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L’aveu de Jacques Barrot !

Publie le mardi 22 mars 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

"Je ne peux pas accepter l’idée que, parce qu’il y a un référendum dans un pays, nous ne pouvons pas poursuivre notre programme de travail (...). Nous sommes vingt-cinq, je crois, et je ne peux pas prendre des décisions en pensant à un seul pays." Cette admonestation de José Manuel Barroso, président de la Commission, destinée aux dirigeants français souligne, une fois de plus, la singularité de la France dans le débat européen et l’ambiguïté de ses gouvernements successifs vis-à-vis des orientations de la construction européenne.

Les responsables français ont en effet pris l’habitude de tenir un discours à Bruxelles et un autre à Paris. Ainsi, quand une directive européenne arrive devant le Parlement français pour y être transposée, cela signifie que le gouvernement français et ses représentants à Bruxelles ont auparavant étudié le texte et donné leur accord. Pour le projet de directive Bolkestein, les deux commissaires français de l’époque n’ont rien trouvé à y redire quand la Commission l’a adopté en 2004.

La gêne de la France vis-à-vis de Bruxelles transparaît dans les propos du nouveau commissaire français, Jacques Barrot, lorsque, dans un entretien au Monde du 17 mars, il affirme, en phase avec l’Elysée : "Mieux vaut, pendant la campagne référendaire, éviter d’ouvrir des débats trop conflictuels qui pourraient mettre le feu aux poudres, et le discours des commissaires doit rester prudent."

Cela signifie que les dirigeants français jugent que les commissaires vont trop loin dans la voie libérale pour l’opinion française et qu’ils doivent donc se montrer discrets pour ne pas gêner le oui. Conception curieuse du débat démocratique, qui consiste à ne jamais poser les choses sur la table et à louvoyer entre deux positions contraires.

C’est ce genre d’attitude qui agace M. Barroso. On le comprend. En retour, le flegme de la Commission face à l’ampleur du trouble qui se propage en France irrite Paris. Car, quoi qu’on en pense, le projet de directive Bolkestein est aujourd’hui annexé au débat français sur le projet de Constitution. Et le risque principal pour le oui vient moins d’une adhésion de l’opinion aux thèses politiques souverainistes que d’un non qui exprimerait des inquiétudes sociales et le refus des conséquences concrètes de ce qui est perçu comme un modèle économique néolibéral édifié petit à petit par la Commission et les gouvernements.

A force de tenter d’épouser deux discours à la fois, Jacques Chirac et le gouvernement français sont pris dans une contradiction proche de l’insoluble.

Soit ils soutiennent avec clarté la démarche de M. Barroso, de sa Commission et de la plupart des Etats membres. Ils sont ainsi cohérents avec leurs prises de position intérieures, mais renforcent les risques d’un vote protestataire au référendum. Soit ils restent sur le reculoir et adoptent une position incompréhensible, vue de Bruxelles, et contraire à leurs engagements antérieurs.

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • Cela me rappelle une petite phrase du maire de Paris (Delanoé, PS) à propos des partisans du NON et qui m’avait fait bondir :

    « Il y a dix marches à monter (avec la constitution) et bien bon – montons déjà les cinq premières marches et l’on verra après. » (Ce n’est pas du mot à mot, mais dans l’esprit).

    Le problème justement c’est que depuis trop longtemps, les cinq autres marches qui restent en rade ce sont celles du progrès social etc. Et c’est pour cela que de plus en plus de personnes désirent s’exprimer.

    • ... pour monter les marches... d’un autre escalier.

    • Assez de marches,
      marchons plutôt sur la grève générale !
      Je propose qu’elle débute le 16 mai, jour où on nous pique la pentecôte avec une grève reconductible qui a pour première échéance le 29 mai. 15 jours pour lancer les réseaux pour une grève générale sur fond de non au élections. Politique et pratique ?
      Dites moi que c’est pas absurde, please.....
      Salariée en colère du 93.

    • Non. C’est vraiment pas absurde. Du genre, les 15 jours qui changèrent le monde. Va falloir s’organiser pour qu’il y ait même plus que la grêve générale, la GREVE INSURRECTIONNELLE. Pour leur foutre, à tous chez gens - foutres, la trouille de leur vie misérable. Mais pas du genre Comité de Salut Public. Faudrait pas tomber dans la dictature de gauche