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A Bruxelles, la paix défile avec le travail

Publie le mardi 22 mars 2005 par Open-Publishing
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Ils sont soixante-dix mille à défiler dans la capitale belge pour dire NON à la guerre et contre la directive européenne qui privatise les services publics. Au cortège, divisé par les mots d’ordre, c’est la première fois des citoyens de l’Est

di ALBERTO D’ARGENZIO traduit de l’italien par karl&rosa

BRUXELLES - Un grand NON à l’Europe qui oublie le travail et un NON à la Guerre, moins impressionnant mais également présent. Deux ans après le début de l’intervention armée en Irak, le mouvement anti-guerre se met, bruyamment et haut en couleur, à la queue de la Confédération des syndicats européens, trop timide pour faire de la paix un drapeau, et défile à travers Bruxelles pour rappeler qu’à la nécessité d’un modèle de développement social doit s’unir le rejet de la guerre.

Aussi, parmi les syndicats, il y en a plusieurs - surtout français - qui rappellent que libéralisme économique et impérialisme armé sont deux faces de la même médaille, mais ce sont ensuite les raisons le l’Europe sociale, les mots d’ordre tels que "NON à la directive Bolkenstein" concernant la privatisation des services, "NON aux normes sur l’horaire de travail", "OUI à l’Europe sociale" qui prennent le dessus. A la fin on compte plus de 70.000 personnes, une lame allègre, bruyante et pacifique qui coupe en deux Bruxelles pendant toute l’après-midi. C’est un succès indiscutable pour les syndicats, moins pour les mouvements, qui se voient écrasés par un voisin beaucoup plus puissant.

Il y a une différence palpable entre les deux âmes du cortège, c’est la guerre. "On nous a fait attendre des heures avant de démarrer", se plaint en souriant William, un membre de la plateforme française "Agir contre la guerre", qui a amené à Bruxelles des gens de Montpellier, Paris, Rennes... "Nous nous sommes regroupés sur la paix - explique Fabio de Emergency, venu avec 50 autres de Milan - à l’occasion de l’anniversaire du 19 mars 2003, maintenant nous sommes en queue en train de défiler. Il faut plus de coordination". L’ARCI épouse deux calicots du Manifesto avec les drapeaux de la Paix et ceux de la FIOM, l’envie de dire NON à la guerre est présente, les Femmes en Noir la soulignent par les images de Florence Aubenas, certains collectifs d’Arabes, quelques syndicats, mais la tête d’affiche c’est le travail.

"La relation avec le Forum social européen - explique Joëlle Decagnon de la Ces - est basée sur une approche de coopération, aujourd’hui l’enjeu est si grand qu’il est bon de travailler ensemble". La chose extrêmement positive est que beaucoup sont venus de l’Est, de la nouvelle Europe. "Ils n’étaient jamais venus de si loin - crie du podium à la fin du cortège, dans un français boiteux, John Monks, secrétaire de la Ces - et de tant de pays, de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Pologne, de la Croatie, de la Slovénie". Le vent de l’Est est très apprécié à Bruxelles, parce qu’il démontre qu’on peut développer une mobilisation commune sur un thème comme la Bolkenstein, qui pourrait, à première vue, diviser la vieille et la nouvelle Europe. "A l’Est beaucoup considèrent la Bolkenstein comme une revanche des pauvres sur les riches - dit Vittorio Agnoletto, eurodéputé de Refondation communiste - mais en réalité la directive va pousser vers le bas les salaires et les droits sociaux, elle n’entraînera des avantages que pour un petit nombre d’entrepreneurs. La présence des syndicats de l’Est démontre qu’on peut développer une action conjointe contre la Bolkenstein et sans populisme".

Mardi, les 25 vont arriver à Bruxelles en Limousine - attaque Monks - nous sommes ici pour leur dire que nous ne voulons plus de précarité, de dérégulation, de chômage, de misère. C’est pourquoi la stratégie de Lisbonne doit penser au travail, à la qualité du travail. C’est pourquoi la Commission doit retirer la Bolkenstein, pour une Europe sociale. Notre Europe".

Il est impressionnant de voir les membres de Solidarnosc devant le parti trotskyste belge qui joue l’hymne soviétique ou en face d’une chorale qui chante l’Internationale. Derrière Solidarnosc, les syndicats des mineurs polonais et après les slovènes, qui sont 160, précédés par cinq Kurent, version slovène des Mamuttones. Il y a des jeunes Arabes qui demandent plus de travail pour eux, les discriminés. Tant de Français avec le NON à la Constitution d’une Europe qui n’est pas sociale. A la fin, après quatre heures et demi de cortège, voila les mouvements. Ils portent leur NON à la Guerre, en queue, mais présent.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

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