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Du pouvoir de la finance et des créanciers à l’eurofascisme... ou au triptyque socialiste

par CD

Publie le lundi 27 février 2012 par CD - Open-Publishing

Le texte qui suit ne contient aucune référence technique sur la finance. On va juste dire - sans le démontrer - que la montée de la dette a épousé le mouvement de la libéralisation financière. Mais ce n’est pas indispensable à la compréhension des enjeux. Ce mouvement historique n’est pas technique mais politique. Il mène à ce que l’on appelle "la gouvernance (autoritaire) d’Etat" par des institutions européennes technocratiques soumises à l’oligarchie politico-financière. Emmanuel Todd alerte sur un eurofascisme montant (1). Mais une autre voie est possible.

I - S’émanciper de la domination de la finance et des créanciers.

La dette des créanciers s’appuie sur le secteur de la finance comme pouvoir de prédation et de captation monétaire. La finance a la capacité de faire de très gros profits monétaires en circuits courts - les marchés financiers - sans passer par la production. Les banques privées et les assurances sont impliquées dans cette activité. Cela ne signifie pas que le secteur productif est hors jeux. C’est au contraire la finance qui exige de gros taux d’exploitation de la force de travail au sein des sociétés cotées en bourse. A défaut de lecture scientifique ou journalistique sur le sujet, il suffit d’écouter des travailleurs de ces entreprises pour le savoir .

C’est toujours la finance et les agences de notation qui exigent que les États diminuent les dépenses publiques. Alors que l’on pourrait augmenter les impôts des riches. A l’instar du pouvoir contre les travailleurs, ce pouvoir là est largement considéré comme exorbitant, comme illégitime quoique légal. Il s’exerce contre la quasi totalité de la société car il est destructeur des services publics qui ont eux vocation à la satisfaction des besoins sociaux hors logique de profit. Il est contraire à la démocratie et à un État de droit soucieux de ne pas entériner la destruction de 95 % de la société comme cela arrive en Grèce. Les dirigeants de ce pays refusent toujours d’établir, que je sache, un système d’impôts qui fasse payer les riches. Il y a donc en Grèce collusion entre la bourgeoisie nationale et la troïka (FMI, BCE, Commission européenne)

Plus largement, si l’économie s’est placé comme au-dessus des humains, du moins de l’immense majorité d’entre-eux pas tous, c’est bien parce que l’économie est liée à des groupes humains en position de pouvoir. Il y a les plus grands multi-milliardaires de la planète. Il y a aussi, du côté du marché, les hauts dirigeants des grosses firmes transnationales et du côté de l’organisation, les grands dirigeants des institutions internationales comme le FMI, l’OMC, la Banque mondiale forment ce groupe puissant. Nous sommes en société capitaliste mondialisé. Ce qui ne signifie pas qu’il n’existe pas des institutions non capitalistes, non orientées vers le profit, mais que la logique du capital, celle de l’appropriation privée, celle du profit et de la rentabilité est non seulement largement dominante dans la société mais que même là ou elle n’est pas elle tend néanmoins à intervenir comme en surplomb de quasiment toutes les autres activités. Elle tend à coloniser quasiment toute la vie quotidienne. Elle pervertie ce qui d’une autre nature qu’elle.

II - De la déclaration de Hollande au programme transitoire.

Revenons à la finance comme pouvoir différent de la finance comme moyen de financement des biens et services utiles, des besoins sociaux . On ne peut qu’apprécier - quoique l’on en pense par ailleurs - le propos du candidat Hollande qui voit dans les banques le "principal adversaire” du Parti Socialiste et de son candidat à l’élection présidentielle même si cela soulève bien des questions techniques et politiques. Notez qu’il n’a d’ailleurs pas dit ennemi .

Posons-lui les questions politiques. La technique vient après. Ce ne sont pas les experts qui doivent border les questions démocratiques. Les experts doivent être subordonnés et répondre aux exigences démocratiques.

Comment déposséder les grands possédants qui gèrent la finance et les banques ? Comment corrélativement renforcer le pouvoir des citoyens ordinaires, ceux du peuple-classe ou ce qui revient au même de la "classe fondamentale" de J Bidet (2) ? Comme tous, à gauche, n’évoquent pas de nécessaires nationalisations et une mise en pôle public bancaire et financier il reste une autre question : dépossession partielle ou totale ? S’agissant d’une dépossession partielle un ensemble de règles technico-juridiques sera posé pour éviter les abus dans un système certes régulé mais fondamentalement inchangé en terme de pouvoir. C’est là l’option réforme social-démocrate. Il reste là un grand fossé entre les gestionnaires et les délégués du peuple-classe laissés à un rôle d’interpellation limité.

On peut la trouver insuffisante mais penser à s’appuyer dessus pour la transformer en outil vraiment orienté vers les besoins sociaux. Par exemple, on pourrait réfléchir à la mise en œuvre d’un triptyque socialiste du type nationalisations des banques - pôle public bancaire et financier - planification .

Christian Delarue

1) Conspiracywatch. / Emmanuel Todd, l’« eurofascisme » et le « complot des élites »

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2174

2) Polarité de classes sociales selon J Bidet : Deux en-haut, trois en-bas.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/180212/polarite-de-classes-sociales-selon-j-bidet-deux-en-haut-trois-en-