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Répression anti-kurde : la grève de la faim s’étend

par Maxime Azadi

Publie le lundi 5 mars 2012 par Maxime Azadi - Open-Publishing

Les quinze kurdes qui observent une grève de la faim illimitée à Strasbourg ont appelé les institutions européennes à sortir de leur silence complice face à la répression anti-kurde, lors de la messe de dimanche dans l’Église St. Maurice. « Fallait-il les chasser hors de vue, hors de l’église ? Il fallait aussi chasser l’évangile hors de notre esprit » a dit de son coté le curé de l’Église.

La grève de la faim totale et illimitée lancée le 1e mars pour sensibiliser l’opinion international sur la répression anti-kurde et briser l’isolement du chef du PKK, Abdullah Oclan, qui n’est pas autorisé à rencontrer ses avocats depuis 27 juillet 2011, soit plus de 220 jours.

Plus de 400 prisonniers dont quatre députés en grève

Cette grève s’associe aux grèves de la faim effectuées dans les prisons turques depuis 15 février par plus de 400 détenus politiques dont quatre députés du principal parti légal kurde BDP.

Alors que les gouvernements européens gardent toujours le silence sur les pratiques fascisantes du régime turc, les grévistes de la faim ont lancé un appel dimanche 4 mars aux institutions européennes, notamment au CPT, seule organisation à pouvoir visiter la prison d’Imrali où le chef du PKK est détenu depuis 1999, d’entendre les revendications kurdes, lors de la messe célébrée en l’Église St. Maurice.

Début mars, l’Église St. Maurice avait accepté de donner son foyer aux grévistes qui avaient tenu un sit-in après un rassemblement devant le Conseil de l’Europe.

« Chasser les grévistes, c’est chasser l’évangile hors de notre esprit »

« C’est ainsi que la rencontre a commencé avec 15 personnes qui ont entamé une grève de la faim » écrivent Christian Wilhelm, Président du Conseil de Fabrique et Vincent Steyert, curé de St Maurice, dans un communiqué.

« Elles sont prêtes à souffrir avec d’autres qui souffrent en prison. Elles entendent s’associer aux grèves de la faim effectuées en Turquie par d’autres personnes pour protester contre les conditions de détention d’une personnalité et des prisonniers kurdes et souhaitent faire passer un message aux institutions européennes.

Fallait-il les chasser hors de vue, hors de l’église ? Il fallait aussi chasser l’évangile hors de notre esprit. Nous leur avons proposé deux salles au foyer St. Maurice où leur action peut se poursuivre dans des conditions d’hygiène minimum. Nous accueillons leur engagement pour la dignité de vie des hommes. »

Un militant en grève depuis 30 ans

Parmi les grévistes figurent cinq femmes et un militant qui a passé ses 20 ans en prison en Turquie. Il s’agit de Fuat Kav qui avait observé une grève de la faim de 64 jours en 1982 dans la prison de Diyarbakir où toutes formes de torture et d’atrocité étaient utilisées.

Ses quatre camarades ; Hayri Durmus, Kemal Pir, Akif Yilmaz et Ali Cicek, étaient morts au cours de cette grève. Entre 1982 et 2000, il est resté en grève de la faim pendant plus de 240 jours.

« Si je suis encore en grève de la faim, mais cette fois en dehors de la prison et dans une ville européenne, cela signifie que la politique de la Turquie et de l’Occident sur le problème kurde n’a pas changé » dit-il à l’ActuKurde.

Soutien des Amis du peuple kurde et du Mouvement de la Paix

Par ailleurs, les Amis du peuple kurde et le Comité Départemental du Mouvement de la Paix du Bas-Rhin soutiennent aussi la grève de la faim.

Les deux organisations affirment dans un communiqué : « Cette grève de la faim est engagée pour demander que soit enfin reconnus les droits politiques et l’identité culturelle kurde par le gouvernement AKP de Turquie et que soit libéré leur leader Abdullah Öcalan ; ils entendent également exiger la fin d’arrestations arbitraires d’élus territoriaux et nationaux du BDP, d’avocats, de journalistes, d’artistes ( plus de 6000 cas recensés !), ainsi que des répressions brutales des manifestations de dizaines - voire de centaines – de milliers de Kurdes par la police turque dans toutes les villes du Kurdistan turc.

La question kurde ne pourra être résolue que par des négociations politiques, comme ce fut, par exemple, le cas pour l’Irlande du Nord, il y quelques années en arrière. Toute personne souhaitant les soutenir peut leur rendre visite en l’église Saint-Maurice de Strasbourg. »

La grève s’étend partout

Des centaines d’autres kurdes participent à la grève de la faim de manière limité à deux ou trois jours, dans les villes comme Diyarbakır, Malatya, Batman, Urfa, Sirnak, Van, Agri, Hakkari, Mardin, Istanbul, Adana et Izmir.

Le 1e mars, tous les maires du BDP ont entamé une grève de la faim pour deux jours en signe de solidarité avec les prisonniers politiques.Plus de 6 300 membres actifs de ce parti dont 31 maires sur 98 sont actuellement en prison dans le cadre d’une campagne de répression sans précédente lancée en 2009.

Entre le 1er et 4 mars, une grève de la faim de deux jours a été également organisée à Marseille, Londres (Royaume-Uni) et à Graz (Autriche). ( http://www.actukurde.fr/)