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AMIENS : La hache de guerre est déterrée chez Goodyear

par FRÉDÉRIC PETRONIO

Publie le lundi 20 février 2012 par FRÉDÉRIC PETRONIO - Open-Publishing
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Réunion de crise, hier, de la CGT Goodyear. Les déclarations de Xavier Bertrand ont mis le feu aux poudres. Et porté un conflit social sur le terrain politique.

La salle Valentin-Hauy avait des allures de chaudron, hier, en fin de matinée. Des salariés de Goodyear étaient réunis autour du leader CGT Mickaël Wamen et de leur avocat, Fiodor Rilov. Comme on pouvait s’y attendre, l’appel du ministre du Travail Xavier Bertrand, demandant à la CGT d’accepter la fermeture de l’activité tourisme pour permettre la reprise du site d’Amiens nord par Titan, a mis le feu aux poudres.

Car cette proposition tombée sans crier gare, se trouve à contre courant des discussions actuelles entre la CGT, Goodyear et Titan. Pire, dénoncent au comble de la colère les salariés croisés hier, la parole du ministre du Travail est perçue comme allant à l’encontre de la justice. Mickaël Wamen résume : « Il demande ni plus, ni moins, que d’accepter la fermeture de l’activité tourisme pour des raisons économiques. Alors même qu’à trois reprises la justice a dit non au plan social de Goodyear parce qu’il n’y a pas de justification économique à faire ça. Et là, un ministre dit : c’est pas grave, on se fout de ce qu’ont dit les juges.  »

En écho, les salariés en lutte depuis 2007 réclament des actions fortes pour montrer leur colère au ministre. Et au-delà, au gouvernement. Car pour eux, Xavier Bertrand est en service commandé pour l’Élysée. « Je pense qu’il faut connecter cela aux récentes déclarations de Nicolas Sarkozy sur les corps intermédiaires », analyse ainsi l’avocat Fiodor Rilov. Un salarié lance quant à lui depuis la salle : « C’est ça un ministre du Travail ? C’est fait pour mettre des gens sur le carreau ?  » Reflétant la colère générale, un autre renchérit en expliquant en termes particulièrement choisis tout ce qu’il pense du ministre. Et de répéter « Prenez mon nom ! Écrivez-le dans le journal. Et dites bien ce que je veux lui faire ! » Bienséance oblige, impossible ici d’être plus précis sur des intentions pas vraiment amicales.

Pour Mickaël Wamen et Fiodor Rilov, les conseils de Xavier Bertrand n’ont pas valeur d’obligation. « Il peut dire à la CGT et aux salariés ce qu’ils doivent faire. Mais la CGT n’est pas obligée de faire ce qu’il demande », résume Mickaël Wamen. Me Rilov ajoute pour sa part qu’ils ne dévieront pas de leur calendrier. « Nous devions adresser une proposition très précise mardi à Titan. Nous allons le faire. Toute la question est de savoir si les directions de Titan et de Goodyear resteront d’accord pour négocier l’avenir de l’activité tourisme après les déclarations de Xavier Bertrand.  »

La théorie de la CGT

Le duo Wamen-Rilov a par ailleurs une lecture très précise des enjeux possibles derrière la déclaration du ministre. « Le gouvernement a peur que le combat des Goodyear crée une brèche au niveau national. Si on gagne, ce sera un signal ». Mickaël Wamen complète : « Je répète depuis longtemps que le combat des Goodyear va prendre une dimension nationale. On y est. Bertrand vient d’en faire un enjeu de campagne électorale pour la présidentielle ». Il enchaîne, vif et tranchant : « Nous allons interpeller tous les candidats de gauche à la présidentielle. Et on va leur poser une question : Sarkozy veut fermer notre usine s’il est réélu. Qu’est-ce que eux proposent ? Ils vont devoir s’engager. Et je dis que la présidentielle va se jouer à Amiens nord. »

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-locale/Amiens-et-Metropole/La-hache-de-guerre-est-deterree-chez-Goodyear

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