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Raffinerie Petroplus de Petit-Couronne .« Nous ne mourrons pas en silence »

par l’humanité + communiqué FSPBA via GIDEHEM

Publie le vendredi 6 janvier 2012 par l’humanité + communiqué FSPBA via GIDEHEM - Open-Publishing

« Nous ne mourrons pas en silence »

La procédure de mise à l’arrêt « temporaire » de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne a commencé hier. Déterminés, les salariés réclament l’arrivée d’un « industriel sérieux ».

Àcourt de liquidités, le groupe suisse Petroplus, premier raffineur indépendant d’Europe, ne peut plus approvisionner ses raffineries en pétrole brut. Les banques lui ont refusé un crédit de 1milliard de dollars. Résultat : la direction a annoncé le 27 décembre la mise à l’arrêt de trois raffineries sur les cinq que possède le groupe.

L’une à Petit-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime), les deux autres à Anvers, en Belgique, et à Cressier, en Suisse. Les agences Moody’s et Standard & Poor’s ont abaissé la semaine dernière les notes de crédit de Petroplus face aux incertitudes sur la capacité du groupe à financer la poursuite de ses activités. Fin juin, le site alsacien de Reichstett (250 salariés) avait été fermé définitivement. De quoi faire craindre le pire aux 550 salariés de Petit-Couronne, où la procédure de mise à l’arrêt des installations est engagée depuis hier. Elle devrait s’étaler sur cinq à six jours. Cette raffinerie spécialisée dans les huiles et bitumes, rachetée à Shell en 2008, devrait ainsi suspendre la production, évaluée à 162000 barils par jour, durant les cinq prochains mois. « Un couteau dans le dos », annonciateur d’une « mise à mort » des trois raffineries concernées, pour Yvon Scornet, délégué syndical CGT.

Joint hier par téléphone quelques minutes avant un rendez-vous en préfecture, le syndicaliste indiquait que les salariés, réunis en assemblée générale autour de l’intersyndicale (CGT,CFDT, CFE-CGC), ont décidé à l’unanimité que « les produits finis présents sur le site leur appartiennent à eux et non plus à Petroplus ». Un trésor de guerre estimé à 200millions d’euros, qui peut aider à prévoir toute éventualité et à peser dans la recherche de solutions.

« il n’est pas question pour nous de mourir en silence »

« Pour l’instant, on est gentils. On frappe avant d’entrer. Mais si les discussions ne débouchent sur rien, il n’est pas question pour nous de mourir en silence », avertit Yvon Scornet. La ministre Nathalie Kosciusko-Morizet avait laissé jusqu’à ce lundi 8 heures au groupe pour prouver qu’il avait les moyens d’assurer une mise à l’arrêt avec toutes les garanties de sécurité. Et il semble que l’argent manque au point que « les salariés ne savent même pas s’ils seront payés », relate amèrement Yvon Scornet.
« Il faudrait au moins cinq jours pour redémarrer, mais, honnêtement, la solution ne peut pas venir de Petroplus, on n’y croit plus. Il faudrait qu’un industriel pétrolier sérieux prenne le relais. Nous sommes prêts à intervenir, y compris auprès d’industriels d’Azerbaïdjan ou du Qatar s’il le faut. » Dans le passé de Petroplus, qui s’est développée à marche forcée au cours des années 2000, on trouve la sulfureuse société américaine d’investissements Carlyle (dont le codirecteur des services financiers n’est autre qu’Olivier Sarkozy, demi-frère du président de la République…). Il faut rappeler qu’une plainte a été déposée au niveau européen pour possible délit d’entente entre Shell et Petroplus concernant la production d’huiles. « Au moment même où Shell arrivait sur le marché avec des huiles du Qatar, Petroplus n’a pas cherché à les concurrencer, mais a purement et simplement décidé d’arrêter ce type de production, malgré un carnet de commandes plein », explique le délégué CGT – un arrêt de production qui concernait déjà le site de Petit-Couronne.

Raffinage : la grande braderie

À l’été 2007, Shell vendait ses trois dernières raffineries françaises. Le groupe de raffinage suisse Petroplus avait déboursé 875 millions de dollars pour acquérir le site normand de Petit-Couronne (en arrêt temporaire depuis hier) et le site alsacien de Reichstett Vendenheim (fermé depuis juin2011). Deux reprises qui concernaient 2 500 salariés. Le site pétrochimique de Berre-l’Étang, dans les Bouches-du-Rhône (1550salariés) était quant à lui cédé au groupe néerlandais LyondellBasell (propriété du fonds d’investissements Access Industries) pour 700 millions de dollars.
Il est aujourd’hui menacé de fermeture.

Laurence Mauriaucourt

source l’humanité


Montreuil le 3 janvier 2012

Communiqué de presse

Une solution industrielle à financer pour le site « Pétroplus » de Petit Couronne

La société Petroplus a annoncé l’arrêt de son site de Petit-Couronne en Seine Maritime. Dans les raisons invoquées figure en bonne place le besoin de crédit bancaire.

La fédération CGT des banques et des assurances a saisi les présidents des banques BNPP, Natixis et SG, compte-tenu de l’impact sur l’emploi, sur l’activité industrielle comme sur la filière énergétique.

Ils peuvent prendre les mesures pour que les conditions soient rapidement réunies pour que l’activité reprenne sur le site de Petit Couronne.

Ceci nécessite le financement d’investissements pour les prochaines années.
Ces investissements sont de nature à maintenir une activité industrielle et à être une source de revenus permettant d’asseoir la pérennité de ces activités.

Pour exemple, 150 millions d’investissements incluant une remise en état pour les 6 ans permettraient de dégager plus de 60 millions de revenus par an.

Nous avons également demandé au Ministre de l’Economie François Baroin d’intervenir dans le même sens. Des mesures complémentaires sont nécessaires, à débattre avec les salariés et les syndicats de la filière.
Il en va de l’existence d’une filière industrielle indispensable au fonctionnement de notre économie.

Au delà des discours, les salariés attendent des actes en matière de projets industriels. Au-delà des discours sur la régulation de la finance, les français attendent que les banques participent au financement de l’économie et des emplois.

Tous contacts : Patrick Lichau, secrétaire général – 01 48 18 83 40

FSPBA- CGT – Case 537 – 263, Rue de Paris – 93515 Montreuil cedex –
Tel : 01 48 18 83 40 – fax : 01 49 88 16 36 – mail : fspba@cgt.fr