Cité » ne se sont pas laissés prier, ils ont appelé sur leur site, les « chrétiens » à échapper à l’ISF en indiquant l’adresse des troncs ...Oh pardon des fondations, à remplir !?
      La défiscalisation des dons s’élève à 75% des assujettis à l’ISF jusqu’à 50 000 € par an....
      La reconnaissance d’utilité publique est illégale mais la droite n’en a cure !?
      Rappelons pour mémoire la loi :
      « L’établissement sollicitant sa reconnaissance d’utilité publique doit poursuivre un but d’intérêt général, non contraire à la loi et n’empiétant pas sur les compétences normalement dévolues à la puissance publique »....
      Cette défiscalisation constitue une subvention publique de plus, en marge de la loi.
      Ce livre donne des clés pour comprendre les enjeux de l’offensive cléricale et appelle explicitement à une mobilisation pour la défense de l’école laïque, celle , seule qui est garante du vivre ensemble dès le plus jeune âge.
      Le principe simple et fondamental : « A école publique, fonds publics ; à école privée, fonds privés » est d’une actualité brûlante.

      Jean-François Chalot

    • L UNSA a l’ EN est un des DEUX (avec le SGEN CFDT) syndicats jaunes. Cest le syndicat majoritaire des ptits chefs d’etablissements. Faudrait pas le dire ?