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Les fulgurances pédagogiques de la FCPE

Publie le lundi 26 mars 2012 par Open-Publishing
16 commentaires

La FCPE lance une campagne à destination des familles pour qu’elles incitent les écoliers à refuser les devoirs scolaires.

Obliger à apprendre les tables de multiplication, la conjugaison, les dates d’histoire, ou les capitales des pays voisins est en effet la preuve irréfutable que les enseignants sont pervers.

De plus, les enseignants sont des alliés objectifs du grand capital, car les effets de leurs exigences insensées creusent les inégalités sociales : les enseignants sont les valets du grand capital.

Les dirigeants de la FCPE, de leur côté sont très vigilants : leurs propres enfants sont parfaitement libres à 16h30, et parfaitement illettrés en CM2.

Merci, la FCPE, pour tant de lucidité.
Du fond du coeur, les classes populaires reconnaissantes.

Messages

  • La FCPE ne pourrait-elle pas faire campagne pour que le parents éteignent la télé, limitent les usages de jeux vidéos et le téléphone portable après l’école, pendant les devoirs, qui n’ont jamais tué les élèves que nous étions ?

  • A part les manifs, la FCPE brille par son silence lors des conseils.

    • Tout d’abord il faut tout dire : la FCPE à ma connaissance appelle à une "quinzaine" sans devoirs à la maison. C’est-à-dire une action symbolique de durée limitée.

      Ensuite il faut préciser la notion de devoirs. Apprendre des capitales de pays étrangers, ce n’est pas un devoir, c’est une leçon. Et c’est tout-a-fait réglementaire. Pas les devoirs, qui sont interdits en théorie.

      D’un point de vue pédagogique, la différence est essentielle. On peut apprendre des capitales de pays étrangers a moitié couché dans un canapé, ou pour les gamins de la campagne, à la belle saison, assis en tailleurs dans l’herbe du jardin. du reste, les benêts satisfaits des devoirs rendus par les enfants de 2012 feignent souvent de ne pas voir que 75% des phrases sont des copiés-collés de trucs trouvés sur Internet.

      D’un point de vue social aussi. Tous les gosses ne disposent pas d’un bureau au calme pour faire les devoirs. C’est une chose que de faire ses devoirs dans sa chambre, c’est autre chose de les faire sur la table de la cuisine avec le petit frère qui fait du bruit.

      Enfin, et c’est ce qui est le plus important, l’encadrement pédagogique par les parents n’est bien évidemment pas le même pour tous. Les miens étaient profs tous les deux, ils maîtrisaient les matières, et un bref passage au crible des résultats de mes efforts leur était suffisant pour, en quelque minutes, adopter l’attitude (encouragement, coercition, "aide technique"...) la plus efficace. Raison pour laquelle, bien que d’un naturel paresseux, je suis passé aux yeux d’un système éducatif sélectif devant certains de mes petits camarades certainement plus courageux que moi, mais qui gaspillaient leurs efforts faute d’encadrement adéquat. En conséquence j’occupe un poste bien rémunéré pendant que d’autres tirent la langue. Merci papa-maman !

      Apprendre une leçon, ça peut se faire dans le cadre familial : le parent qui ne maîtrise pas la matière apprends tout simplement en même temps que l’élève en lui faisant répéter. Produire un écrit c’est autre chose, ne serais-ce qu’au niveau de l’orthographe. Pédagogiquement, produire un écrit est dangereux, car il faut gérer l’échec, l’erreur, aussi bien "techniquement" que sur le plan psychologique. L’immense majorité des parents ne sont pas armés pour cela. Même chez les cadres sup’ qui sont en général de parfaits crétins sur ce plan.

      Raison pour laquelle il existe une tendance, chez certains enseignants, à favoriser ces pratiques, qui permettent une certaine reproduction sociale : non une reproduction de l’ensemble de la structure sociale, mais une reproduction limitée aux professions intellectuelles supérieures : bref, une attitude petite-bourgeoise...

      Dernière chose : la suppression des devoirs à la maison n’est en rien liée au "pédagogisme" dont, il est vrai, certains excès doivent être mis en cause. La circulaire MEN qui supprime les devoirs date en effet des années 50, bien avant mai 68 et la méthode globale...

    • "Pédagogiquement, produire un écrit est dangereux, car il faut gérer l’échec".

      C’est donc entendu : pour éviter d’avoir à "gérer l’échec", n’écrivons jamais.
      D’ailleurs, parler est "dangereux" égalment. Il faut "gérer l’échec", si on dit des sottises ;
      Et penser, ne serait-ce pas "dangereux", également ?

