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DOSSIER ALTERCROISSANCE / CHAPITRE 5

Publie le mercredi 2 mars 2005 par Open-Publishing
12 commentaires

Ce texte fait partie d’un dossier complet sur l’altercroissance en cours de réalisation. Vous pouvez trouver les précédents volets en cliquant sur les liens ci-dessous.

 Préambule
 Introduction
 Chapitre 1
 Chapitre 2
 Chapitre 3
 Chapitre 4


de Matt Lechien

MODE | JETABLE | RÉPARABLE

Au royaume de la consommation, l’usage unique est roi.

Ça va vraiment être dur de rédiger ce chapitre sans que je m’énerve. Je suis pourtant loin d’être coutumier du fait, mais dès qu’il s’agit de gaspillage à l’échelle industrielle quand des centaines de millions d’êtres humains manquent cruellement de tout et que la planète agonise, mon sang ne fait qu’un tour. Alors si ce texte doit finir hardcore, autant qu’il commence comme ça aussi. Pour les mélomanes avertis, sachez qu’on va attaquer à 280 BMP (Baffes Par Minute).

Très franchement, ça me désole d’être obligé d’user ma plume pour des sujets tellement évidents que l’on devrait en parler au passé depuis belle lurette. La plupart du temps, j’ai une confiance indéfectible dans les capacités positives de l’espèce humaine. Mais sur ce coup là, je dois bien avouer que j’ai l’impression d’écrire pour un troupeau de veaux qui ne pense qu’à sa panse sans ce soucier des lendemains qui déchantent.

Certes, je ne généralise pas non plus. Il doit bien y avoir un petit pourcent de la population qui n’est pas affecté par la frénésie de bonheur empoisonné que leur promet notre très outrancière société de consommation. Peut-être même qu’un petit groupe de personnes, disséminées ici et là, ont un système immunitaire qui leur permet de se protéger contre la fièvre achetrice et la mougeonite. C’est peut-être une piste à suivre pour développer un futur vaccin contre le capitalisme. Allez savoir ? Par les temps qui courent, il ne faut négliger aucune option, pour que triomphe la raison, pour que crève la cupidité.

FUCK THE MODE

Comme pourraient le chanter les Exploited qui ont bercé mon adolescence : Fuck the mode ! Jamais je ne pourrai kiffer une meuf qui possède quatre cent paires de chaussures. Jamais je n’aurai de respect pour un gadjo qui possède dix voitures pour lui tout seul. Qu’on se le dise, l’humain est con. N’échappant pas moi-même à la règle, allons-y donc gaiement et en cœur SVP : Vive nous, vive les cons ! Maintenant qu’on s’est bien autocongratulé, on va pouvoir poursuivre sereinement. Commençons donc par séparer les cons en deux catégories :

1) Le con branchouille

Le con branchouille peut aussi être une conne, mais étant donné que je n’ai pas envie de me fatiguer à rajouter des « ne » ou des « nes » partout derrière ce qualificatif si peu envié, on va dire qu’être con c’est singulier et unisexe. Maintenant que les problèmes de sémantique sont réglés, revenons à nos mougeons. S’il est une espèce qui peut vous dévaster une planète plus rapidement que des nuées sauterelles géantes sans prédateur, c’est bien l’homo mougeonus. Figurez-vous que cet oiseau de mauvaise augure est formaté pour croire que la construction et l’accomplissement de soi passe par la consommation. Dans sa petite tête, ça ne fait aucun doute : devenir quelqu’un, ça doit forcément passer par quelque chose de matériel. Mais quoi ? Alors dans le doute, il faut tout acheter jusqu’à trouver l’objet absolu, l’aboutissement du chic et branché qui est sensé transformer n’importe quel quidam en un superhéros adulé de tous. Telle est la promesse de la mode. Marche ou crève est sa devise.

