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DOSSIER ALTERCROISSANCE / CHAPITRE 4

Publie le mardi 22 février 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Ce texte fait partie d’un dossier complet sur l’altercroissance en cours de réalisation. Vous pouvez trouver les précédents volets en cliquant sur les liens ci-dessous.

 Préambule
 Introduction
 Chapitre 1
 Chapitre 2
 Chapitre 3
 Chapitre 4
 Chapitre 5


RECYCLAGE | SUREMBALLAGE

Les lois naturelles qui régissent la vie sont basées sur un cycle. La philosophie orientale parle plus exactement d’un cercle. Casser ce cercle en ne recyclant pas, c’est inexorablement s’attaquer à l’ensemble du vivant. Au jour d’aujourd’hui, le recyclage n’est qu’une vaste fumisterie mise en place par les pouvoirs publics afin que le citoyen ait l’impression que la boucle est bien bouclée. Et pour ceux qui en doutent, soit on essaye de leur faire croire que les ressources sont infinies, soit on fait en sorte qu’ils la mettent en veilleuse.

LE RECYCLAGE

1) La fumisterie des pouvoirs publics

Pratiquement tout le monde est d’accord sur la nécessité du recyclage. A cette fin, on demande au citoyen de trier ses déchets. Fort bien ! Mais quel pourcentage est en réalité recyclé ? Pas facile d’avoir des chiffres exacts étant donné qu’ils sont faussés. En réalité, la part de ce qui est réellement recyclé est infime à partir du moment où l’on retire un paramètre qui n’a rien à voir avec le recyclage. Selon de nombreuses sources officielles, le fait de brûler des déchets pour produire de l’énergie serait du recyclage. Ben voyons ! A ce moment là, mieux vaut revoir complètement la forme du logo recyclage, parce que dans le cas présent, c’est carrément tiré par les cheveux.

Faudrait peut-être voir à ne pas trop induire les citoyens en erreur. Forcément, quand on voit un logo avec trois flèches vertes qui tournent sur elles-mêmes, on pense tout de suite à l’écologie et à l’infini. Pourtant, tous ceux qui ont la déveine d’habiter à coté d’un incinérateur de déchets ne le voient pas de cet œil. Claironner que de brûler un sac plastique c’est écologique parce que ça peut alimenter une ampoule électrique pendant quelques minutes, c’est de la propagande dont les capitalistes sont les instigateurs. Non seulement c’est très dangereux pour la santé car ça rejette tout un tas de saloperies dans l’atmosphère (de la dioxine, entre autres), mais c’est aussi du gaspillage. Comme quoi, l’écologie a souvent bon dos - surtout quand elle vient de droite.

Dans ce domaine, les politiques et les industriels ne sont pas les seuls à blâmer. Le consommateur a une énorme part de responsabilité. A partir du moment où il jette quelque chose à la poubelle, ce n’est plus son problème. Pourtant, à chacun sa merde. A chacune et chacun de faire en sorte qu’elle ne nuise pas à autrui et qu’elle revienne dans le cycle naturel. C’est trop facile de consommer n’importe quoi, n’importe comment et de jeter ensuite à la poubelle en se lavant les mains de ce que ça devient en se disant que les politiques vont régler le problème. Dans ce domaine, le consommateur n’est pas prêt à changer ses sales habitudes. Partant de ça, les politiciens qui sont tous de fins démagogues ne sont pas à la veille de lever le petit doigt, d’autant plus que les industriels les poussent aussi dans ce sens. Quand il s’agit de produire, tout le monde est d’accord pour consommer. Quand il s’agit de retraiter, il n’y a plus personne pour payer la facture. Du coup, le problème se transforme en business soumis à la loi du marché. Étant donné, qu’en l’état actuel des choses, recycler coûte plus cher que de tirer sur les ressources, on préfère se débarrasser du retraitement en le confiant à celui qui présentera la facture la moins chère. Ce qui revient à dire : au service le plus bas de gamme. Et dans ce cas là, il n’y a pas photo, c’est les incinérateurs qui s’en tirent le mieux. Non seulement certains n’hésitent pas à les faire passer comme étant écologiques du fait qu’il produisent soit de l’électricité, soit du chauffage, mais en plus ils seraient sensés être moins polluants que les décharges classiques. C’est vrai pour ce qui est de la pollution visuelle, mais pas pour ce qui est de l’impact sur l’environnement. Mais attention, je ne fais certainement pas l’apologie de l’enfouissement des déchets, pour l’instant, je me contente juste de donner la solution « la moins pire » entre deux.

