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Londres achète la paix sociale pour éviter une grève pendant les JO

Publie le lundi 4 juin 2012 par Open-Publishing

Les salariés du métro londonien ont déjà obtenu une prime individuelle. Ce sera peut-être bientôt le tour des chauffreurs de bus et des autres employés du secteur des transports.

La facture liée aux JO ne cesse d’enfler. Mais le dernier dérapage ne s’explique pas par les dépenses d’infrastructures. Les pouvoirs publics ont préféré acheter la paix sociale et éviter une grève durant les JO qui aurait été catastrophique pour l’image de Londres et créé le chaos dans la capitale britannique.

Des milliers de salariés du métro londonien ont déjà obtenu une prime individuelle de 850 livres, soit un peu plus de 1.000 euros, en compensation de la surcharge de travail attendue pendant les jeux, entre le 27 juillet et le 12 août. Les conducteurs pourront même recevoir 1.000 livres (1.250 euros) grâce à la pugnacité du leader syndical Bob Crow, patron du syndicat des transports RMT et adepte de la ligne dure.

Les transports ont reçu un budget spécial de 6,5 milliards de livres (7,5 milliards d’euros) pour l’occasion, maintenu malgré le plan d’austérité du gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron afin d’améliorer les infrastructures dans une ville tristement célèbre pour ses pannes de métro quotidiennes. Avec les yeux du monde entier bientôt braqués sur Londres, les salariés du métro "sont en position de force grâce à leur situation de monopole", explique John Kelly, professeur de relations sociales à l’université Birkbeck de Londres.

Les chauffeurs de bus ne sont pas en reste et le plus grand syndicat du pays, Unite, consulte la base sur l’opportunité de mener une grève durant les JO après le refus de 21 compagnies de bus de payer un bonus exceptionnel de 500 livres pour l’occasion. Unite profite ainsi des jeux pour faire pression sur le gouvernement sur d’autres dossiers importants, comme la réforme de retraites des fonctionnaires et celle du service de santé public. Pour les syndicats, le secteur des transports constitue un "levier" idéal pour avancer d’autres revendications, confirme John Kelly.

Bon nombre d’autres professions ne disposent en effet pas d’un pouvoir de nuisance aussi fort ou seront tout simplement en vacances durant l’été, comme les enseignants. "Les attaques actuellement lancées contre les travailleurs du secteur public sont tellement profondes et motivées par l’idéologie qu’il est impensable que le monde entier débarque à Londres pour ces merveilleux jeux Olympiques comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes", a déclaré le secrétaire général de Unite, Len McCluskey. "Les syndicats, comme le reste de la société, ont tout à fait le droit de protester. Si les JO nous offrent une opportunité de le faire, alors nous devons précisément envisager de la saisir", a-t-il ajouté, dans un entretien au quotidien de centre-gauche The Guardian.

Même les salariés chargés de l’entretien des vélos en libre-service de Londres -les "Boris bikes"- menacent désormais de faire grève s’ils n’obtiennent pas un bonus. Ils ont des chances d’être entendus. Car les pouvoirs publics ont d’autant plus à coeur d’éviter des conflits sociaux dans les transports que bien d’autres défis les attendent. L’aéroport de Londres Heathrow, par lequel transiteront l’essentiel des visiteurs internationaux, est ainsi menacé de paralysie alors que les files d’attentes aux contrôles des passeports atteignent déjà parfois plusieurs heures.

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