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Traité Européen : NON, c’est NON !

Publie le lundi 14 février 2005 par Open-Publishing
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de Patrice Bardet

L’intervention de Bernard Thibault pendant le CCN le 2 février(1) et le communiqué adressé aux organisations CGT le
soir du 3 novembre(2) posent pour le moins question !

Je rappelle que la CES s’est prononcée pour le "Oui", la CGT s’étant abstenue (dans l’attente du débat interne)

Un "Oui" de la CES(3) serait "apolitique" ?

Le « Oui » de la CFDT(4) serait-il « apolitique » ?

Le soutien apporté au traité « constitutionnel » apporté par Joël Decaillon dans une « tribune » du Monde s’inscrit-il dans « l’appropriation des grands enjeux à faire bouger en Europe » ? Serait-il « apolitique » ?

Le PS, lui, ne s’y trompe(5) pas et l’inscrit dans sa campagne (« Ils disent oui ») et l’article est repris intégralement(6) par « Oui socialiste »

Un Comité(7) intitulé « Constitution européenne, ensemble pour le oui » a été crée le 16 novembre 2004. Parmi ses initiateurs on relève « Confrontation ».

Dans la direction collégiale de celle-ci on retrouve Jean Claude. Jean-
Christophe Le Duigou, dirigeant de la confédération de la CGT, Francis Mer, Jean Peyrelevade, Jean Gandois, Philippe Herzog, Alexandre Adler, Elisabeth Guigou, Jacques Delors, Alain Touraine, etc.... Voilà encore une position
« apolitique » d’un des plus importants dirigeants de la CGT dans la « société civile » ? Quel est ce mariage de la carpe et du lapin ?

Extraits de ce site :

 En utilisant leurs relais et leurs réseaux respectifs, les participants à l’association répondront
systématiquement à tout article, toute tribune, toute intervention contre le projet de traité constitutionnel.
Chaque membre conservera par ailleurs, en concertation avec les autres
participants, son propre programme de manifestations ou d’initiatives qui, mis bout à bout, devrait
permettre de réaliser un "Tour de France" des débats européens

 Les signataires s’engagent à œuvrer pour un Tour de France de mobilisation à travers les relais associatifs
et interpellent les responsables politiques de toutes tendances à promouvoir le débat public en faveur du
OUI.

Les différentes positions(8) de dirigeants relatées dans le Monde notamment seraient-elles « apolitiques » ? Les larges épanchements(9) de la direction confédérale dans la presse seraient-ils les seuls
démocratiques ?

Le "NON" du CCN de la CGT serait le résultat de manœuvres « politiciennes » à l’intérieur de la CGT ? par exemple,
la résolution de la fédération des cheminots(10) ?

Les débats menés par les fédérations seraient-ils des manœuvres « politiciennes » ? par exemple le Dossier de la fédération(11) des Sociétés d’Etude ?

L’argument utilisé par BT dans le communiqué du 2 février : "Là aussi, il ne faut pas sous-estimer l’impact que représenterait, pour beaucoup de syndicalistes européens, une déclaration de la CGT qui pourrait être perçue comme une volonté de rupture." pose problème : est-ce que la CGT est encore ou non indépendante ? ou est-elle inféodée aux positions de la CES -donc des politiques, quand on connaît les liens étroits entre les syndicats européens et les partis- ?

S’il y a problème, il devait être posé, voila qui est fait, clairement : la CGT ne partage pas la position de la CES (qui d’ailleurs n’était pas unanime, loin de là, même si comme par hasard, on ne nous parle que des syndicats favorables). Rappelons qu’en juillet 2003, l’unanimité des syndicats Belges se prononçait contre le traité. En juillet 2004, certains se positionneront « pour », vraisemblablement sous la pression des partis politiques et du bureau de
la CES, puisque c’est la position favorable de la CFDT qui a été transmise à la Commission Exécutice de la CES.

