Figures nouvelles de la vie sociale et politique:To-day le "rat crevé" (zaz)

Figures nouvelles de la vie sociale et politique : aujourd’hui le "rat crevé" (zaz)

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Avertissement préliminaire de l’Ocséna, réf. et autres liens

http://ocsena.ouvaton.org/article.p...

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A. Des intrusions typologiques repérables sur le marché de la vie sociale et politique

Si on considère autour de nous ce que l’on peut apparemment percevoir des figures un peu "communes" de la vie sociale et politique, force est de noter ou présumer de notables évolutions. On remarquera que la dimension philosophique est sortie du champ utilitaire des représentations : nulle part on ne verra des gens encore vraiment qualifiés d’épicuriens, de stoïciens, de sceptiques, ni même de rationalistes ou de matérialistes, de croyants ou de mystiques. L’effet serait obsolète et pas mal comique. Il est même difficile de se dire impunément marxiste sauf à être légèrement kamikaze.

Bien sûr la laïcité, la rationalité, la scientificité opposées à l’obscurantisme, voire of course au pouvoir le plus réac, circulent toujours dans les discours, mais plutôt aseptisés comme le soleil et la lune qui ne se couchent et ne se lèvent que par commodité sémantique sans être aucunement des dieux.

L’influence économique est devenu naturellement tout à fait sensible : les gens sont libéraux, néolibéraux, tu cherches cependant presque en vain un opposable keynésien, tu trouves même plus un monétariste ou un schumpétérien, tu trouves plus un seul économiste dirigiste, tout le monde est pleinement du marché.

On a encore pour tous les jours les commodes gauche, droite, extrême droite, extrême gauche, coco, socdem, centriste, la fonctionnalité est en fait assez affligeante mais bon là on est dans les habitudes et les facilités de langage : on ne parlera pas des écolos, dont on peut dire seulement (pour le moment) qu’ils sont écolos, on remarquera sans en parler encore la bonne surrection assez visible des Droits de l’hommiste, des alternatifs sans doute, des "indignés" catégorie relativement récente mais fortement fondamentale.

Nous noterons la toujours bonne position de "l’anarchiste". Toute personne à gauche, progressiste ça va de soi mais pas encarté ici et là pour autant, ne manquera pas de vous dire qu’elle est anarchiste ce qui signifie qu’elle est par principe et par habitude contre tout. Regardez vos amis, faites l’expérience, vous n’avez pas peut-être les mêmes fréquentations que nous évidemment, mais les amis quasi-inqualifiables se qualifient automatiquement d’anar. Vous ne faites pas du golf ou du cheval, vous êtes anar, vous n’achetez jamais un Goncourt vous êtes anar.

Mais on ne veut pas vous embêter plus longtemps avec l’anar qui faisait ici un peu interlude , nous voulons vous parler des nouvelles figures apparues sur le marché assez incessamment : on laissera donc tomber le réac, le Faf connues depuis toujours, le stal même, on mettra de côté provisoirement, "l’indigné" déjà cité, le "droit de l’hommiste" déjà cité aussi, le bobo, oui le bobo qu’on réserve demain pour la bonne bouche,

to-day on va vous parler du "rat-crevé" entré dans le circuit depuis une bonne décennie, qui est omniprésent selon notre avis mais complètement méconnu scientifiquement, si si, on sait !

B. La new figure dite du "rat crevé"

Le rat crevé est attesté depuis l’antiquité (le qualificatif est très vieux) mais dans des acceptions différentes de l’acception moderne qu’il s’agit pour nous ici d’expliciter pour vous, si elle vous a (ladite acception) comme on le suppose, partiellement ou totalement échappée. Spontanément, mais à tort, le rat crevé évoque d’abord le Lumpen (Lumpenproletariat) de Marx ce spécimen de sous-classe malchanceuse, indispensable en quelque sorte dans l’action révolutionnaire, mais suspecte et capable de virer sa veste contre un peu de tune bourgeoise.