Au niveau vestimentaire on atteint le sommet du ridicule. « Je ne peux pas reporter cette chemise cette année » s’écriait une adepte du shopping. « Ah bon, pourquoi ? », lui répondit sa copine. « Parce que les rayures en travers, ça ne se fait plus ! » rétorqua-t-elle avec aplomb. Pourtant, cette chemise elle était de super qualité. Elle aurait pu la porter facilement quelques années encore - en alternance avec d’autres vêtements, cela va de soi. Mais non ! Son sort en était jeté, la liquette a fini dans le vide ordure, sacrifiée sur l’autel de la collection automne/hiver 2005 pendant J.C (Jacques Chirac). Brrrrrr... cette fiction fait froid dans le dos. Non pas que la chemise ne soit pas chaude, mais parce que c’est pathétique. Ce type de comportement irraisonné, à la limite de l’irrationnel, n’épargne aucune couche de la société. Même les plus cultivés tombent comme les autres dans ce piège à con que l’on appelle la mode.

Bien sûr, quand un objet est en fin de vie, qu’un vêtement est usé, il faut le remplacer. Ce n’est pas moi qui dirai le contraire. Pour aller plus loin, je rajouterai même que prendre soin de son apparence n’est pas répréhensible en soi. Mais on peut très bien être coquette ou coquet sans pour autant suivre la mode. Et aussi se faire une personnalité sans que celle-ci ne soit forgée par l’économie de marché. Le problème avec cet attrape-couillons qu’est la mode, c’est qu’il produit un gaspillage monstre, tant au niveau des ressources que des heures de main-d’œuvre. Avec cette chienlit, c’est le double esclavage. L’esclavage visible du consommateur qui court derrière la mode comme un abruti sans jamais la rattraper et l’esclavage que l’on cache, celui des petites mains qui fabriquent les produits dans des conditions plus qu’inhumaines.

2) Le con éclairé

Tant qu’à être le con d’un autre, autant l’être pour de bonnes raisons

Le con éclairé c’est celui qui est conscient que chaque jour nouveau est une opportunité de progression personnelle au sens noble du terme. Jamais il n’atteindra la perfection, mais au moins il cherche à s’en rapprocher au prix d’efforts et de réflexions qui le conduiront loin de ces bonimenteurs de publicitaires, de ces escrocs de faiseurs de mode, de ces démagos de politiciens... enfin bref, de toutes les chimères de la société du spectacle qui, en définitive, ne servent que les intérêts d’une ploutocratie irresponsable, cynique et méprisante qui ne doit son pouvoir qu’à l’étroitesse d’esprit de ses sujets et à l’absence de grands projets commun de société. Si l’habit ne fait pas le moine, la mode fait le mougeon. Alors tant qu’à être con, puisque quelque part c’est inévitable, autant être un con en liberté qu’une fashion victime décérébrée prisonnière des diktats du monde marchand.

BANNISSEZ LE JETABLE !

Rasoirs jetables, mouchoirs jetables, couverts jetables... et demain ? Voitures à usage unique ? Mobilier à usage unique ? Électroménager à usage unique ?... Jusqu’où va aller l’irresponsabilité collective ? On se le demande ! A force de tout jeter, l’homo capitalus prendra un jour conscience qu’il n’a plus rien et qu’après une courte période d’opulence sur l’échelle de l’évolution... il faut faire longue abstinence.

Sur ce coup là, c’est tellement basique que je jette l’éponge. Je veux bien essayer de trouver des circonstances atténuantes, des trucs qui sortent un peu de l’ordinaire, des solutions miracles... mais j’ai beau chercher... je n’en trouve pas. Certes on pourrait être tenté de se dire, qu’après tout, ce merdier planétaire c’est de la faute aux publicitaires et à leurs commanditaires. Mais quelque part, c’est trop facile. Quand on réfléchit bien, on est bien obligé de se dire qu’ils ne sont pas les seuls responsables. En substance, leur sale besogne consiste à manoeuvrer sur ce qu’il y a de plus bas dans l’esprit humain afin de refourguer de la camelote. Pour ce faire, ils s’appuient, entre autres, sur le sentiment de supériorité, la peur, l’envie, la jalousie, le désir de puissance... bref, sur tous les bas instincts. Si on en est là, c’est en grande partie à cause du vide idéologique qui caractérise notre époque. Dès le milieu du siècle dernier, on est passé d’une régression à une autre. De la religion céleste qui prône l’abstinence, à la religion terrestre qui prône la surabondance. Et malheureusement pour nous, si au fil de l’évolution humaine on a vu s’élever dans les périodes critiques des personnes assez fortes et charismatiques pour foutre en l’air le bordel établi, cette fois ci, ce n’est pas le cas. Le servage moderne est tellement bien conçu, que l’esclave qui s’ignore n’est pas vraiment enclin à sortir de sa condition. Reste, ici et là, quelques irréductibles que l’on nomme des altermondialistes, qui errent de forums sociaux en soirées débat à la recherche du nouveau Che. De celle ou de celui qui aura les couilles de foutre en l’air ce système de dupe sans lui faire aucune concession. Malheureusement, tout ce petit monde ignore que l’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même et que disserter pendant des années sur les malheurs de notre société n’a jamais rien fait avancer. Pas de changement sans action, c’est mathématique.