Le NON de la CGT est-il oui ou non une volonté de rupture en fonction des statuts de la CES ? Si oui, encore une fois, où est l’indépendance de la CGT ? La CES est-elle l’organisation syndicale supra-nationale ? Oui ou Non ? Si c’est NON, le rejet de la CGT de ce traité ne doit pas poser de problème majeur !
Citation de Bernard Thibault : "Cela ne doit cependant pas nous conduire à ne pas avoir une appréciation lucide des différentes dimensions du traité." Moi, il me semble que c’est reflété clairement dans la position du CCN.

A contrario, le positionnement de Guy Jucquel, à la réunion du Comité Exécutif de juillet 2004, au nom de la CGT, est lui, sans aucune ambiguïté : « Cela nécessite une approche équilibrée, objective, syndicale, des avancées que
comporte celui-ci, mais aussi des insuffisances. Il ne s’agit pas d’encourager une approche négative à l’égard du Traité, mais une approche positive sur des bases audibles et crédibles ». Etait-ce là un engagement ferme de la CGT ?

Auquel cas, la consultation des syndiqués et des syndicats CGT ne serait qu’une mascarade !

En septembre 2004, la Commission Exécutive de la CGT incitait au débat dans les syndicats.

En conséquence, ce document a été transmis aux syndiqués de notre syndicat d’organisme, et le débat mis à l’ordre du jour des assemblées générales des syndiqués. Dans notre syndicat, c’est ce débat qui a été mené à plusieurs reprises avec tous les syndiqués, au fur et à mesure de la mise à disposition de documents.

Les fiches confédérales mises à disposition en ...décembre 2004 étaient par ailleurs très « pédagogiques », mais peu critiques, hormis vis à vis des directives Bolkenstein et Temps de Travail ( ce qui est conforme à la position de
la CES). Elles ont été distribuées à tous les syndiqués dès le 7 décembre.

Nous avons donc enclenché un processus d’expression du syndicat, en mettant à disposition des positions favorables et/ou défavorables, le texte du traité « constitutionnel » (N° spécial de l’Humanité du 16 octobre 2004), des articles d’ATTAC et de la Fondation Copernic. Tout document reçu « favorable » au traité a été également transmis, sans commentaire.

La Charte des Droits Fondamentaux a été étudiée, mais aussi les conditions de son intégration au Traité. Nous avons relevé à ce propos que cette Charte « ne crée aucune nouvelle obligation » pour les Etats.

Pour autant, doit-on juger un traité qui se dit "constitutionnel", donc non modifiable sans une procédure extrêmement hasardeuse :
au regard de quelques "avancées" minimes par rapport à l’existant. Si l’on considère la charte des droits fondamentaux, -indéniablement sur certains aspects un progrès pour certains des pays, mais sur bien des points en recul grave sur la constitution française-, est-ce autant ce que nous voulons comme valeur commune "constitutionnelle" ? L’exemple le plus parlant est encore la reconnaissance du droit de grève pour les travailleurs, certes, mais en contrepartie le droit de lock-out est reconnu pour les patrons. On remarquera aussi que cette Charte Européenne est sur bien des aspects inférieure à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée en...1948 ! en prenant en compte que sur tous les points concernant la concurrence, la règle de la majorité qualifiée s’applique, en à contrario pour les décisions concernant les droits sociaux, la règle de l’unanimité est exigée et le considérer comme un texte fondateur, auquel cas il faut le considérer globalement : le libéralisme à
outrance et érigé en « valeur suprême » est-il acceptable comme valeur suprême ?

enfin, prendre également en compte que la Constitution Française a été modifiée, pour rendre supérieur le traité Européen à la Constitution Française, ce qui empêche le législateur Français par exemple, de « fausser la
concurrence ». Pourrait-on prétendre que la législation n’a pas d’influence sur la condition des travailleurs ?

Fort logiquement, il semble de l’aveu même de la direction confédérale que les syndiqués et syndicats de base qui ont mené ce débat sont contre ce traité, et même « qu’une majorité des adhérents est critique voire hostile au traité » pour reprendre le propos de Bernard Thibault.