A ce stade, il faut bien comprendre que dans le schéma actuel, recycler coûte cher, tant au niveau de la main d’œuvre qu’à celui des équipements et que personne ne veut payer, ni vraiment mettre la main à la pâte. Voilà où nous en sommes, à partir de ça, on peut chercher des solutions.

2) Penser au recyclage dès la conception d’un produit

Pour faire des progrès significatifs dans le domaine du recyclage, il faudrait imposer à toutes les entreprises un cahier des charges draconien concernant la recyclabilité de leurs produits. Pour ce faire, il faudrait non seulement imposer 100% de matériaux recyclables, mais aussi qu’ils soient ensuite faciles à identifier et à séparer les uns des autres. A partir de là, avec un peu de bonne volonté politique derrière, on peut arriver à de très bons résultats. Pour ce faire, il faudrait déjà que les élus comprennent que si l’on peut produire de l’énergie en brûlant des matières plastiques, c’est tout aussi vrai que l’on peut aussi en produire en laissant fermenter des déchets d’origine alimentaire. Et d’ailleurs, quel intérêt du moment que l’on sait faire de l’énergie propre ?... Mais n’allez pas trop leur en demander d’un coup, ils prendront réellement conscience que la Terre se réchauffe quand, d’ici quelques années, leur climatiseur tombera en panne en plein mois de février à Paris.

3) Choisir les matériaux

Ce n’est pas un scoop, le verre est quasiment recyclable à l’infini, on n’en maque pas, il est facile à retraiter, et pourtant on l’utilise de moins en moins. Son sort en est jeté, la tetrabrik et le plastique l’ont détrôné, mais à quel prix ! Ce n’est pourtant pas compliqué de remettre le système du verre consigné en place. A partir de là, on peut en faire des conserves, des emballages de produits laitiers, ainsi que tout un tas d’autres applications. On peut aussi parler des matières plastiques biodégradables fabriquées à partir de végétaux. C’est encore très cher, mais c’est toujours pareil, il faut chercher du coté des mauvaises volontés pour comprendre pourquoi la situation n’évolue pas. Bon, on ne va pas tout passer en revue non plus, l’idée c’est juste de comprendre le principe.

4) Faire des choix

On ne peut pas toujours avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière. Dans la vie, il faut savoir faire des choix. Par exemple, savoir choisir entre rationalité et design. Ce que l’on demande en premier à un objet, c’est de fonctionner. Après ça, tant mieux s’il est beau, mais l’essentiel, c’est qu’il fonctionne. Partant de ça, les trucs pimpants en alliage machin hyper polluant à fabriquer et quasi impossible à recycler devraient être tout bonnement bannis. Ça ne fait aucun doute, le progrès passe par le développement d’objets nouveaux dont l’utilité n’est pas à démontrer. Maintenant, pour que ce soit un vrai progrès, il faut absolument inclure la notion de développement durable. Sinon, pour faire une raffarinade ou bien du van Damme, c’est une pente qui conduit vers le bas.

5) Se donner les moyens

Si l’on veut que le recyclage à 100% devienne une réalité, il faut que tous les acteurs de la chaîne de la consommation s’en donnent les moyens. Et dans cette chaîne, il y a aussi les élus locaux. A vous de faire pression sur eux pour qu’ils investissent dans de VRAIES stations de retraitement, plutôt que dans des incinérateurs ou des décharges. Sans moyens, on ne va pas loin. C’est pourquoi il faut soit les demander, soit les prendre en cas de refus. C’est juste une question de survie à moyen terme. Si je parle de 100%, c’est que j’ai horreur des mesurettes. Quand un problème est de taille, il faut des objectifs à la hauteur pour en venir à bout. Nous sommes plus que devant un problème de santé publique, ça va beaucoup plus loin que ça.