EXIGEZ DU RÉPARABLE !

Commençons donc ce paragraphe par une petite fiction :

Dernièrement, môssieur X, consommateur mondain de son état, fût confronté à une vague de pannes dans son équipement électroménager. Cela commença par le frigo qui tomba en rideau. Notre anti-héro prit alors son téléphone pour s’allouer les services d’un dépanneur : « Oyé, gentil damoiseau ! Le module de mon réfrigérateur qui permet de faire ses courses sur internet est tombé en panne. Depuis, plus rien ne fonctionne à part la veilleuse. » Le professionnel de la profession lui répondit du tac au tac : « Changez votre appareil, môssieur X ! Remplacer le module coûte plus cher que de racheter un frigo neuf. Tout est interconnecté. Si un élément tombe en panne, votre appareil est hors d’usage. Nous vous ferons un tarif spécial si vous prenez un modèle de notre marque. » Quelques jours plus tard, ce fût au tour de la machine à laver. Comme par hasard, à l’issue des deux ans de garantie, impossible de la mettre en route. Du coup, môssieur X décida d’appeler la hot line du fabricant. Cette dernière étant délocalisée pour faire baisser les coûts, il tomba sur un hotlineur à fort accent asiatique. Il commença par lui expliquer que la panne avait commencé suite au dérèglement du système de synthèse vocale qui permet d’entendre la machine monologuer sur ses programmes dès que l’on appuie sur un bouton. Son interlocuteur qui avait l’air de très bien connaître le problème lui répondit : « Machine niquée ! Toi devoir changer. Réparer, trop cher. Trop compliqué. Machine niquée, toi changer machine. Moi faire prix à toi si toi racheter chez nous. » Par la suite, la série des pannes continua. Les appareils tombaient toujours en panne peu après l’expiration de la garantie. Mais môssieur X ne décrocha pas son téléphone, car môssieur X avait compris que ce n’était pas que son équipement électroménager qui était niqué. C’est lui qui se faisait berner par un système auquel il se résigna finalement à s’adapter. Alors notre brave môssieur X, qui n’est pas la moitié d’un con, décida de contre-attaquer en souscrivant des extensions de garantie qui, comme par magie, permirent à son équipement de durer deux fois plus longtemps sans qu’aucune panne ne vienne gâcher le plaisir non dissimulé qu’il prend en utilisant des appareils high-tech.

Voici donc qui illustre, en grossissant à peine le trait, le problème auquel nous sommes tous confrontés. Il est de plus en plus dur de réparer ses objets usuels soi-même. Cela va même beaucoup plus loin que ça : La notion du réparable est en train de tomber complètement en désuétude. Du coup, c’est les fabricants et leurs actionnaires qui se frottent les mains. Ils sont arrivés au sommet de ce que le capitalisme sait faire de mieux : tromper le quidam pour gagner un maximum de fric.

Pourtant, la solution est simple. Que demande-t-on à une machine à laver ? De laver le linge ! Que demande-t-on à un réfrigérateur ? De tenir les aliments au frais ! Pour ces deux exemples, il s’agit de technologie simple, facile à fabriquer et normalement tout aussi facile à réparer. Alors pourquoi aller coller là-dedans tout un tas de gadgets électroniques qui montent les coûts et compliquent considérablement la tâche des réparateurs, sinon pour berner le consommateur ? Souvenez-vous, il y a encore quelques années, on trouvait des réparateurs de Hi fi et d’électroménager à tous les coins de rue. Dans l’absolu, un téléviseur récent pourrait être tout aussi réparable qu’un modèle qui date de vingt ans. C’est donc au niveau de la conception que le bât blesse, et aussi au niveau des consommateurs qui ne savent pas faire leurs comptes. Mieux vaut investir une bonne fois pour toute dans un modèle robuste et réparable que de faire un crédit tous les quatre ans. Cela va sans dire que cette fumisterie ambiante n’est pas sans impact sur l’environnement et l’exploitation humaine. Mais ça, on aura beau le crier sur tous les tons, le mougeon ne voit le danger venir qu’une fois qu’il est rendu à l’abattoir.

