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CONTRE L’EUROPE FRANKENSTEIN

Publie le samedi 26 mars 2005 par Open-Publishing
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POUR UN MANIFESTE IMPUR ET SANS PARTI
CONTRE L’EUROPE FRANKENSTEIN

Préambule

OUI, nous sommes profondément pro-européens ; nous pensons encore
possible l’espoir des meilleurs changements. NON - nous ne dirons pas oui -
parce que nous voulons une autre Europe : non pas « humaine », ce qui serait
encore une supplique et une délégation de confiance sans garantie, mais une
Europe advenant PAR l’humain ET PAR la vigilance citoyenne directe, qui
commence au respect de l’intelligence individuelle et sociale. Nous
proclamons toujours et encore : rien n’est irréversible. Et au lieu de nous
abstenir nous irons voter :

NON !

Nous voulons dire NON à la constitution européenne qui nous demande de
confirmer un monstre technocratique et néo-libéral installé dans notre dos.
Ce monstre, nous pensons qu’il doive cesser de progresser. L’Europe qui
émerge des erreurs systématiques issues des rationalismes passés, et pour
les dépasser, ne peut pas émerger de façon monstrueuse comme elle a commencé
à s’annoncer. Le garde-fou inaliénable a été brisé en amont, dès son
inauguration, par défaut du devoir d’insoumission du citoyen devant l’
infamie, alors qu’il avait inscrit la responsabilité individuelle et
minoritaire des droits de l’homme sans laquelle nuls solidarité, sagesse,
combat contre les gouvernements et les parlements majoritaires des Etats
collaborateurs de l’Etat nazi, n’auraient pu fonder les mouvements de
résistance durant la dernière guerre mondiale. De même en France, pendant la
guerre d’Algérie.

Ce devoir fondamental critique étant exclus du droit fondateur de l’Europe,
alors la restriction des libertés citoyennes pouvait s’accroître librement ;
il n’y a pas besoin de Schengen pour donner lieu à la logique de plus en
plus de contrôle pour un pouvoir ; c’est la tendance naturelle de tout
pouvoir que de vouloir étendre son contrôle pour dominer. Si Schengen le
renforce, alors le dictat d’annonce. Déjà, le droit pétitionnaire lui-même
est attaqué* (article 47 de la constitution européenne, signalé par ATTAC).
Demain, une erreur des engagements de la majorité européenne pouvant causer
des conséquences gravissimes non prévues, ou soudain un abus autoritaire par
quelques hommes du pouvoir exécutif ou expert pouvant mal répondre à une
situation particulière, peuvent se produire contre les populations, sans
alarme ni contrepartie de la veille et de l’action citoyennes. Si une erreur
de cet ordre était commise, demander auprès des acteurs de la structure
défaillante l’autorisation de dénoncer ses erreurs exposerait certainement
au refus, au lieu d’ouvrir la procédure pour y mettre un terme. Pour autant
conviendrait-il à qui le sache, de ne rien faire ?

La critique n’est pas faite pour édifier les pouvoirs mais pour les contrer.
Pour reprendre l’histoire de la seconde guerre mondiale, car la leçon
commune jamais n’a été tirée en Europe, la cause désastreuse n’est
certainement pas venue des citoyens critiques, elle est venue des pouvoirs
officiels et légitimes. Des conséquences de la puissance officielle
catastrophique, face aux combats héroïques isolés, nous avons tiré à jamais
les leçons. Car les héroïsmes locaux n’ont pas suffi, il a fallu ensuite des
millions de morts militaires sur le front de l’Est et sur le front de l’
Atlantique pour parvenir à vaincre le monstre, - en laissant partie du
monstre en place au dehors comme au dedans. Soyons pragmatiques. L’utopie n’
est pas l’objet de ce texte mais l’équilibre des diversités, toujours
précaire (apr définition, il tient à peu de choses).

