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"Appel des 200 travailleurs sociaux pour un non de gauche..."

Publie le samedi 5 mars 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

Relayant l’ »Appel des 200 » initié par la Fondation Copernic
des travailleurs sociaux lancent un
 
APPEL DES 200
TRAVAILLEURS SOCIAUX
POUR UN NON DE GAUCHE,
EUROPEEN ET ANTI-LIBERAL
AU PROJET DE TRAITE
CONSTITUTIONNEL.

La Solidarité n’est pas inscrite dans les valeurs du projet de traité
constitutionnel qui sera soumis prochainement à referendum.

La « concurrence libre et non faussée » est son leitmotiv. Les
intérêts des populations sont relégués au second rang.

Toute la philosophie du travail social consistait jusqu’ici à aider la personne qui éprouvait des difficultés à trouver une place dans la
Société, à s’y investir par différents biais, par exemple l’exercice de la citoyenneté. Cela émanait de la conception que chacun pouvait
trouver son compte dans la Société. L’Action Sociale avait jusqu’ici
une place non contestée dans les systèmes de protection sociale.

Or, que nous propose le projet de traité constitutionnel ?

Là où les services sociaux n’existent pas, les Etats n’ont aucune
obligation d’en créer.

Tout au plus, le projet propose que l’Union Européenne
reconnaisse et respecte le droit à une aide socialequand il
existedans certaines « pratiques nationales » (art. II-94), ce qui
n’engage à rien, et ce qui est mis en péril par les exigences de la
« concurrence libre et non faussée », puisque l’art III-209 précise
que la politique sociale et la lutte contre l’exclusion est
« subordonnée à la nécessité de maintenir la compétitivité de
l’Union ».

Le projet de constitution manque de base juridique à objectif social.

L’aide sociale sera clairement soumise au droit de la concurrence
dès lors qu’il s’agira d’un service d’intérêt économique et général
(SIEG), c’est-à-dire dès qu’il y’aura une contrepartie financière,
même minime. Pour les autres, les services sociaux d’intérêt
général, l’incertitude juridique est entretenue, ce qui augure mal de
l’avenir.

D’autre part, toute décision européenne relative à la protection
sociale doit être décidée à l’unanimité. Dans le contexte du
caractère libéral de la majorité des pays de l’UE, cela signifie qu’une initiative proposant que les services sociaux soient exemptés du droit à la concurrence pourrait être alors bloquée par le veto d’un
seul Etat membre !

Ce projet de constitution ne garantit
pas les services sociaux

Dans le contexte ultralibéral de ses orientations, cela signifie que
l’on s’achemine droit vers des catastrophes sociales.
La concurrence exacerbée est une machine à exclure en
permanence, comme en témoignent les délocalisations, le chantage
à l’emploi en échange de la remise en cause des acquis sociaux...

Ce qui explique que les technocrates de l’Union Européenne,
appuyés par les milliers de lobbies représentant les groupes
industriels et financiers, ne s’embarrassent pas avec le « social ».
Bien au contraire, la précarité est un laboratoire qui diminue les
coûts de production en favorisant la concurrence entre travailleurs.
Faire de l’UE la région la plus « compétitive du Monde » est à ce
prix. Les exclus désormais devront eux aussi participer à cette
grande bataille moderne qui va amener la « prospérité ». à ceux
qui détiennent le capital financier.

Les exemples s’étalent jour après jour sous nos yeux :

- Les travailleurs sociaux en contact avec les Rmistes sont invités
désormais à orienter l’insertion uniquement dans le champs
professionnel, et avec le RMA, livrer sur un plateau de la main
d’ouvre quasi-gratuite aux employeurs.

- Les travailleurs au chômage sont stigmatisés, et les récentes
modifications du législateur entament de plus en plus les droits à
l’Assurance chômage pour les tirer vers une logique d’accès à l’aide
sociale payée par le contribuable, ou alimentée par les dons style
« restaurants du cour » et la charité publique comme au début du
siècle.

- Les travailleurs handicapés travaillant dans des CAT sont soumis à
des critères de rentabilité de plus en plus contraignants.