      On trouve des raisonnements étrange, dans l’argumentation type de la FCPE :

      Parce que tous les élèves ne se trouveraient pas dans les même conditions familiales, il faudrait interdire à chacun d’appendre à la maison ?
      Les devoirs sont déjà interdits : rien n’oblige donc les "parents FCPE" à exiger de leur propres enfants à faire leur devoirs.

      Si la FCPE limitait son action à combattre les suppressions de postes, à défendre les élèves sans papiers, ne serait-elle pas mieux dans son rôle ?

    • Ahurissant....
      Parce que le capital socio-culturel n’est pas le même chez toutes les familles, il faudrait contribuer à rabaisser tous les élèves au niveau du plus petit dénominateur commun...
      Depuis trente que le pédagogisme détruit l’Ecole, (la droite a même fini par s’y convertir...) on voit les résultats : les enfants d’ouvriers et d’employés sont désormais quasi-absents des filières les plus "cotées". Bravo la FCPE ("classée à gauche", on ne rigole, pas là-bas, au fond !)

    • Tous les gosses ne disposent pas d’un bureau au calme pour faire les devoirs. C’est une chose que de faire ses devoirs dans sa chambre, c’est autre chose de les faire sur la table de la cuisine avec le petit frère qui fait du bruit.

      Enfin, et c’est ce qui est le plus important, l’encadrement pédagogique par les parents n’est bien évidemment pas le même pour tous.

      Plus que discutable...

      De ces deux constats, incontestables, il paraitrait logique d’en déduire ces objectifs : tout enfant doit avoir les moyens de faire son travail scolaire dans de bonnes conditions matérielles, et avec une aide de qualité.
      Donc à terme justice sociale, meilleurs logements, et à plus court terme : locaux collectifs (municipaux par exemple, ou pourquoi pas dans les écoles et collèges) à disposition des enfants ne pouvant travailler correctement chez eux, et un encadrement gratuit d’aide aux devoirs (par exemple en employant de jeunes étudiants désireux de financer leurs études).

      Bref, une aide de la collectivité pour réduire les inégalités que dénonce à juste titre la FCPE.

      Sans oublier que d’autres conditions d’enseignement (en particulier des groupes très allégés, un taux d’encadrement bien plus élevé) permettraient d’optimiser le temps en classe et donc d’alléger voire de supprimer les devoirs sans baisse du niveau.

      Mais au lieu d’avancer ces solutions, la FCPE commence par la fin en voulant supprimer les devoirs.

      Conséquence : à l’inverse de l’objectif de départ (lutte contre les inégalités), la FCPE aggrave les choses car...
       les enfants des familles aisées, où l’on perçoit très bien que l’école et la réussite scolaire sont la route vers la réussite sociale, continueront à faire des devoirs (ce sont les parents ou le prof particulier qui les donneront),
       les enfants largués continueront à l’être, avec ou sans devoirs ça ne changera rien.
       les enfants un peu limite perdront une occasion d’avancer vers une meilleure maîtrise.

      Soit la FCPE ne s’en rend pas compte, soit elle le sait et est très hypocrite dans cette action, démago pour suivre une demande remontant de la base (et où le confort des parents pèse il me semble plus lourd que l’intérêt des élèves).

      Cela étant, ce que dénonce au départ la FCPE est un vrai problème. Mais on ne résout pas une inégalité en faisant semblant d’aligner par le bas : les enfants des couches populaires doivent bénéficier des mêmes conditions que les autres, c’est ça le bon combat.

      Mais ça exige(rait) de réclamer au futur gouvernement de gros moyens. Serait-ce là l’origine du choix de l’angle d’attaque de la FCPE ? J’espère que non.

      Chico

    • Complètement d’accord avec toi Chico mais il semble que dernièrement ce soit devenu une habitude d’une certaine gauche de penser qu’en cassant le thermomètre tu fais tomber dans la fièvre et la FCPE est depuis quelques mois spécialiste de ce genre de fausses bonnes idées.

    • "Pédagogiquement, produire un écrit est dangereux, car il faut gérer l’échec". C’est donc entendu : pour éviter d’avoir à "gérer l’échec", n’écrivons jamais.

      Tout d’abord il n’est pas question de ne "jamais" écrire. Il n’est pas question de ne jamais se mettre en situation où l’on pourrait échouer. Il est juste question de le faire en étant encadré par un adulte qui à été formé pour cela. Premièrement. Et deuxièmement, en étant encadré par un adulte qui a la distance nécessaire.

      Quant aux arguments du type "nivellement par le bas" ça n’est pertinent que si l’on considère que les problèmes de l’école peuvent se régler par des mesures uniquement quantitatives : certes l’EN est étranglée financièrement, certes il faudrait plus de profs, mais ce n’est pas suffisant pour affirmer que ce serait suffisant et qu’il ne faut rien changer au niveau de l’école. Eh oui : certes l’école est une institution ouverte ou chacun à le droit de faire ses preuves, mais c’est aussi un instrument de sélection et de reproduction sociale.

