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Looking for Nicolas Sarkozy (video)

par arnold

Publie le vendredi 23 décembre 2011 par arnold - Open-Publishing
4 commentaires

Ce documentaire fait couler beaucoup d’encre depuis sa diffusion mercredi soir.
Pour ceux qui l’auraient raté, c’est ici :

Ce documentaire a tout d’abord fait sortir de ses gonds Nadine Morano. Dès hier soir, la ministre se lâchait sur Twitter : « C’est une émission à charge » ajoutant quelques minutes après : « c’était grotesque de caricature ! »

« Durant 1 h 30 de propagande anti-Sarkozy, ces petits procureurs néostaliniens n’ont eu de cesse que de critiquer, dénigrer et ridiculiser le chef de l’État » : Lionnel Luca député UMP des Alpes-Maritimes. Selon lui, les journalistes sélectionnés n’ont eu de cesse « de critiquer, dénigrer et ridiculiser le chef de l’État », et Looking for Nicolas Sarkozy s’apparente à un « documentaire-réquisitoire ». Lionnel Luca évoque « des journalistes étrangers soigneusement choisis (dont un russe et un chinois sûrement moins bavards chez eux !) qui rappelle les grandes heures de la télévision soviétique ». Pour le député des Alpes-Maritimes, «  Arte se déshonore avec une émission à sens unique qui restera un grand moment dérisoire de désinformation ».

Ah ça énerve l’Union des Mafieux Présidentielle !

Looking for Nicolas Sarkozy
Par Jean-Marie Durand, Les Inrocks

Dix-huit correspondants étrangers interrogés par William Karel dressent le bilan catastrophique de Sarkozy. Un regard décentré qui éclaire les échecs du Président.
L’exégèse de la gestuelle et du verbe présidentiels reste l’apanage de quelques journalistes dont la proximité avec le pouvoir n’est plus à démontrer. Leurs subtiles analyses butent souvent sur cette familiarité trop appuyée avec les gens de Cour. En France, où le système médiatique s’adapte à merveille aux règles de la monarchie républicaine (la seule à choisir par exemple les journalistes qui viennent interroger le souverain dans son palais), Nicolas Sarkozy a poussé très loin le vice de la connivence entre médias et politiques.

Un Président moins magnétique que médiatique

Jusqu’à la nausée, les éditorialistes les plus écoutés de France ont ainsi longtemps servi la soupe à Nicolas Sarkozy. Peut-être aurait-il suffi de décaler le regard, d’écouter des voix parallèles pour saisir plus honnêtement le cirque d’un Président moins magnétique que médiatique. C’est le pari que fait William Karel dans Looking for Nicolas Sarkozy : donner la parole à dix-huit journalistes étrangers en poste à Paris pour, à travers leurs avis à la fois distanciés et informés, livrer un diagnostic complet et argumenté du mandat du président.
Le documentariste, fidèle à son modèle narratif fondé sur l’accumulation de voix multiples nourrissant sa thèse, emprunte à Montesquieu (Les Lettres persanes) le principe de l’extraterritorialité comme mode d’approche sensible et de révélation de vérités étouffées. Le "regard éloigné", comme le défendait Claude Lévi-Strauss, rapproche du vrai. Des journalistes anglais, américains, allemands, en passant par des correspondants belge, suisse, israélien, russe ou italien, le foisonnement des voix étrangères forme curieusement un ensemble cohérent : en dépit d’une gradation dans le fiel exprimé par les uns et les autres, tous s’accordent, depuis leur poste d’observation, sur l’évidence d’un échec politique.
La petite musique différente qui résonne ici ne tient pas seulement au léger accent de leur français impeccable qui ne dérangera que Patrick Besson, mais aussi et surtout à la sévérité d’un constat partagé sur les dérives du Président. Si, comme leurs homologues français, les correspondants ont succombé au piège de la séduction tendu par le candidat de l’UMP en 2007, tous ont vite mesuré ses limites.
La première d’entre elles tient au désintérêt, voire au mépris, que le chef de l’État exprime pour la presse étrangère. Absente de son dispositif de communication, elle ne compte pas pour lui, ce qui d’un strict point de vue stratégique semble une erreur incompréhensible (les articles dans la presse mondiale ne lui ont jamais été très favorables). Mais, par-delà cette marque de dédain, identifiée avec résignation, l’analyse des correspondants étrangers s’attarde surtout sur les impasses politiques de Sarkozy et sur sa radicalisation droitière depuis le discours de Grenoble à propos des Roms (une "dégueulasserie" selon le journaliste suisse Jean-Pierre Schaller).

Sans apporter de révélations fracassantes, l’effet de démonstration qui transpire au fil des témoignages tire sa force d’un léger écart avec son objet d’observation : à la fois proches et éloignés du pouvoir, les correspondants étrangers en saisissent d’autant mieux les travers et les revers.

http://www.lesinrocks.com/medias/numerique-article/t/74171/date/2011-12-21/article/miroirs-du-prince/


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