- Faute d’une prise en charge suffisante et de l’abandon de la prise
en compte des besoins fondamentaux, les populations en difficulté,
parce que privées de perspectives sociales optimistes, sont de plus
en plus orientées vers le pénal. Il faut maintenant tenir à l’oil la
population au cas où certains tourneraient mal. On va donc vouloir
adapter la mission du travail social : l’orienter dans un travail de
délation et de contrôle social .L’avant-projet de loi sur la prévention de la délinquance, le rapport Benisti, la stigmatisation des jeunes sans papier ou issus de l’immigration ne tombent pas par hasard.

Actuellement, les ultra-libéraux veulent généraliser le bénévolat et
le financement à l’aide de dons comme une nouvelle modalité de
fonctionnement de certains services sociaux. Cela signifie un
renoncement au système de solidarité collective et un retour aux
solutions caritatives qui ne garantissent en rien l’application du
service public : universalité, accessibilité, continuité et égalité de
traitement.

Les services sociaux malgrè tout ne seront pas tous remis en
cause. dès lors qu’ils permettront de rapporter des dividendes aux
actionnaires. Mais alors, pourra t-on alors véritablement parler de
« services sociaux » si on y adjoint des critères de rentabilité ?

- Dans les établissements sociaux et médico-sociaux, par exemple,
la loi du 2/1/ 2002 attaque le fondement même du travail social au
nom du droit des usagers. La relation de confiance entre le
travailleur social et l’ »usager »- à quand le terme de « client » ?-
est saucissonnée en tranches de « prestations de services » bien
distinctes les unes des autres pour préparer les concurrents à livrer
bataille.

Alors que la relation entre le travailleur social et la personne
demandeuse d’aide se voulait spécifique, individualisée, faite de
mille liens interdépendants, nourrie d’un travail d’équipe, en
délestant les travailleurs sociaux de capacités d’initiatives
adaptées, et en voulant privilégier la recherche du profit en
catégorisant les « usagers » dans des secteurs « rentables », on
assassine encore un peu plus le travail social.

De nombreux travailleurs sociaux s’opposent à la casse du travail
social, comme en témoignent les mobilisations contre l’avant-projet
de loi sur la prévention de la délinquance.

Il nous faut parallèlement nous battre sur le terrain européen,
conscients que la majorité des lois en France émane de directives
européennes, conscients que toute initiative de l’Union Européenne
en matière de protection sociale risque d’en accélérer le
démantelement.

Lors du prochain referendum sur le projet de traité constitutionnel,
il faut montrer notre opposition à un projet qui entérine en la
constitutionnalisant la logique du sacrifice de la politique sociale au
profit de la « concurrence libre et non faussée ».

AU NOM DE
L’EUROPE
SOCIALE
VOTONS NON
Signature de l’appel à envoyer à l’adresse e-mail suivante :
LISTE DES 50 PREMIERS SIGNATAIRES :
 