Aujourd’hui les objets, demain les hommes !

On commence par demander aux objets d’être polyvalents, puis aux humains d’être flexibles. Aujourd’hui on ne voit plus l’utilité de réparer les objets, demain verrons-nous encore l’utilité de soigner les hommes ? A observer le démantèlement de la sécurité sociale, je me dis que la réalité est en train de rejoindre la fiction. Cette fiction dont nous sommes les acteurs qui jouent leur rôle dans une réalité qui pourrait être tout autre. Pour que ça change, il faudra sûrement penser un de ces jours à se dispenser des metteurs en scène. Mais là, c’est peut-être trop en demander d’un coup.

CONCLUSION

Décidément, ce chapitre me désole. D’être obligé de disserter sur des problèmes aussi évidents me donne plus envie de m’exiler sur une autre planète qu’autre chose. Si un rédacteur en chef m’avait demandé de traiter ce sujet, je l’aurai envoyé paître sans ménagement. Mais rassurez-vous, je n’ai pas de rédacteur en chef à satisfaire, ni de comptes à rendre à un quelconque organe. Si je me suis motivé pour boucler ce chapitre, c’est évidemment parce qu’aucun média classique ne m’aurait demandé de traiter ce sujet. Tout ce petit monde a bien trop peur d’essuyer le courroux de ses annonceurs et de ses actionnaires multi casquettes. Alors voilà, j’ai fait ma bonne action de contributeur pour l’année. Le jetable, c’est irresponsable. Le non réparable, c’est condamnable. La mode, c’est pour ceux qui n’ont aucune personnalité. Il ne fallait aucun courage pour le dire. Il ne fallait pas non plus douter du fait que ça ne sert pas à grand-chose pour passer outre le grotesque de la situation. Puisque le mot pornographie est à la mode, employons le - d’autant plus que la mode des mots ne nuit pas à l’environnement. Le constat révulsant du gaspillage de masse et du non-sens collectif ne fait que souligner la pornographie sociale dans laquelle nous vivons. L’expression « être dans la merde jusqu’au cou » trouve ici tout son sens, puisque c’est bien sous le poids de nos déchets que nous finirons tôt ou tard par crever si n’est rien n’est fait. Aucun animal, aussi stupide puisse-t-il paraître, ne serait assez con pour périr dans ses propres déjections, à part bien sûr : l’homo modernus decervelus.


Messages

  • Et concrètement que proposez-vous comme alternative ?

    Je vous propose une piste : l’autogestion et la désobéissance civile, civique.... cf l’expérience des villages autogérés.

    • >l’autogestion

      Je n’en ai jamais fait mystère, je suis un fervent adepte de l’autogestion. Je suis pour une autogestion joyeuse et bien comprise. On ne le dira jamais assez : avec l’autogestion il n’y a pas de milieu, c’est soit un mode d’organisation génial qui permet à toutes et à tous de s’épanouir sereinement, soit une catastrophe. C’est pour cela que l’information sur ce domaine est primordiale, ainsi que les retours sur expériences.

      A ce sujet, j’ai déjà rédigé un ouvrage sous copyleft intitulé "Autogestion et Révolution" disponible ici :

      Version PDF

      >la désobéissance civile

      Pour la désobéissance civile (et plus que ça encore) à condition qu’il y ait une ou plusieurs alternatives solides de proposées dans le même temps. La lutte n’est qu’une courte étape, la construction en est une longue.