Pour reprendre encore une phrase de Bernard Thibault, « Le monde et l’Europe n’ont ainsi plus rien à voir avec ce qu’ils étaient au moment du référendum sur Maastricht » : ça c’est encore une évidence. Une autre évidence que chaque travailleur a pu constater, c’est que les traités de Maastricht et les suivants, ont aggravé leur situation sociale, détruit un à un leurs droits sociaux. Et voilà que ce traité « constitutionnel » reprend l’intégralité de ces traités. Faut-il rappeler que le projet de directive sur les Services, dite Bolkenstein, s’appuie juridiquement sur ce traité constitutionnel, que ce projet a été adopté par les Chefs d’Etat en Mars 2004, qui font mine aujourd’hui de la refuser, que la Commission Européenne vient d’annoncer quelle n’avait pas l’intention de la retirer ? Faut-il rappeler que la « réforme » des retraites en France résulte aussi du Traité de Barcelone, accepté par le Président Chirac et le Premier Ministre Jospin ?

C’est faire injure aux camarades qui ont fait l’effort de mener le débat que de critiquer maintenant que les syndicats aient pris une position « syndicale » de « rejet » du Traité Constitutionnel, au prétexte que tous les syndiqués ne se sont pas exprimés, qu’ils n’auraient disposé que d’une information « orientée » et incomplète.

Doit-on rappeler - que la direction confédérale n’a toujours pas mis à disposition des syndicats le projet de traité Européen ?

 que le seul document exploitable (et abordable) a été le n° spécial de l’Humanité du 16 octobre 2004 ?

En conclusion : c’est un faux débat ( ?) et surtout un mauvais procès ! De qui se moque-t-on ? A coup sûr des adhérents CGT ! La CGT doit-elle marcher sous la baguette des opinions exprimées par les dirigeants confédéraux ?

Ils auraient seuls le droit de prendre une position, qu’ils qualifieraient eux-même d’apolitique ? La direction confédérale mènerait-elle la « bataille » si l’issue du CCN avait été une position pour le « Oui » ou « Ni OUI, Ni NON » ? On raisonnablement peut en douter !

Qui met en danger la CGT ?

 Ceux qui mènent débat ?
ou
 Certains dirigeants de la CGT qui auraient une « vision supérieure et démocratique », tels Le Duigou ou Decaillon et maintenant Thibault ?
 Cette tentative de mettre au pas les fédérations et UD ? On peut légitimement s’interroger sur le communiqué de Bernard Thibault adressé aux organisations CGT, mis à disposition de la presse aussitôt écrit ! et savourer les mots à propos des militants « les plus branchés » qui « ont cherché à conforter leurs
convictions personnelles en les faisant labelliser par des prises de positions devenant officiellement celles d’organisations de la CGT » et la phrase « Il se peut qu’effectivement nous soyons un jour confrontés à un référendum qui puisse justifier, de notre part, un appel défendant une position. Je suis convaincu, pour cette fois, que ce n’est pas ce qui est attendu de la CGT par la majorité des syndiqués et ceux qui s’intéressent à la parole de la CGT ». Bernard Thibault aurait-il épousé la dictature du sondage ? Comment
connaît-il l’attente des syndiqués ? (nb : il reconnaît par ailleurs qu’une majorité de syndiqués rejettent le traité ; cherchez l’erreur !)
 Ceux qui prennent pour alliés les médias (qui s’en délectent) contre la CGT. Et l’appui donné par François

Chérèque sera-t-il repoussé ?

D’après Bernard Thibault, ce traité Européen ne serait pas de ceux sur lesquels la CGT devait prendre position ?

On croit rêver, comme si ce traité était chose banale ! Comme si ce traité n’avait aucune influence néfaste sur les droits des travailleurs ; comme si ce traité « constitutionnel », compilation des traités précédents, n’était pas la
consécration du libéralisme à outrance ! Est-ce l’Europe que la CGT voulait ? Le CCN a très logiquement répondu « NON » , puisque le traité verrouille pour longtemps toute transformation sociale.