Loin des langages codés ou politiques et économiques spécialisés, nous
voulons raisonner pragmatiquement en temps réel, au coup pour coup. Nous
voulons nous expliquer sans chercher de consensus, même entre nous : sinon
que nous entendions garder vives nos libertés et nous en ressaisir, sur le
tas, défendre le droit de vivre pour tous et pour chacun de pouvoir en jouir
au lieu d’en souffrir. Il s’agit juste de dire pourquoi sur ce point
uniquement nous
sommes d’accord sans conteste.

1. L’Europe à l’épreuve matérielle et affective de la société depuis
Maastricht

En 1992, nombre de citoyens français, portés par l’idéal européen et
l’espoir d’une paix durable en Europe, ont voté en faveur du traité de
Maastricht. Le résultat du référendum fut serré, car beaucoup de Français
s’inquiétèrent de la construction d’une Europe économique qui risquait de
limiter fortement la marge de manoeuvre des Etats et d’imposer une politique
libérale sans contrepouvoir. Nous y sommes. Depuis Maastricht, nous avons vu
que l’idéal européen de paix - celui des écrivains de l’entre deux guerres,
Romain Rolland ou Thomas Mann par exemple - avait été dévoyé et avait avant
tout servi à imposer des intérêts économiques en contradiction avec les
impératifs de justice sociale au fondement de nos démocraties.

Aujourd’hui, nous connaissons le déséquilibre social sans protestation
possible pour ceux qui ne sont plus dans le système, et nous savons comme
des petits territoires ont pu être rapidement dévastés par l’économie
agricoles européenne, à la fois raréfiée et spécialisée avant de disparaître
(pour la plupart de ce qu’il en restait de majeur qui fut diversifié), l’
agriculture « aidée » à mieux mourir aux dépens de ceux qui y produisaient,
de l’écologie qu’elle maintenait, à l’horizon des accords communs et depuis
le GATT, à l’heure des OGM.

De cela nous connaissons l’environnement difforme - souvent insalubre (l’eau
salie par les lisiers dans plusieurs départements français et les rivages
maritimes mortifiés par l’algue verte). Nous connaissons aussi les
déséquilibres de la santé, du milieu et de la faune, dus à la présence
concentrée du nucléaire sur le territoire français, sans compter l’
enfouissement des déchets, dans les départements qui avaient été épargnés
par les retombées de Tchernobyl, de l’Ouest du Massif central jusqu’à l’
Atlantique (l’entropie gagne maintenant le Mali, en Afrique) - en outre du
retraitement des déchets européens et internationaux à La Hague -.

De plus, l’électricité produite en surabondance par le nucléaire alimente, a
vocation d’alimenter davantage, les pays riverains, tandis que les
conditions écologiques sans retour se transforment sur le territoire de
production. Enfin, EDF aujourd’hui est privatisée pour 30% de son capital ;
c’est le taux que ne dépassent pas les raiders. Autant dire la
désinformation sur le peu qui a été commise au moment de la capitalisation
boursière, et si la privatisation du nucléaire aux dépens de notre écologie,
de notre santé, et de notre liberté de vivre autrement, paraît jouée. Car
les conséquences de nos inconvenances locales, qui inéluctablement iront en
s’accroissant, sont dès à présent à concevoir recadrées non seulement par
les convenances légitimes de nos voisins, mais encore, pour les parts
financières d’EDF, sous les lois libérales européennes, exécutives.

Nous ne voulons pas l’Europe contrainte ni l’Europe de toutes les
contraintes. Nous voulons l’Europe solidaire des libres autonomies. Ce ne
peut donc être l’Europe néo-libérale, ce ne peut donc être l’Europe de la
loi unique.

Qui, étant capable d’éprouver et de savoir la diversité européenne et la
considérant comme un des fleurons parmi le monde, mais ne voulant pas la
voir advenir soudain divisée puis antagonique, (en masse double, dirait
Elias Canetti, triple ou multiple diraient d’autres - ce qui caractérise les
états de guerre), ne pourrait comprendre que seule une fluidité permettant
des adaptations institutionnelles micro et macro régionales et communes,
toujours possibles, lui permettra en même temps d’éviter le choc des
malentendus inter-régionaux et d’ouvrir la nouvelle étendue de tant de
richesse ?

