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La publicité est un combat quotidien

Publie le mardi 22 février 2005 par Open-Publishing
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Depuis quelque temps, une publicité pour l’ancien organe central central du Parti Communiste Français (PCF) est visible par les Parisiens ...sur la carrosserie de véhicules de taxi : l’Humanité est un combat quotidien.

On se souvient des pressantes invitations à souscrire "pour que l’Humanité vive", quelles que soient les dérives bien-pensantes du journal dont le marchand de canons Lagardère est actionnaire.

On se souvient de la finesse d’une campagne publicitaire qui exposait le visage de Marx recouvert de tranches de concombre.

On se souvient des propos de Robert Hue, invitant à "ne pas diaboliser les patrons", quelques années avant qu’il recueille 3,37 % aux seules élections présidentielles où il aura été candidat.

On se souvient des réunions publiques, organisées sur le mode des "variétés" de la télé-poubelle (c’est vrai, quoi, "le PCF est un parti Populaire") où la Marseillaise est préférée à l’Internationale.

On se souvient des défilés de mode au siège du Colonel Fabien.

On se souvient des professions de foi de ceux qui se disent "européens", créeant ainsi les conditions des difficultés à rassembler efficacement contre l’Union européenne, alors que le seul champ de luttes que doit se fixer un parti politique digne de ce nom est la planète.

On se souvient des outrances de ceux qui se croyaient en mesure de justifier la publicité patronale dans des organes syndicaux de la CGT. ("Faut bien prendre l’argent là où il est").

On ne doute pas que des militants du PCF vont proposer des arguments pour justifier le fait qu’il faut bien donner aussi l’argent là il où il doit aller (compagnies négrières de taxi, boîtes de pub)... avec les cotisations des membres du parti. ( "Ben ouais, quoi, pour que le journal existe dans la modernité contemporaine, il faut bien s’ouvrir à la publicité, quoi.")

On est néanmoins en droit de s’interroger sur la nature de la "cible" (1).

Qui prend les taxis à Paris, où malgré ses sérieux inconvénients, les transports en commun permettent de se déplacer correctement ?

Sont-ce les ouvriers, les chômeurs, les smicards, les étudiants, les retraités ?

Est-ce le moyen que choisissent les administrateurs de "l’Huma" pour les conduire au combat que de leur présenter le quotidien sur une voiture qu’ils n’ont pas les moyens d’utiliser ?
Où s’agit-il d’autre chose : la population parisienne est aujourd’hui une population plutôt aisée, avec des poches de pauvreté résiduelle, en voie de disparition, par le jeu des politiques du logement menées par les pouvoirs publics. La cible est donc différente de ce que l’on peut naïvement imaginer...elle invite la bourgeoisie à lire l’Huma afin de mesurer à quel point la "page stalinienne" à été tournée...c’est le moyen choisi par les publicitaires qui croient ainsi (ou qui font croire aux dirigeants de l’Huma qu’ils le croient) améliorer le chiffre des ventes.

L’Huma aurait pu faire un autre choix : virer les curés, en soutane ou non, dont les propos ont investi les colonnes du quotidien. Reconstruire un journal prônant la nécessité de véritables mobilisations interprofessionnelles, en défendant pied à pied tant le Code du Travail que les statuts des salariés du secteur public, sans le dénigrement sournois de l’extrême-gauche qui la caractérise parfois, dans un cadre de lutte des classes.

Si elle avait fait ce choix, elle n’aurait pas besoin d’enrichir les publicitaires et les taxis, car elle aurait gardé son lectorat.
Si ellle avait fait ce choix, elle n’aurait pas eu besoin de se vendre à Lagardère, qui comme chacun sait, n’a aucune influence sur la ligne éditoriale... et gestionnaire.

Si elle avai fait ce choix, elle serait restée un journal...pouvant se réclamer du communisme.

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