Accueil > 1 er tour La déroute du Front de gauche

1 er tour La déroute du Front de gauche

par Patrick Fluckiger

Publie le mardi 12 juin 2012 par Patrick Fluckiger - Open-Publishing
5 commentaires

La défaite de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont n’est que l’arbre qui cache… le désert. La moitié des députés communistes sortants ont été éliminés dès le 1 er tour.

Le Parti communiste et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon ne s’attendaient pas à une telle déroute, après les 11,1 % du tribun rouge à la présidentielle. Le PC comptait, au contraire, beaucoup sur ces législatives pour se remplumer après le sévère recul de 2007 qui l’avait empêché de constituer un groupe autonome à l’Assemblée nationale. Il avait fallu signer, alors, un accord « technique » avec les Verts et les Citoyens pour atteindre les vingt députés nécessaires pour être reconnu comme fraction. Le PC ne comptait que seize élus.

Entre-temps le seuil exigé pour constituer un groupe a été abaissé à quinze députés. Mais le PCF et le PG n’arriveront pas à ce niveau dimanche prochain : la moitié de leurs députés sortants ont été éliminés dès le 1 er tour et il n’y a pas de grandes perspectives d’en gagner d’autres.

Ce n’est pas tellement en voix que le Front de gauche s’effondre. Il recueille, certes, nettement moins de suffrages que Mélenchon à la présidentielle (6,91 % aux législatives contre 11,1 % le 22 avril). C’est tout de même mieux qu’en 2007, quand le PC, qui se présentait seul, n’avait rassemblé que 4,3 % des voix. Problème : la percée socialiste est trop forte, et le Front de gauche se fait dépasser jusque dans ses fiefs historiques par les candidats PS. Le seul député communiste du Val-de-Marne (département administré par le PC) est ainsi distancé par son rival socialiste. Le sortant du Havre, ex-bastion du PC, est battu par son concurrent socialiste de quelques voix.

Or, la discipline républicaine est sans appel : le moins bien placé des candidats de gauche doit se retirer au profit de celui qui est arrivé en tête.

Et pour le PC c’est l’hécatombe : dans les Hauts-de-Seine, où il comptait trois sortants, il est devancé dans deux circonscriptions (Gennevilliers et Montrouge). Seul Nanterre lui reste acquis. En Seine-Saint-Denis, son fief, il est battu par le PS à Saint-Denis – qu’il détient depuis les années vingt ! – et à Montreuil : deux de chute sur quatre sortants. Et Marie-George Buffet a eu chaud ! Elle ne devance sa rivale PS que de quelques dizaines de voix.

La ceinture rouge de Paris n’est plus qu’un lointain souvenir. Au mieux il restera, dimanche prochain, trois élus communistes pour toute l’Ile-de-France. En 1978, le PC comptait, au sein d’un groupe de 86 élus, huit députés rien qu’en Seine-Saint-Denis… Et il avait alors des députés dans le Val d’Oise, les Hauts-de-Seine, l’Essonne, le Val-de-Marne...

Les pertes ne se résument pas à la région parisienne. En Seine-Maritime, le PC avait deux sortants. Il est éliminé partout. Dans la circonscription éminemment communiste du bouillant Maxime Gremetz dans la Somme (qui ne se représentait pas), le candidat du Front de gauche – qui était opposé à un dissident – arrive… en quatrième position avec 11 % des voix ! Dans le Rhône, le siège de Vénissieux, occupé par l’inamovible André Gérin (qui ne se représentait pas non plus), est perdu.

Le Parti de gauche, qui avait trois sortants, ne fait pas mieux. Martine Billard est éliminée à Paris. Dans l’Aisne, le successeur de Jacques Dessalangre n’a pas réussi à s’implanter. Seul Marc Dolez devrait être réélu dans le Nord.

À l’arrivée, les communistes et le Parti de gauche sont bien placés pour garder trois sièges dans le Nord (2 PC, 1 PG), un dans les Hauts-de-Seine (1 PC à Nanterre), deux PC en Seine-Saint-Denis (Sevran et La Courneuve), un PC dans les Bouches-du-Rhône (Martigues), un PC dans le Puy-de-Dôme (Ambert), un PC dans le Cher (Vierzon). Ce qui fait neuf élus. À Compiègne-Nord (Oise), le communiste Patrice Carvalho, élu en 1997 lors d’une triangulaire avec le FN, et battu cinq ans plus tard lors d’un duel classique, pourrait, à nouveau, bénéficier de la présence du FN au 2 e tour, pour retrouver son siège. Si les reports du MRC se faisaient correctement, il devrait l’emporter sur le candidat UMP arrivé en tête au 1 er tour.

Cela ferait un dixième député pour le Front de gauche. Et puis, c’est… tout, car la qualification d’un communiste pour défier Jean-Louis Borloo à Valenciennes n’ira sans doute pas au-delà de la figuration : le communiste ne fait que 24 % contre 42 % à l’ancien ministre. Sa victoire, dimanche prochain, serait un exploit tout à fait surprenant.

En 1988, il fallait trente députés pour constituer un groupe à l’Assemblée. Le seuil a été abaissé, en deux étapes, à quinze. Il va sans doute falloir descendre à dix députés pour permettre aux communistes de garder les attributs de leur puissance passée. Avant de passer… à cinq en 2017 ?

http://www.lalsace.fr/actualite/2012/06/12/la-deroute-du-front-de-gauche

Messages