      Mettre le doigt sur les mécanismes endogènes qui engendrent l’échec, ce n’est pas disculper le pouvoir politique qui ne mets pas les moyens adéquats en face des besoins. Au contraire, c’est porter des revendications qui mettent tout le monde derrière la même banderolle. Parce que le système tel qu’il fonctionne en France depuis des décennies ne profite pas à tous de la même façon.

      Par exemple, de nombreux travaux de sociologie s’intéressent au fait que l’échec scolaire n’est pas forcément vécu comme un échec. Psychologiquement : réussir à l’école quand les copains ou les parents ont "échoué", c’est parfois vécu comme une trahison. Mais aussi de manière tout à fait concrète : à part pour les grands bourgeois, l’effort financier fourni par la famille parvient rarement à assurer aux étudiants, par exemple, ne serais-ce qu’un smic pour vivre. Dans ce cadre, les filières courtes permettent de consommer tout de suite et d’être autonome.

      Perso, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui ne me tannaient pas trop et qui me disaient en rigolant : "Si tu n’est pas pris à Harvard, c’est pas plus mal parce que les études aux états-unis, ça coûte bonbon". Par contre, deux ou trois mille volumes dans la bibliothèque, ça aide. Et le bibliobus et la bibliothèque du FJEP aussi, quand tu es plus jeune et que tu as plutôt besoin de bouquins pour enfants.

      Il y a dans le Coran un passage que certains devraient méditer : l’ange dit par trois fois à Mohammed "lis !" et le pauvre, qui ne sait d’ailleurs pas lire, ne parvient pas à obtenir de réponse à la question de savoir ce qu’il faut qu’il lise. "lis !" se suffit à lui-même, pour le religieux c’est un acte de foi car dieu enseigne aux hommes "au moyen du calame". De manière tout à fait concrète, et un peu plus laïque, la chose qui manque dans l’éducation d’aujourd’hui c’est plutôt ça : prendre un bon bouquin et lire les pages dans l’ordre, affalé sur le canapé, pour le plaisir et pas pour "faire ses devoirs". Et le résultat monayable dans la vie scolaire et professionnelle, il saute aux yeux : du vocabulaire, du style, de la culture générale... Et la capacité de lire très rapidement un texte quel qu’il soit, of course.

      Tout le reste, c’est du dressage, pas de l’éducation. Du travail harassant, de la besogne de tâcheron, de la déformation et pas de la formation.

    • la critique est aisée,
      vous feriez mieux de vous documenter sur le site de la FCPE nationale et vous pourrez constater que les manifs comme vous dites ne sont pas nos principales occupations !
      nous n’avons de cesse de rompre le silence au risque de se faire incendier comme ici pour que soit mis fin aux injustices au sein du système éducatif public .
      les devoirs ecrits à la maison , car si vous savez lire puisque je suppose que vous êtiez bon élève car non adhérent fcpe , sont une injustice car tous les parents ne peuvent pas soutenir leur cherubin soit par manque de temps, soit par manque de connaissance ..... pour celà il y a des professionnels les enseignants en principe !
      et contrairement à ce que vous pouvez penser en lisant en diagonale notre appel , nombreux sont les enseignants qui contestent l utilité des devoirs écrits à la maison,
      et la fcpe n’a jamais fait que suivre les ordres données par l inspection académique elle même , allez sur le site de l inspection du nord vous serez étonné !!
      une militante fcpe

    • "De manière tout à fait concrète, et un peu plus laïque, la chose qui manque dans l’éducation d’aujourd’hui c’est plutôt ça : prendre un bon bouquin et lire les pages dans l’ordre, affalé sur le canapé, pour le plaisir et pas pour "faire ses devoirs". "
      Que chacun "apprenne" comme il le veut, sur un canapé ou en faisant ses devoirs. Le problème est ailleurs ;l’écrasante majorité des élèves ne font plus que du copier-coller...sûrs qu’ils sont de ne plus être sanctionnés et de passer en classe supérieure.

    • Voila une mère d’élève qui vient dire aux eneesignants comment enseigner..une de plus.

  • l’Icem et la Fcpe excluent les devoirs
    mais pas les révisions, les préparations d’exposés...

  • Pour qui rame la FCPE ? Si elle rame pour le PS c’est une des façons de le discréditer. J’attends toujours à ce jour d’entendre ses propositions lors de conseils. De gentilles personnes sachant brosser dans la sens du poil.