Florindi Eric éducateur Metz
De Pellegrin Marc, éducateur Metz
Hornsperger Marie, educatrice Metz
Decamps sylvain, travailleur social, Rosselange
Faget Lydie, éducatrice Metz
Jakobowski Joan comédienne travailleuse sociale Nancy
Tchibinda Christine assistante sociale Nancy
Gwindo Modibo, éduc prévention spécialisée Canal Saint-Denis 93
Kanowski Jean-Claude, éducateur spécialisé Lille
Denis Lasselin, éducateur spécialisé, Boulogne sur mer
Lhoez Marc, éducateur spécialisé, Salomé
Lipp Danielle, éducatrice spécialisée, ass. Asal Lille
Petitjean Sylvie, éducatrice spécialisée, Lille
Bion Elise assistante sociale Nancy
Marchal Gaël éducateur Fougerolles
Diefenthal Pierre éducateur Nancy
Berche Jean-Christophe éducateur Nancy
Masson Nadia, éducatrice, Metz
Teko Aurore, éducatrice, Metz
Maineray Nicolas éducateur IRTS Nancy
Garnier Melanie assistante sociale Nancy
Wall Mariam educatrice specialisée en formation Nancy
Wust Maryvonne educatrice specialisée en formation Nancy
Lentretien Joelle assistante sociale en formation Nancy
Didier-Laurent Lysiane assistante sociale en formation Nancy
Lacroix emmanuel, éducateur, Saint Gaudin
Poirot Nathalie, éducatrice Metz
Gruffy Isabelle, éducatrice Metz
Chalmeau Nathalie éducatrice IRTS Nancy
Lefebvre Claire éducatrice Nancy
Henri Saint-Jean, éducateur Marseille
Elise Bourdin, éducatrice spécialisée,Lille
Jacky Dumoulin, chef de service prévention spécialisée
Chloe Ornowski, éducatrice, Guenange (57)
François Cailly, éducateur Alençon
Hennion Bernard, éducateur spécialisé, Villeneuve
Grivsole Pierre, éducateur Frelinghan
Thomas Annie, animatrice, Lievin
Fraisse Lionel, éducateur spécialisé Quaix en Chartreuse (38)
Hauterville Violette, éducatrice Epinay / Odon (14)
Niezel Inge, éducateur spécialisé, Epinay/ Odon(14)
Arpmi Pierette, éducatrice spécialisée, déléguée tutelle Verson (14)
Zeroussini Halkim, éducateur, Hem (59)
Beranard Dominique, éducateur, Rouen
Geneviève Brismaole, ADSEA 93
Juignet Marie-thérèse,éducatrice 93
Aubry Maurice, éducateur 75
Lavigne Sophie, éducatrice, 93
Pelagie Sanchez, éducatrice ,93
Benmamaar Farida, éducatrice Metz (57)

Messages

  • La "conception" que "chacun peut trouver son compte " [dans une société capitaliste ] ?

    Ce n’est pas une "conception", c’est au mieux de la foi.
    Au pire une tartufferie.
    En tout cas une méconnaissance de l’histoire.

    Les comptes des actionnaires ne sont pas les comptes des travailleurs.

    • Je pense qu’on peut parler de "conception". C’est en quelque sorte celle de la social-démocratie. On peut toujours arguer qu’il s’agissait d’illusions. On voit effectivement qu’il s’agissait surtout pour les classes dirigeantes de "diviser pour régner" en élevant un peu la vie de certaines catégories de la population, notamment dans les pays riches. Cette division a permis aux actionnaires et aux technocrates de revenir sur les avantages acquis, comme on le voit actuellement.Cette "conception" s’est néanmoins ancrée dans la culture et constitue un terrain fertile sur lequel s’appuyer pour transformer la Société. Si on veut aller de l’avant, il ne faut pas tout rejeter en bloc, mais faire en sorte que les avancées sociales-comme la Protection Sociale- bénéficient à toutes les populations. C’est le sens de la construction qu’il faut donner à l’Europe : appeler à voter non contre son orientation ultralibérale n’est certes pas faire la révolution et faire table rase du passé, mais un premier pas en s’appuyant sur les évolutions du système pour aller de l’avant et mettre à l’ordre du jour une Constitution soucieuse réellement des intérêts de tous.

    • Mais qu’est-ce qu’une conception qui serait illusoire ?

      Une croyance ou bien du boniment !

      On peut, par des systèmes de protection sociale, rendre un peu moins abject le capitalisme.
      On peut domestiquer la population en lui donnant des avantages sociaux. Le fait que la masse travaille pour enrichir une minorité, version moderne d’ordres privilégiés de l’Ancien Régime, demeure.
      Les inégalités ne sont pas détruites pour autant. Certains se contentent de cela (mais "y trouvent-ils leur compte" ?), d’autres non.

      Cette évolution socialement progressiste se produit dans des contextes économiques et géopolitiques précis : véritables luttes sociales et non faux-semblants, croissance économique, rôle d’un système "concurrent" au capitalisme. Au lendemain de la guerre étaient simultanément réunis tous ces éléments. Aujourd’hui aucun n’existe.

      Aujourd’hui trouve son compte dans l’ordre social une part minuscule de la population.
      Et l’attitude consistant à quémander quelques miettes doit ravir ces quelques individus, qui ne sont sensibles qu’aux rapports de force.

    • Raison de plus pour appeler à voter non afin de développer ce rapport de force contre l’orientation ultralibérale de la Société