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CGT : UN NON QUI FAIT DISCUTER

Publie le samedi 12 février 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

La Rédaction du Collectif Bellaciao

Depuis quelques jours, le "parlement" de la CGT, en se prononçant - avec plus de 80% des voix - pour un NON précis et décidé à la Constitution européenne, a désavoué son secrétaire, Bernard Thibault qui, à propos de l’attitude à assumer à l’occasion du référendum, n’avait trouvé rien de mieux si non de laisser aux adhérents la "liberté de vote". La gauche réformiste crie au scandale.

Bernard Thibault, le dirigeant syndical de succès, qui, à la tête des cheminots de la CGT, avait donné un poussant coup d’épaule au gouvernement Juppé par les grèves de décembre 1995, choisi pour transborder la CGT vers le but accueillant de la Confédération Syndicale Européenne, CES, déjà jointe depuis longtemps par les grandes centrales syndicales européennes, des partenaires raisonnables des gouvernements au nom de la concertation, a été mis en minorité !

Le projet de l’establishment social-démocrate, qui n’est pas dédaigné par les néo-conservateurs libéraux et par les patrons, d’enterrer le redoutable concept selon lequel "le syndicat est la courroie de transmission du parti", qui semblait acheminé vers un succès sûr même en France, où la CGT s’obstinait à se borner à exécuter les instructions livrées par le PCF, un parti glorieux très mal en point par la faute de quelques-uns de ses dirigeants noyés dans le sectarisme et le dogmatisme, est mis en crise par... les adhérents au syndicat.

Ce ne sera certainement pas nous qui allons critiquer l’autonomie du syndicat du parti, des partis, mais nous voulons rappeler que, outre à une telle autonomie, le syndicat se doit avant tout de démontrer qu’il dispose d’une autonomie totale des patrons, ou des adversaires de classe si on veut, et ne peut, ne doit pas, à l’initiative de ses dirigeants, remplacer les travailleurs et leur volonté, dont il n’est que l’expression.

Trop de dirigeants de centrales syndicales ont désormais depuis longtemps troqué la courroie de transmission de mémoire léniniste avec une autre courroie, encore plus vieille, en transformant ces centrales en organisations bureaucratiques qui, de facto,
transmettent les exigences du MEDEF et de ses représentants gouvernementaux à leurs adhérents, en s’efforçant de garder ce rapport à l’intérieur des compatibilités du système politique et économique.

Il s’agit, dans cette version aussi, d’une courroie de transmission, mais sur celle-ci et sur son fonctionnement la gauche réformiste ne trouve rien à redire ; au contraire, le manque de démocratie à l’intérieur de certains syndicats, qui est la condition pour qu’ils puissent accomplir, sans être dérangés, la fonction de "courroie de transmission" qu’on vient de décrire, semble acquis.

Et en fait, au moment où un organisme syndical plus proche de la base que du sommet de l’organisation bouleverse les décisions du secrétariat, on ne se réjouit pas, comme nous le faisons, pour le mérite de la décision - le NON à la Constitution européenne - ni pour la méthode - la redécouverte de la démocratie interne - mais on regrette que l’autonomie du syndicat soit compromise !

C’est le monde à l’envers ! Et pourtant, rien ne peut plus étonner après l’approbation, l’année dernière, d’une réforme des retraites augmentant le nombre d’années de cotisations demandées pour avoir une retraite plus tard avec moins d’argent et, par-dessus le marché incertaine, grâce surtout, à la complicité de la CFDT, le deuxième syndicat de France pour le nombre d’adhérents, qui avait publiquement déclaré d’être d’accord avec ce projet.

En ce qui nous concerne, nous espérons que ce NON ne soit que le début d’une campagne référendaire qui s’achève par une victoire, en ouvrant le chemin à la transformation de la communauté européenne de comité d’affaires des banquiers et des industriels en cette communauté du Travail, plus juste et solidaire, pour laquelle nous nous battons toutes et tous.

Messages

  • Cet article est nul ! Le Parti communiste français est contre la constitution euopéenne depuis le premier jour. Je me réjouis de ce choix et aussi de celui de la CGT...

    • Je suis complétement d’accord avec le message précédent. Cet article est indéchiffrable, et je pense que l’essence même d’un syndicat est, par nature, politique. En conséquence et à ce titre il se doit de prendre position sur des textes "constitutionnels" qui engagent l’avenir, de la pire façon si le oui l’emporte, pour des millions de salariés. Pour faire simple et clarifier les positions : votez NON, NON et NON nom de dieu !!!

    • Je dois être mal comprenant. Ou peut-être que c’est parce qu’il s’agit d’un article collectif. Peut-être que chacun a choisi un mot ou un bout de phrase. Après, pour coller les morceaux...

    • Rajoutez à celà l’étape traduction, quel joli cadavre exquis :)

      TM

  • "ouvrant le chemin à la transformation de la communauté européenne de comité d’affaires des banquiers et des industriels en cette communauté du Travail, plus juste et solidaire, pour laquelle nous nous battons toutes et tous"

    ...enfin, toutes et tous, sauf moi... n’est-ce pas un certain Karl Marx qui a lancé l’idée, assez sérieusement appuyée sur sa critique du capitalisme, qu’il s’agissait d’abolir le travail salarié

    Je veux bien que ce genre de formule n’ait pas de prétention théorique, qu’elle soit dans le vent avec un parfum de ’lutte de classes’, elles n’en appartiennent pas moins à un cycle de lutte révolu depuis trente ans, sur lequel s’était fondé le mouvement ouvrier depuis un siècle, et dans lequel il a été défait. Cette base-là ne reviendra pas. Et la communauté du travail comme visée, que ce soit en Europe ou ailleurs, n’est qu’une utopie capitaliste, pas une visée communiste de quelque sorte qu’elle soit. Plus juste quoi : l’exploitation ? Solidaire : l’auto-exploitation ? On a donné dans tous ces machins idéologiques, jusqu’à plus soif. Cela relève par conséquent, derrière une formulation en fortes paroles, du néo-réformisme en vogue. On a beau l’opposer au PS, ça n’arrive parfois pas aux genoux de certaines formules de Mitterrand à l’époque du programme commun... Alors la jeunesse, prenez garde pour nos vieilles têtes blanchies : merci d’y penser, au-delà des mots.

    On peut très bien voter NON sans y investir des illusions, ni prouver à tout prix que pour être de gauche branchée il faut aimer l’Europe (sic, comme le fromage ?) pour voter non... cela finit par vous fabriquer, du non au oui, un européisme dont je crains à terme le pire relativement à ceux qui n’en sont pas, à commencer au Sud et % l’immigration

    Quant à moi, j’ai rendu ma carte à la CGT la semaine dernière. Dans mon coin, il est parfaitement faux d’opposer base (militants actifs) et sommet dans cette histoire. On essaye de me faire revenir en considérant finalement je devrais être content, les mêmes qui nous ont vendu la position condéférale depuis des mois, et la tronche à Thibault depuis 1995... alors il y a des explications ’grand public’, d’où qu’elles viennent, qui ne passent pas sur le terrain, comme on dit.

    Effectivement, séparer luttes syndicales et politiques est un héritage de l’histoire, mais jusque là c’est surtout un beau piège à perdants, au jeu à somme nulle dont le capital établit la règle pour la gagner : j’ai plus envie de l’aider, alors le syndicalisme d’encadrement, ras le bol, de bas en haut et réciproquement

    Patlotch