LES SUREMBALLAGES

S’il fallait une preuve que la société de consommation conduit au n’importe quoi, les suremballages en sont une accablante. Il n’est pas rare de constater que, bien souvent, le contenant coûte plus cher que le contenu. De nos jours, rien n’est épargné pour berner le chaland, et surtout pas la planète. Peu importe l’ivresse pourvu qu’il y ait le flacon, pourrait être la devise des temps dits « modernes ». Tous les spécialistes du marketing le confirment, on peut vendre n’importe quelle merde à prix d’or du moment que l’on aura mis le paquet sur le conditionnement. Nous ne sommes plus à l’époque où l’on se contentait de conditionner raisonnablement les marchandises pour leur transport et leur mise sur étal, nous sommes à l’heure du packaging. Remarquez au passage comme ces fourbes de capitalistes sont malins. Dès qu’ils inventent une méthode pour couillonner le consommateur, ils lui donnent un nom « hipe ». Comme ça, le mougeon se fait berner en pensant qu’il est « chébran ». Après tout, il peut l’être, puisque c’est lui le con qui paye. Mais ça, on se garde bien de lui expliquer.

Fort de ce constat, les industriels peuvent continuer d’emballer leurs yaourts, qui sont maintenant sensés faire baisser le taux de cholestérol, dans de luxueux emballages individuels en plastique, recouverts d’une grosse couche de carton bien colorée à l’encre bien polluante, le tout assorti d’un magnet à coller sur le frigo qui gratifiera l’acte d’achat tout en matraquant l’utilité de consommer les produits de la marque, dont bien peu de dirigeants savent à quoi ressemble une vache.

Dans ce cas, comme dans bien d’autres, nous sommes dans un cercle vicieux. Pour vendre des produits, il faut y mettre la forme. Les producteurs et les acheteurs s’encouragent l’un l’autre en ce sens. Un article qui serait vendu sans emballage superflu, serait instantanément jugé suspect par le consommateur, même s’il est de bien meilleure qualité. On aura beau faire, on aura beau dire, les atavismes sont là.

Et pourtant, sur ce point, au niveau du levier décroissance on pourrait faire des progrès spectaculaires sur l’économie des ressources. Mais que faire ? Lancer un ultimatum aux politiques, aux publicitaires, aux industriels...? Certes, ça ne mange pas de pain, mais autant pisser dans un violon pour jouer une symphonie en altercroissance majeur. Faire de l’information ? Faire de l’info pour un problème qui tombe sous le sens et que tout le monde connaît, ça donne bonne conscience, mais chassez la moutonite, elle reviendra au galop. Tant qu’un mouvement de masse n’aura pas lieu, pas grand monde ne sera prêt à changer ses habitudes, juste histoire de rester dans le moule social faussement protecteur que la ploutocratie a créé de toute pièce à grands renforts de médias aux ordres. Donc, sur ce point, à part grignoter le terrain petit à petit jusqu’au grand soir, je ne vois pas d’autres solutions.

CONCLUSION

Sur les deux sujets soulevés dans ce chapitre, je ne vais pas faire preuve d’optimisme forcené quant à la facilité qu’il pourrait y avoir à changer les mauvaises habitudes. On est vraiment sur deux points qui sont très difficiles à faire bouger en militant individuellement. Dans ce domaine, les choses ne peuvent changer que dans le cadre d’une réelle volonté politique. C’est donc deux points à faire inscrire sur les programmes des partis et syndicats. Pour ce qui est du recyclage, un élu local a le pouvoir de faire évoluer la situation dans le bon sens. Pour les suremballages, il faut une grosse pression politique sur les industriels pour que ça change. Et ça, c’est loin d’être gagné. Tant que la société sera basée sur l’argent et le profit, ce sera toujours les lobbys les plus riches qu’ils l’emporteront. Certes, on pourra toujours les faire plier un tout petit peu, mais de là à les faire céder...