      >cf l’expérience des villages autogérés

      Tout à fait pour aussi. ça va bien plus loin que de simples expériences. C’est une réelle alternative qui fonctionne super bien dans la plupart des cas. On est complètement dans le domaine de la révolution appliquée. Je fais partie d’un collectif qui oeuvre en ce sens. Il y a dans ce domaine de très heureuses réussites et aussi, à moindre échelle, de bcp moins heureuses. Du fait, par expérience, je préfère parler d’écovillage et plus largement, de recherche de l’ordre naturel des choses. ça tombe bien, puisque ce sera le thème du prochain chapitre. Le but de ce dossier est de faire ressortir des idées. pour l’instant, je me limite à ça. Par contre, le thème d’un prochain dossier (il y en aura un avant), traitera exclusivement de ce thème de façon concrète. CAD : philosophie du truc, expériences, fiches pratiques, techniques, alternatives à l’économie... etc... enfin bref, tout le kit complet pour sortir du système en y gagnant sur toute la ligne.

      Amicalement,

      Matt

    • > Je crois que Jean Dornac est déjà bien engagé à ce propos

      Merci pour le lien :-) effectivement, ça a l’air. En suivant les liens, je suis tombé sur l’analyse de Patrick Mignard à laquelle je soucris totalement. ça fait plaisir de voir que des alternatives commencent à être explorées de façon assez poussée et qu’elles engendrent une véritable réflexion de fond. C’est indispensable pour éviter de naviguer à l’aveugle. Cependant, commençant à avoir une bonne experience de terrain, je me rends chaque jour compte que, de plus en plus, l’utopie est en train de devenir une réalité bien concrète. ça va bcp plus loin que bcp ne le pensent. pour l’instant, le gros problème qu’il reste à régler est un problème de communication (au sens noble). J’ai le plaisir de connaitre plusieurs personnes qui ont fait un choix de société différent et qui s’en portent très bien, elles ont vraiment gagnées au change parce que leur projet tient debout. Je m’apprête d’ailleurs à franchir completement le pas d’ici un mois ou deux. A mon humble avis, je pense que le stade des expérimentations en tous genres est passé et qu’il est désormais temps de construire l’alternative. On en a l’envie et les moyens. Maintenant il faut que ça se sache.

      Matt

    • Alors s’il y a des projets qui marchent, je crois qu’il serait intéressant de les connaître car nombreux sont ceux prêts à sauter le pas. Mais attention réflexion avant action.

    • C’est ce que je vais m’efforcer de retranscrire le plus fidèlement possible tant au niveau informatif, que technique, que philosophique... et aussi "économique" entre guillemets puisque l’on n’est pas sur un schéma basé sur l’argent. Je crois que le moment est bientôt venu de lever le rideau, afin que le spectacle si cher à notre société puisse commencer. Mais je doute fort qu’il soit au goût des ploutocrates et de leurs valets :-D

      >Mais attention réflexion avant action.

      La réflexion est là. Elle est presque mature. Maintenant on a plus besoin de pratique que de théorie. Le plus gros problème actuel n’est pas le manque de solutions, mais à l’inverse de faire le tri entre les nombreuses existantes et de les harmoniser avec logique. Il n’y a qu’avec le terrain que l’on pourra transformer les essais. C’est en très bonne voie, on touche au but. Finalement, ça ne fait que confirmer l’adage : à force de chercher, on finit toujours par trouver. Sur ce point, je préfère jouer la carte de l’optimisme, car bcp d’éléments me confortent en ce sens. A suivre, donc... Tu me diras ce que tu en penses en temps voulu, toutes les critiques constructives sont les bienvenues.

      Matt

    • Bonjour Matt,

      Je ne suis pas sur que la réflexion alternative soit mature, loin de là, nous n’en sommes qu’au début. J’ai un contact avec Jean Dornac et par exemple au sujet de l’Amap l’expérience n’a que trois ans. Certe elle marche mais c’est très jeune. Je lui ai répondu sur le projet que j’avais en tête, c’est donc une affaire en cours.

      Par contre, votre expérience personnelle m’intéresse et si vous avez le temps, j’ aimerais bien m’instruire de vos pratiques, de vos contacts....

      Michel80@free.fr

    • si la réflexion alternative était ensaignée depuis le tout jeune âge, y a des chances pour qu’elle soit mature avant l’heure ! sinon faut attendre encore longtemps alors ?

      >en tout cas trop fort le bouquin "comment gruger un mougeon" !! MDR !!!

    • Pour “ensaigner”, faudrait des “ensaignants” ou des “saigneurs”.

