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Dexia : derrière les pertes, quid des dettes de nos collectivités ?

par Racailles

Publie le jeudi 23 février 2012 par Racailles - Open-Publishing

Article du journal alternatif bas-normand "Racailles" à retrouver en intégralité en cliquant ici

Qui a les jetons de Dexia ? Racailles a LA réponse !

Dans nos chères contrées de Basse-Normandie, c’est comme ailleurs : parfois le Modem parvenait à nous faire un peu marrer, surtout par la bêtise populiste et l’incompétence chronique de ses représentants locaux tels que Rodolphe Thomas ou Philippe Lailler. Mais pour une fois cette droite dite centriste trouverait presque une utilité : par ses ambitions électoralistes et sa cécité politique, le soldat Lailler ne cesse d’emmerder le pauvre député-maire de Caen Philippe Duron pour sa participation au conseil d’administration d’une filiale de la banque Dexia. A Racailles, toute la rédaction est outrée : quoi ?! Duron en porte-drapeau du grand capital ? Duron n’est pas de gauche ?! Duron est plein aux as ?! A cela trois réponses indiscutables : Dexia Crédit Local – socialiste – 85 000 € de jetons de présence au CA sur 5 ans. Mais revenons sur cette affaire car finalement, c’est quoi ce Dexia Crédit Local ?

Dexia ou la Vertu Incarnée
Ce qui est bien dans cette histoire, c’est qu’elle permet de poser certaines vraies questions (enfin au moins à Racailles car on attend toujours pour que le Ouest France local ou même le Modem [sic] cité plus haut dépassent les questions de moralité un peu catho ou de petits jeux politiques personnels). Pour faire vite sur Duron, Dexia serait venu le chercher lorsqu’il était Président du Conseil Régional de Basse-Normandie, comme d’autres politicards, il a dit oui, il dit y avoir porté et défendu la parole des collectivités (= servir de caution et d’alibi), le tout payé au SMIC chaque mois pendant 5 ans... Aucun regret ? aucun cas de conscience ? Non, au-delà de tout cela, on va enfin pouvoir évoquer le financement des collectivités locales.Mais abandonnons le pauvre Phiphou un moment pour voir ce qu’est ce Dexia Crédit Local auquel il participe.

Tout part d’un constat libéral : l’État ne veut plus investir. Il gère et il « économise en bon père de famille ». Ainsi, il a progressivement confié une bonne partie de ses missions à celle qu’il aime plus que tout : la finance. Privatisations, partenariats public-privé, délégations de service public, financement... tout peut être fait par d’autres alors pourquoi se faire chier ? Oui mais les « autres » ne font pas cela pour rien : il en tirent des profits, des bénéfices, des dividendes et des intérêts. En gros un max de blé ! Comme l’État n’a plus voulu investir que pour des trucs de merde (ex : acheter Quick avec la Caisse de dépôts) il a fallu pour les collectivités – administrations, villes, agglos, départements, régions... - aller trouver l’argent quelque part pour construire des hôpitaux ou des routes. On a donc offert une rente aux organismes financiers sur le compte des contribuables... Et qui est leader sur ce créneau ? Je vous le donne dans le mille : Dexia !! Dexia Crédit Local propose depuis des années des prêts très variés aux collectivités sur des durées allant de 2 à 40 ans : il y a des prêts à taux fixes (ceux qui ne bougent pas), à taux indexés (où le taux d’intérêt suit l’évolution d’un index de marché comme le franc suisse...) et les prêts structurés. Ces derniers sont les pires puisqu’il s’agit d’un prêt à long-terme structuré autour d’un prêt à court-terme, de telle manière à reporter les remboursements relatifs au capital (et parfois des intérêts) sur le prêt à long-terme, jusqu’à ce que le prêt à court-terme soit remboursé. Les prêts indexés et structurés sont ceux qui empoisonnent les finances locales depuis les débuts de la crise financière...

Dexia, plus « utile » tu meurs...
Duron et d’autres dirigeants de Dexia (notamment ceux auditionnés devant la commission parlementaire) affirment que Dexia est utile voire positive pour les collectivités ! Mais est-ce que tout ce beau monde a oublié que Crédit Local de France (créé en 1987 et public jusqu’au 1er décembre 1993 puis privatisé chez Dexia) est bien une banque privée et que ses intérêts de banque privée passent avant l’intérêt général ? Même Claude Bartolome, président de la commission parlementaire sur Dexia et ami de Phiphou le reconnait : « Tous nos interlocuteurs locaux, élus comme représentants de l’État, nous ont répété que Dexia était traditionnellement la banque de référence, notamment en matière de conseil. Or nous nous sommes rendu compte que, dans sa mission, elle n’avait pas été au rendez-vous : c’est là tout le problème. ». Si même le PS critique la manœuvre (tout en l’ayant auparavant utilisée encouragée et jamais remise en cause) c’est à ne plus rien y comprendre ! De plus que Rebsamen avait déjà fait scandale dès 2009 avec les mêmes arguments que Duron.

Et c’est vrai que Dexia et ses comparses ont été utiles. Quelques gâtés locaux (pour le seul département du Calvados-14) d’une liste bien trop longue : Conseil Régional, Département du Calvados, Caen la Mer, Hérouville-Saint-Clair, Colombelles, Ouistreham, Saint-Aubin /s Mer, Cabourg, Houlgate, Saint-Arnoult, Honfleur, Lisieux, Livarot, Démouville, Bayeux, Blainville /s Orne, Toucques, Mézidon Canon, CHU de Caen et hôpitaux de Vire, de Falaise, de Bayeux, d’Orbec en Auge, Caen Habitat, Partelios Habitat,... Le total des seuls surcoûts pour eux évalués en 2010 montent à plus de 30 millions d’euros. Oui... 30 millions d’argent public à sortir en plus du montant initialement prévu, résultat de l’évolution des marchés (l’indexation) et le fait d’avoir choisi le tout libéral plus que la sécurité et le bon sens de l’action publique. Si Dexia, la BNP, le Crédit Agricole et d’autres ont une « utilité », c’est bien de vider les caisses collectives pour engraisser leurs actionnaires... et administrateurs ! Et Rodolphe Thomas en sait quelque chose puisque Hérouville est l’une des pires avec 4 144 000€ de surcoût soit 28% du total des emprunts ! Il a d’ailleurs signé un accord avec Dexia le 7 mai 2009 pour faire croire qu’il allait sauver la situation.

Aucune leçon de l’échec d’un modèle
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Igmack Aroni

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