Accueil > BOUYGUES VS LE CANARD : IL VA Y AVOIR DU SPORT

BOUYGUES VS LE CANARD : IL VA Y AVOIR DU SPORT

par provola

Publie le samedi 31 décembre 2011 par provola - Open-Publishing
2 commentaires

Qui du compacteur ou du canard court le plus vite ? Nous allons le savoir car s’engage une bataille juridique entre Goliath et David entre le grand méchant loup et le petit chaperon rouge, entre le maçon et sa truelle et le vilain canard.

Accusé par le Canard enchaîné d’avoir bénéficié de passe-droits pour l’obtention du contrat de construction du nouveau centre des armées à Paris, Bouygues contre-attaque et demande en dommages et intérêts 9 millions d’euros au journal pour diffamation et atteinte à l’image de marque du constructeur.

Le Canard enchaîné avait révélé qu’une information judiciaire pour corruption et trafic d’influence avait été ouverte en février 2011 pour examiner d’éventuelles malversations lors de l’attribution au géant Bouygues du chantier du futur "Pentagone" à la française, le nouveau siège du ministère de la Défense, dans le quartier Balard à Paris. Un haut dirigeant de Bouygues se serait vu confier le cahier des charges des installations avant ses concurrents par un responsable du Ministère de la Défense. Cela aurait permis à Bouygues de présenter un dossier mieux ficelé et finalement décrocher ce fameux contrat d’un montant de 2.7 milliards d’euros à 4 milliards d’euros en fonction des fourchettes utilisées, fourchette basse 2.7 milliards, fourchette haute 4 milliards, quand je vous disais que les fourchettes coutent de plus en plus cher dans ce pays. A ce prix mieux vaut manger de ses propres mains.

Toujours est-il que l’Etat qui n’a pas un sou a décidé de lancer une opération qui ne lui coute rien... pour le moment, jusqu’en 2014, date de livraison des bâtiments, alors il s’agira de rembourser Bouygues sur ...27 ans, à raison de 100 à 150 millions d’euros par an. Quand on voit à quel point Bouygues a pulvérisé le devis initial de l’EPR de Flamanville on peut s’attendre à ce que la formule des plus -values soit également appliquée pour ce grand ministère, totalement inutile en temps de crise, et aussi en temps normal. On peut encore ajouter qu’aucune consultation publique n’a bien sur été engagée pour connaitre le sentiment des citoyens sur cette opération "faraocomique" totalement dénuée de sens. Visiblement les dépenses somptuaires bénéficiant aux proches du roi ne sont pas concernées par les restrictions budgétaires.

Un bref historique de ce qu’on peut appeler "la méthode Bouygues" nous permet de comprendre les connivences existant entre pouvoir économique et pouvoir politique qui sont à la base du fulgurant succès du maçon auvergnat :

Les Chevaux de Marly sont-ils la propriété du groupe Bouygues ? Ils trônent sur la devanture de la façade du monumental siège de Bouygues à Saint Quentin en Yvelines. Avisez-vous d’en faire une photo sans l’autorisation de son propriétaire, vous vous ferez plumer comme un vilain canard que vous êtes. Le propriétaire ? Le groupe Bouygues. Vous ne rêvez pas, ce sont bien les Chevaux de Marly de Guillaume Coustou qui dominent l’entrée du siège Bouygues à St Quentin en Yvelines, ces Chevaux qui appartiennent à l’Etat et se retrouvent placardés comme de vulgaires effigies d’un flagrant délit. Si vous tirez le portrait des Chevaux aux Champs Elysées, vous êtes le bienvenu, si vous prenez une photo des mêmes Chevaux chez Bouygues, le proprio peut vous demander des dommages et intérêts alors que vous ne prenez que ce qui vous appartient.

En 1985, l’Etat décide de protéger les Chevaux de Marly placés tout au bas des Champs-Elysées car ils ont été sculptés dans une pierre fragile en proie à la pollution et aux intempéries. L’idée du Louvre est de rentrer les originaux au Musée et d’en faire des copies en béton pour les mettre à la place des vrais. L’équipe des mouleurs du Louvre réalise le moulage et la société de préfabrication EPI, filiale de Bouygues à l’époque, se charge de couler les copies en béton. Francis Bouygues qui lance la construction de son nouveau siège demande alors à Mitterrand l’autorisation de couler une copie supplémentaire pour son siège qui ressemble à une espèce de Palais de Versailles comme la basilique de Yamoussoukro ressemble de loin à la basilique Saint Pierre de Rome. Bouygues le mégalo de première a le moule, de nouvelles copies en béton ne lui coûtent rien, il a l’impression de dominer le monde chaque fois qu’il rentre chez lui. Cette affaire nous rapproche de l’affaire du Ministère de la Défense, nous sommes aux marges de la légalité, ou même éthiquement hors la loi.

Bouygues avait alors l’assentiment du Président de la République mais au nom de quel droit divin ?

Deux ans plus tard, Bouygues obtient de pouvoir racheter TF1, officiellement pour avoir présenté la meilleure offre culturelle, on nage en plein délire étant donnée la dérive commerciale de la première chaîne dirigée par Patrick Le Lay. En 1994, avant que ne se termine le règne de Mittérand, Bouygues obtient la troisième licence de téléphonie mobile, profitant de parts de marché stables et donc d’une rentabilité assurée. Bouygues télécom devient le pourvoyeur de bénéfices du groupe (450 millions d’euros de résultat net en 2010).
Comme un fait exprès, il n’y aura pas de quatrième opérateur avant ... 2012.

Présidents de gauche comme de droite, la romance continue, Martin Bouygues fils de Francis est le parrain du fiston Sarkozy.

Messages