Tout syndicaliste se devait d’avoir une position syndicale. La mienne est mûrement réfléchie, dégagée de considérations politiciennes : en tant que travailleur, ce ne pouvait être que "NON" ; c’est donc clairement "NON" :
je n’ai pas d’autre solution ! Et je mènerai campagne pour le « NON », sur des positions syndicales, en expliquant inlassablement aux travailleurs en quoi ce traité est hautement nuisible. Tant pis si ça contrarie certains « dirigeants » confédéraux ! Je ne leur ai jamais donné mandat pour me dicter ma pensée ! La position du CCN l’éclaire et la respecte, puisque je cite « La CGT continuera à informer, à faire partager l’importance de ces enjeux dans la vie de tous les jours, chacun demeurant libre, en tant que citoyen, de son opinion définitive et de son suffrage ». Cette position, limpide, je la partage !

Notre syndicat devrait selon toute vraisemblance lors de la prochaine assemblée générale des syndiqués, après débat respectant les positions de chacun, adopter une position semblable à celle du CCN, rejetant le Traité. Nous
continuerons le débat, le mènerons avec les salariés, mais « chacun demeurant libre, en tant que citoyen, de son opinion définitive et de son suffrage » que l’on soit syndiqué ou non-syndiqué, engagé ou non politiquement. Le respect de l’article 1 des statuts de la CGT sera strictement respecté, de même l’esprit de la Charte d’Amiens.

salutations militantes et fraternelles

Patrice Bardet, syndiqué CGT depuis 1975, « animateur » de mon syndicat, sans appartenance « politique » déclarée, ce qui ne signifie certes pas « apolitique »
On lira avec beaucoup d’intérêt Trajectoires de syndicalistes européens : la figure du militant et celle de l’expert

Et aussi George Ubbiali, La professionnalisation des directions syndicales à la CGT et à la CFDT, élément pour une socio-histoire, Thèse de doctorat de sociologie sous la direction de M. Offerlé, 1996-97, Université de Paris

Rédaction : Patrice Bardet

Messages

  • Carton rouge à l’infâme projet de constitution européenne. Qui ne dit mot consent !

    Projet de constitution européenne : NE SIGNE PAS CONTRE TOI-MÊME !

    Je n’aurai ni le temps ni le courage de lire les 852 pages de ce projet. Je ne signerai pas.

    Mon salaire n’augmente pas mais les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.
    Ma protection sociale diminue mais les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.
    Ma retraite est remise en cause mais les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.
    Mon environnement se dégrade mais les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.

    Le Code du travail est remis en cause mais les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.
    La durée du travail est remise en cause mais les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.
    La flexibilité du travail se développe mais les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.
    Les délocalisations se multiplient et les profits des actionnaires augmentent. Je ne signerai pas.

    La laïcité est contournée ou ignorée. Je ne si-gne-rai pas.
    Il ne sera plus possible de faire marche arrière. Je ne si-gne-rai pas !

    Je me déplacerai. Je ne laisserai à personne le soin de voter pour moi. Je ne serai pas complice de cette machine de guerre dirigée contre mes intérêts et ceux des miens.

    Je sais ce que je vis. Ma réalité ne me ment pas.

    Pieds et poings liés jamais ! Plutôt mourir que signer !

    UN POINT, C’EST NON !

  • Bernard Thibault, comme le syndicaliste jaune François Chérèque, ne s’intéresse qu’aux postes mirobolants offerts par Bruxelles aux traîtres de la classe ouvrière.

    Quand ces jean-foutre vont-ils faire leur boulot, c’est à dire préparer et soutenir les indispensables mouvements sociaux unitaires ?

  • Remarquez que demander l’augmentation des salaires contre l’augmentation des profits, ce n’est jamais que défendre le capitalisme, et c’est la raison d’être des syndicats

    Alors nous la jouer CGT pure et dure contre Thibault, ce ne sera jamais qu’un débat entre mous