Dans l’Europe financière post-industrielle, la loi sociale semblable pour
tous ne vaut que pour les plus riches, ou pour les plus pauvres (qui n’ont
plus lieu de s’organiser pour lutter contre, puisqu’ils n’appartiennent plus
à l’univers des flux) ; pour tous les autres, dans la difficulté économique
de produire les ressources sociales raréfiées, elle manifeste les
oppositions des points de vue et la mortification des moindres projets qui
ne seraient pas prévus par le cadre commun ; cette disparition des
écosystèmes pouvant advenir du citoyen, laisse place à des oppositions
intercommunautaires ancrées dans la mémoire dissemblable du passé,
archaïsmes que loin de faire disparaître la loi unique imposée ne fera que
renforcer, avec le sentiment de bêtise, de rejet de l’ultime différence de l
’organisation sociale, de la culture, un sentiment amer d’injustice.

Qui a imaginé que la complexité pouvait être réduite par la simplification
des décrets sans que cela nuise à la vie ? la vitalité populaire alors
devient réactive ?

Alors, l’Europe unique impossible voulant se donner lieu à tout prix s’
invente des masques, elle cache ses intentions déplaisantes pour les
populations, tandis qu’elle édifie son pouvoir exclusif, le voulant éternel.

2. L’Europe désinformée désinforme

« L’Europe ne dit pas ce qu’elle fait ; elle ne fait pas ce qu’elle dit.
Elle dit ce qu’elle ne fait pas ; elle fait ce qu’elle ne dit pas. Cette
Europe qu’on nous construit, c’est une Europe en trompe l’oeil ». Cette
citation de Pierre Bourdieu, intellectuel qui savait de quoi il parlait
lorsqu’il était question de la « misère du monde », il faut la méditer avec
gravité aujourd’hui, et en tirer les conséquences en tant que citoyen, en
votant contre ce traité constitutionnel et en appelant autour de soi à voter
contre, de toutes nos forces.

Car cette phrase permet d’interpréter la voix de fausset avec laquelle les
partisans unis du « oui » de droite comme de gauche désinforment les
électeurs sur la perte de puissance de la démocratie directe, et ses
conséquences fatales sans contrepartie critique citoyenne face aux
dispositifs qui annoncent leurs délires prédictibles. Ces faits, sous
couvert du bouquet référendaire final, tandis que la démocratie européenne
s’exécute en post-démocratie par le réseau expert (politique, économique,
financier inclus) et administratif, avec la bénédiction d’un parlement qui
ne dispose ni ne peut disposer de pouvoirs suffisants pour prétendre en être
le garde-fou. Car nulle majorité parlementaire devant les peuples qui l’ont
définie ne peut être redevable des responsabilités engagées par un
gouvernement technocratique structuré par une oligarchie en réseau.

Autrement dit : le choeur unique des voix de fausset parlementaires et
techniques pour le oui manifestent des alliances massives de partis, cadrées
par des intérêts qui attribuent la faculté d’initié lié au pouvoir européen
oligarchique. D’où la langue de bois, les déclarations impératives, et les
contre vérités. Mais en amont, le pouvoir européen s’est d’emblée déchargé
de responsabilité à travers le système de la consultation et de l’expertise
(à son service), quand ce n’est pas la prescription servile pour les lobbies
économiques (ou exécutée directement par leurs doubles casquettes privées et
publiques).

