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Oui, non ou merde ? La constitution européenne en débat

Publie le mercredi 9 février 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Beaucoup d’enseignants sont favorables à la construction européenne, par idéal, par culture, peut être aussi par culpabilité (le référendum va tomber entre le 5 et le 12 juin soit au moment de la célébration du débarquement, après la commémoration légitime de la libération des camps : on va donc entendre que l’Europe a été construite pa rréaction au conflit mondial et pour éviter les crimes ce qui justifie toute forme de construction).
Doit-on leur jeter la pierre ?

Expliquons les choses, tous dans nos établissements. Il faut prévoir des réunions débats sur la construction européenne dès maintenant. Distibuer le texte, lire des extraits, évoquer les arguments des unset des autres.

Pourquoi maintenant choisir le non à la Consitution telle qu’elle est écrite par l’ancien président UDF de la République, celui-là même qui n’a pas mis fin à la peine de mort et qui promeut en Europe la stricte abolition de la peine de mort ? Quelques raisons non exhaustives de mon prochain vote négatif :

 L’Europe que l’on nous construit est une Europe réactionnaire gravée dans le marbre. La dessus aucune doute. Le texte de la constitution favorise le démantèlement des services publics au nom de la libre concurrence et inscrit ce principe de façon définitive dans un texte qui ne connaitra peut être jamais d’approbation populaire ultérieure. Voir sur ce point l’analyse et l’appel suivant.

 Alors que beaucoup d’entre nous sommes européens (au sens d’une construction démocratique et sociale de l’Europe), les directives européennes ne cessent de multiplier les tensions nationalistes. Ainsi la directive Bolkenstein qui, contrairement à ce que l’on entend ici et là n’est pas du tout remise en cause par la constitution, qui permet à une entreprise de service de travailler dans tout pays de l’Union avec le droit du pays d’origine, favorise le dumping social et les tensions entre travaillerus et salariés des pays adhérents. La Suède avec son régime social contractuel et son ouverture au monde glorifiée par tous, vient de connaître il y a une semaine sa première poussée de boycott des ouvriers lettons (qui venaient pourtant construire une école) ! Avec cette nouvelle directive, bonjour le nationalisme dans une Europe pacifiée !

 La Constitution n’est toujours pas démocratique. On nous fait croire, grace à une subtile mise en scène (commission Barroso) que le parlement contrôlerait la commission. En réalité, le débat sur la directive susdite témoigne de l’indépendance absolue de cette commission face aux institutions issues de la légitimité du vote des européens. Or une constitution ne devait-elle pas marquer une forte étape démocratique ? On parlait semble-t-il de Convention ?

 On se heurte en règle générale à une absence de contrôle citoyen des choix majeurs. ainsi la constitution perpétue l’indépendance de la banque centrale européenne qui empêche tout regard citoyen suyr les finances européennes.

 Ce sont les programmes européens fixés à Lisbonne en 2000 qui ont impulsé la politique éducative actuelle du ministre Fillon (voir sur ce point toutes nos analyses sur le lien entre politique européenne, rapport Thélot et loi Fillon).

Enfin, last but not least, il est évident que le gouvernement frémit (tremble, pète la trouille,...) d’une possible collusion entre la critique classique de la construction européenne et le mouvement social qui monte en puissance, sur fonds de défense des services publics, de l’éducation nationale, de la démocratie. Il n’est donc pas interdit (et les récents sondages le démontrent) de croire à la défaite de ce gouvernement, voire pourquoi pas à la démission d’un président délégitimé, après le NON au référendum de juin. Puisque les élections, les grèves, les manifestations ne sont pas entendues, tous aux bulletins de vote citoyens, formons nos bataillons négatifs, marchons, marchons, qu’un sans impur abreuve nos sillons.

http://www.cetace.org/necro_europe#oui_non_ou_merde

Messages

  • Comme Cétacé, je voterai NON. Mais il me paraît nécessaire de préciser certains points.

    Passons sur certains propos peu clairs (qu’est-ce qu’un "boycott" des ouvriers lettons, en quoi "l’ouverture" de la Suède devrait-elle être "glorifiée", et par qui ? Les héritiers d’Alfred Nobel ? Ceux pour qui la diversité culturelle ne doit pas être qu’un mot, dans un pays, la Suède, où plutôt plus qu’ailleurs, "l’ouverture" a permis à la culture étatsunienne de dominer presque sans partage ? "Ouverture" qui tolère au demeurant un monarque à la tête de l’Etat... ).

    Beaucoup d’enseignants se sont faits depuis de décennies les fidèles relais de la propagande de l’Union européenne, en raison d’un sens critique trop souvent atrophié dans ce milieu.
    L’idée selon laquelle l’UE serait facteur de paix a constitué un point central dans le dispositif de décervelage des élèves, qui a produit hélas des résultats indiscutables. Or, cette idée n’est pas étayée par les faits : la période ayant suivi 1945 est trop courte pour qu’on puisse en tirer des conclusions définitives. Surtout, le rôle de l’UE dans les conflits à proximité immédiate de la zone démontre quelles sont les finalités de cette institution effectivement particulièrement antidémocratique, mais surtout antiouvrière et cléricale : garantir les profits de ses grandes entreprises. Le reste n’a vocation qu’à amuser le gogo...avec ses propres impôts ("parlement" de Strasbourg).

    Venons-en à l’essentiel :

    Contrairement à Cétacé, je n’oublie pas que l’Europe c’est aussi un passé qui marque encore fortement le présent : papauté, Inquisition, terre de naissance du capitalisme, colonisation, racisme théorisé, impérialismes, nazisme... coexistent avec les Lumières, les Révolutions française et bolchévique, la lutte des classes.

    Je me réclame sans ambiguïté des secondes.
    Pour mieux rejeter les premiers.

    Dès lors, être "européen" n’a pour moi aucun sens. Seul l’internationalisme me paraît digne d’intérêt géopolitique.
    Je me considère citoyen du monde.
    Et je trouve un peu suspect ce rejet de la part de Cétacé des "nationalismes", dans un mouvement qui le conduit à légitimer une nouvelle forme de nationalisme...fût-elle "européenne".

    • Euh, Cétacé ne vote pas : c’est un collectif ouvert et informel (pas d’adhérents, pas de ligne) !
      A vous lire, on a l’impression d’une grande cohérence doctrinale de la bête, quand elle est en réalité joyeusement diverse !

      Quant à l’Europe, il est vrai que nos positions personnelles vont du non au non (me semble-t-il du moins).

      Merci pour la lecture et les remarques.

      Un "Cétacé" de passage