Mais ne soyons pas défaitistes pour autant. S’il suffisait d’agir sur un ou deux points pour qu’une transformation sociale ait lieu, ça serait tellement simple que ça serait fait depuis longtemps. De même que la décroissance ne répond pas à tous les maux que nous traversons, l’altercroissance ne se suffit pas à elle-même. Ce n’est qu’une pièce du puzzle, indissociable d’un ensemble que l’on va nommer : révolution/évolution. Ce n’est pas parce que des problèmes sont plus ardus que d’autres qu’il faut les délaisser pour autant. A mon sens, le mieux est de profiter de ceux qui sont plus faciles à résoudre par tout un chacun pour mettre les autres en relief. A force de militer où le vent me porte, j’ai acquis l’intime conviction que, petit à petit, la révolution fait son nid. Je ne sais pas si vous savez où vous allez, mais en ce qui me concerne, je sais où je suis, j’ai déjà pratiquement les deux pieds dans cet autre monde possible qui ne demande qu’à s’étendre. Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des bonnes et des mauvaises volontés. Tout est réversible, y compris les esprits les plus réactionnaires. Pour l’instant, l’important c’est d’identifier au maximum tout ce qui ne va pas et d’essayer de trouver des solutions pour y remédier. Quand cette tache sera finie, le reste viendra tout seul.

Messages

  • >>Pour l’instant, l’important c’est d’identifier au maximum tout ce qui ne va pas et d’essayer de trouver des solutions pour y remédier. Quand cette tache sera finie, le reste viendra tout seul.

    yeah man ;o]
    on aurait aussi pu dire aussi : il faut etre sure de tout connaitre pour tout detruire

    Je sais qu’ a partir du moment ou tu es ’à decouvert’ tu ne peux pas dire tout ce que tu veux, mais là tu continues dans le reformisme de base, y manque quelquechose sinon c pas productif...
    J’avais pecho une video de toi sur emule, tu reussissais mieu a melanger... Style tu collais des papier ’en panne’ sur des distributeur (le coté altercouille) mais a coté tu donnais la parole à un mec qui disait que lui il trouvait ça nulle et qu’il serait plus intelligent de balancer un parpaing ( le coté anarcouille ;o] )

    a+
    kAm

  • Et pourtant, sur ce point, au niveau du levier décroissance on pourrait faire des progrès spectaculaires sur l’économie des ressources. Mais que faire ?

    Des choses à faire pour court-circuiter ça il y en a plein, comme tu l’as dit dans le chapitre 1 : systèmes d’échanges alternatifs, échanges non-marchands, etc... mais ça ne peut passer que par les gens. Les grands groupes industriels ne feront rien tant que leurs bénéfices ne seront pas menacés.

    Le problème des suremballages est indissociable de la consommation de masse, on ne peut le résoudre qu’en développant une démarche individuelle de consommation non superflue. Si on veut qu’il n’y en ait plus il faut simplement ne plus acheter de produits suremballés, et ce de façon massive (comme le disait Coluche "quand je pense qu’il suffirait que les gens ne l’achètent pas pour que ça ne se vende plus"). Pour cela il faut de façon massive arrêter d’acheter des trucs à la con, et pour cela comprendre que ce sont des trucs à la con, et arrêter de croire qu’on en a besoin. Il s’agit là d’une mutation d’ordre carrément anthropologique, pour laquelle une campagne d’information aurait d’après moi peu d’impact, à moins de trouver le truc qui engendre un déclic massif...

    Pour ce qui est du recyclage il y a des solutions simples datant d’avant l’ère consumériste : recours comme tu l’as dit aux récipients en verre consignés au lieu du plastique ou des tetrabriks, utilisation de sacs en toile pour les courses au lieu de sacs plastiques, etc... Là aussi, le problème réside dans l’image "vieillote" véhiculée par ces solutions, et ce qui est intéressant à regarder c’est pourquoi des solutions qui datent sont systématiquement considérées moins bonnes que celles issues de progrès techniques. Là aussi problème d’ordre anthropologique. Même en faisant du marketing pour donner une image "hype" aux consignes et aux sacs en toile et une image ringarde au plastoc, cela ne changerait pas le rapport des gens aux objets.

    korrotx