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Québec : la crise étudiante cristallise la grogne sur plusieurs fronts

par Montréal

Publie le jeudi 24 mai 2012 par Montréal - Open-Publishing
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La manifestation géante de mardi à Montréal montre qu’en adoptant une loi contre la liberté de manifester, le gouvernement québécois a retourné contre lui une partie de l’opinion publique qui lui adresse maintenant maints griefs sans liens avec les frais de scolarité.

"Les gens s’allient aux étudiants parce que (le Premier ministre québécois Jean) Charest a poussé le bouchon trop loin", dit le sociologue de l’Université de Montréal Jacques Hamel. "Une menace plane sur les droits fondamentaux, la liberté d’expression, la liberté d’association".

Son confrère Marcos Ancelovici, spécialiste de la jeunesse et des mouvements sociaux à l’Université McGill, n’est pas loin d’exprimer la même opinion. "Le gouvernement s’est tiré dans le pied" en faisant adopter vendredi par le Parlement de la province une loi restreignant la liberté de manifester, dit-il.

Au début du conflit, le gouvernement de Jean Charest, très impopulaire après neuf ans au pouvoir, comptait faire remonter sa cote, une majorité de Québécois approuvant ses positions fermes sur la hausse des frais de scolarité. Mais, le conflit perdurant, il a durci le ton et sa popularité a commencé à péricliter.

"Aujourd’hui, même ceux qui étaient pour la hausse des droits voient que la loi spéciale est contre-productive et qu’elle a amplifié la mobilisation", souligne Marcos Ancelovici.

 L’influences des "cousins français" ? -

C’est en définitive tout un faisceau de facteurs qui surgissent pour mettre la gouvernement en difficulté.

Le Québec à gauche toutes ?

D’une part, pour Jacques Hamel, le Québec, traditionnellement plus à gauche que les autres provinces canadiennes, pourrait faire encore un pas dans cette direction.

"Peut-être qu’on imite nos cousins français, on sent que le vent tourne. Le gouvernement a sous-estimé le fait que son discours néo-libéral est en perte de vitesse et que sa vision de l’Etat est à bout de souffle", dit-il.

S’y ajoutent aussi, pense le sociologue, les soupçons de corruption et de financements politiques obscurs, et le mécontentement des mouvements écologistes sur l’exploitation du gaz de schiste, l’avenir de la seule centrale nucléaire de la province et l’exploration pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent.

Mais un éditorialiste du quotidien La Presse, Mario Roy, pense que la contestation n’est le fait que d’une "gauche décentrée, en réalité très minoritaire, mais ardemment militante, bruyante, appuyée par des élites populistes et populaires".

Les deux universitaires tombent d’accord pour dire que seule la reprise des négociations peut apporter la solution.

La ministre de l’Education Michelle Courchesne a invité mercredi les étudiants à une reprise du dialogue, mais elle a écarté l’idée d’un moratoire sur l’introduction des hausses des droits de scolarité prévue à l’automne.

"Sur le moratoire, les étudiants, les associations étudiantes savent très bien que ce n’est pas une possibilité, ce n’est pas quelque chose qui est envisagé", a-t-elle dit.

Les organisations estudiantines se disent elles aussi ouvertes aux pourparlers. La présidente de l’une d’elles, Martine Desjardins, a toutefois insisté sur le fait qu’"on n’a pas à dire qu’on ne parlera pas d’un moratoire, tout doit être sur la table".

"Je vais apporter mon dictionnaire de synonymes pour s’assurer qu’on trouve une autre façon de dire les choses qui va convenir aux deux parties et qu’on trouve une voie de solution", a-t-elle dit.

http://www.rtbf.be/info/monde/detail_quebec-la-crise-etudiante-cristallise-la-grogne-sur-plusieurs-fronts?id=7774664

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