    • Article à lire, contre la décroissance, mais pas pour autant pro-capitaliste loin de là !
      http://www.lariposte.com/autre/la_decroissance_soutenable.htm
      J’en cite des passages pour vous situer l’objet :
      En France, au milieu du XIXe siècle, Proudhon proposait de réorganiser l’ensemble de l’économie nationale sur le modèle d’un immense réseau de coopératives paysannes et artisanales. Ce faisant, il exprimait les intérêts et la situation matérielle des petits artisans, commerçants et paysans, autrement dit des classes moyennes [...] Dans la mesure où il refusait d’adopter le point de vue socialiste, expression générale des intérêts du salariat, Proudhon en était réduit à réclamer un retour à une économie fondée sur la petite propriété artisanale et agricole.
      **
      Ce n’est pas par hasard que l’on retrouve ces idées, presque mot pour mot, dans les écrits des « décroissants ». [...] La référence à la publicité est ici la seule nouveauté par rapport à Proudhon. [...] l’apologie de « l’agriculture extensive non motorisée », c’est-à-dire des petites exploitations agricoles. Nous voilà renvoyés à la bonne vieille économie précapitaliste.
      **
      Pour les capitalistes, le développement économique et la concentration du capital sont indispensables : leur course au profit en dépend. Pour les salariés, la « décroissance » signifierait une régression majeure de leur niveau de vie. Voilà ce qu’on trouve dans le programme « décroissant », entre autres envolées « humanistes » : « Le réfrigérateur serait remplacé par une pièce froide, le voyage aux Antilles par une randonnée à vélo dans les Cévennes, l’aspirateur par le balai et la serpillière, l’alimentation carnée par une nourriture quasiment végétarienne, etc. »
      **
      Pour [se passer des énergies fossiles, les grandes puissances] devraient réaliser d’énormes investissements dans des industries énergétiques alternatives. Or, la concurrence est telle, dans le système capitaliste, que de pareils investissements désavantageraient les capitalistes qui les réaliseraient par rapport aux capitalistes qui se contenteraient de continuer d’exploiter l’industrie existante. La course au profit et la lutte pour des marchés poussent donc les dirigeants des grandes industries énergétiques à continuer d’exploiter les réserves fossiles.
      **
      D’un point de vue scientifique [...] rien ne permet d’affirmer que l’exploitation de l’énergie atomique ne puisse pas se réaliser de façon à n’impliquer ni pollution, ni risque de catastrophe nucléaire. En d’autres termes, la pollution et les différents risques liés à l’industrie énergétique reposent, non sur la « croissance », mais sur les mécanismes fondamentaux du capitalisme.
      **
      [...]l’un des chefs de file des « décroissants », Serge Latouche, reconnaît que la perspective d’une récession prolongée n’est pas propre à susciter l’enthousiasme des salariés, des jeunes et des chômeurs. Aussi s’empresse-t-il de préciser – à la différence ses amis Cheynet et Clémentin – que « décroissance » ne signifie pas nécessairement récession. Il écrit, en effet, que la « décroissance n’est pas la croissance négative ». Et c’est bien heureux, ajoute-t-il, car « on peut imaginer quelle catastrophe serait un taux de croissance négatif ! »
      [...] Dans le cadre du capitalisme (que Latouche ne remet jamais en cause), une diminution des « volumes de déplacements d’hommes et de marchandises » signifierait un affaiblissement correspondant des exportations et des importations, c’est-à-dire du commerce mondial. Or, le dynamisme économique du capitalisme repose, pour une bonne part, sur le dynamisme du commerce mondial lui-même. Par conséquent, la première conséquence de la mesure que propose Latouche serait une « croissance négative » du PIB mondial. Chassée par la porte, la récession revient immédiatement par la fenêtre !
      **

    • Ce texte a fait l’objet d’un débat sur cette page :
      http://zecc.free.fr/phpbb2/viewtopic.php?t=464
      Être contre la décroissance c’est être pour la récession, car la croissance finira par s’inverser du fait des limites des ressources naturelles (qui ne sont pas infinies), et le choix qu’on a c’est soit la décroissance (en préparant les choses) soit la récession incontrôlée (en continuant et en fonçant dans le mur).