Le rat crevé n’est pas du Lumpen, le Lumpen de 1844 a disparu, il y a la classe ouvrière pauvre et il y a la classe sous-pauvre celle qui est assistée, médiocrement, et au dessous du seuil de pauvreté, bref il y a les SDF maintenant, mais qui ne suscitent plus du tout le mépris de qui que ce soit, il y a aussi les clodos, les éternels clodos, mais c’est autre chose encore. Le rat crevé n’est pas non plus du milieu des poissardes de 1789 qui allaient sympathiquement faire les putes la nuit à l’Assemblée, le rat crevé c’est pas non plus des "gueux" d’Hugo.

Cela vient principalement d’une époque récente (Rocard, Jospin) qui a fondamentalement changé certaines réalités, nous retiendrons tout particulièrement sous ce rapport la montée des études jusqu’au bac et la montée des études supérieures dans notre pays. Le rat crevé dont nous vous parlons n’est pas un type définissable par son revenu, le rat crevé est un style sociopsychologique et politique. Cela dit, le rat crevé est plutôt mince (il y en a forcément de gros mais qui doivent prendre un autre nom que nous ignorons), le rat crevé est toujours habillé de sombre (pas club méd pour un sou), le rat crevé est toujours de gauche. Ce qui le met dans la famille, mais bon c’est de ça qu’il faut discuter quand même. Y a-t-il des rats crevés de droite ? Pas du tout ! le rat crevé de droite n’existe pas, le pendant à droite de notre rat crevé c’est le beauf ou le complet alcoolique.

Le rat crevé de gauche ne boit pas, en tout cas, pas un comme un trou, le rat crevé se tape s’il le faut un petit joint, jamais des drogues dures et chères. Ah oui le rat crevé est jeune, il passe difficilement les 40 berges surtout s’il s’est marié depuis, et a un job qui est un job.
, etc. Le rat crevé se dératise donc vers 35 berges, possiblement se droitise, ou se boboïse comme on a vu s’il a du pot. Bref le rat crevé s’emploie à disparaître à l’approche de la quarantaine. A cet âge en politique il peut être devenu incontestablement arriviste intégré (il peut par exemple briguer alors un mandat de conseiller d’arrondissement ou de la ville de Paris.)

Bien sûr, en restant à gauche, nous savons bien qu’il y a des cons d’un certain âge, mais le vieux con, ou le moyen adulte con, ne sont pas du tout des rats crevés devenus vieux, c’est autre chose.

Le rat crevé donc, mince, les cheveux gras (S’il les a lavés, ce n’est plus un rat crevé, c’est sans doute un étudiant de Sciences Po, pas banal non plus on le concède, mais avec qui il ne faut pas le confondre.), le rat crevé a toujours l’air désabusé, il ne parle pas chic et élégant il parle dégoûté, bref vous le faites littéralement gerber, d’ailleurs il vous le dit franchement.

Le rat crevé n’est pas pour autant un agressif bagarreur, le rat crevé ne ferait pour rien au monde de la "muscule", du sambo ou du "systema".

Comme le rat crevé est vaguement un intello forcé, le rat crevé vous sortira certainement une référence à un poète hispanique, mais pas Lorca, parce que c’est d’une autre époque, un philosophe oui aussi bien sûr, le rat crevé est en effet capable d’expliquer méthodiquement à des communistes pourtant chevronnés qui ont tout lu des 6 mètres de la bibliothèque soviétique d’un brise-glace où ils ont hiverné pendant trois campagnes des tas de détails techniques sur la pensée de Lénine, ou sur le conflit idéologique entre Boukharine qui avait raison et Staline qui avait tort.

Bon bref, vous connaissez le rat crevé il pratique nos sites où sans se faire gourou ce qui serait beaucoup, il se fait honorablement esprit, en faisant de l’humour déjà un peu, avec ce secouement du haut de la poitrine caractéristique des mecs sombres et supérieurs. Avec un comparse du même bois et qui l’admire, le rat crevé s’en prend volontiers au posteur d’à côté un certain temps.

Nous n’approfondirons pas pour ne fâcher personne les thèmes porteurs où le rat crevé se trouve très bon.

Cela dit nous regretterons qu’il n’y ait pas plus souvent présent le joueur de flute spécial de Hamelin, le Rattenfänger, capable d’emmener tous les rats crevés autour de nous à la noyade.

Dernière question la plus gênante, ne sommes-nous pas tous des rats crevés à un certain degré.

C. prochaine recherche : sans doute "l’indigné"