4. Sur les relations extérieures.

Nous constatons, comme partout dans le monde sauf exception, l’ingérence
des USA en Europe ; la plus grande puissance économique et militaire du
monde qui prétend diriger l’OTAN peut du jour au lendemain mettre au pouvoir
des forces politiques capables d’asservir et de martyriser des peuples sans
conteste, pour réaliser par tous les moyens (y compris financiers et
monétaires sur le plan mondial) le projet de sa propre conservation ; ceci
jusqu’à attribuer son point de vue à celui du genre humain tout entier ; ce
genre humain dans la vision d’une seule civilisation sur plusieurs
territoires, et de la disparition ou de la servilité des autres, constitue
en ennemi l’altérité, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la société
américaine elle-même. Aucun pays du monde ne peut prétendre échapper à la
paranoïa américaine si elle apparaît. Enfin, l’environnement des grands
bassins de ressources naturelles mondiales tendent à devenir des sanctuaires
des multinationales arrivées avec les nouvelles guerres de la superpuissance
 ; devenues inhabitables, ces contrées écartant également les voyageurs
restent sous cette domination militaire.

Nous ne voulons pas d’une politique européenne unique de l’OTAN. Nous
voulons le droit de réserve des engagements régionaux autonomes dans l’OTAN.
De la même façon, nous voulons une armée européenne formée des armées
régionales des Etats membres dans la conservation de leur droit de réserve
respectif, face à la décision unitaire. Ce qui est le pire de nos souhaits,
car le meilleur est que nous préfèrerions possible que l’Europe comme les
autres régions du monde, et le monde, puissent se passer d’armée ; ce n’est
pas le cas.

5. L’Europe conforme est ouverte

En Europe centraliste du réseau néo-libéral, nous savons déjà, pour ce
qui nous concerne en France, nous voyons, nous éprouvons déjà, les
conséquences légales et matérielles désastreuses de la perte du pragmatisme
populaire dans l’impossibilité d’innover des gisements d’emploi et la
solidarité directe, fraternelle, tandis que le coût de la vie augmente et la
gestion indirecte de l’Etat accroît la division sociale au lieu de la
résorber.

Les modes de vie particuliers sont prescrits par les pouvoirs institués qui
s’infiltrent par la loi, au nom des directives européennes, jusque dans la
vie privée des citoyens (contrôle sécuritaire et accueil des étrangers). Les
microsystèmes de la survie non misérable et non criminelle sont interdits
par l’administration financière et économique autoritaire et rigide ; face
aux règles communes, les pays riches eux-mêmes sont inégaux. Tant il est
possible, par exemple, que le Royaume uni se soit délesté pour partie de son
poids de charges et de conséquences récessives solidaires, en n’intégrant
pas la monnaie unique.

L’Europe e la loi unique, par constitution, définition et structure est
inégale et non solidaire.

Quant aux bonnes affaires en marche sur la scène néo-libérale, l’Europe
centraliste en réseau "apolitique", justifié par la gestion et
l’administration, comme d’un autre côté les partis après qu’ils aient
dépassé tous leurs pactes historiques, attaquent implacablement non
seulement la diversité de l’activité et la diversité économique des
catégories sociales et euro-culturelles, mais encore et de façon synchrone l
’éducation de la conscience et de l’autonomie. Le cadre d’une perte de la
connaissance et de la qualité se substitue par les réformes partout ou les
derniers bastions populaires, publics comme non publics, ne sont pas
concernés par la fabrication des futurs cadres, ou des futures élites - ou
des services à leur service.

L’éducation qui fabrique des populations sans solution alternative pour
compenser l’inégalité des chances, pour viser une égale qualité et
qualification ou distinction, ne peuvent procurer aux citoyens des Etats
régionaux en Europe un sentiment de juste appartenance communautaire ; mais
de plus elle mène au respect servile de la loi ou au système pervers de la
délinquance, du plus bas de l’échelle sociale au niveau le plus élevé. Parce
que le dispositif bio-sélectif parie sur le fait que l’individu pauvre des
villes du troisième millénaire soit un imbécile, alors qu’il est rusé plutôt
que disparaître. De plus, aucun citoyen issu de la société des médias à la
fin du second millénaire, même s’il est désinformé dans le troisième, ne
peut être considéré comme totalement inculte dans le monde d’aujourd’hui.

Le pouvoir de transformation exclusif et non divers de la structure
communautaire européenne de la loi unique, voudrait se définir comme
légalement irréversible et imprescriptible, elle voudrait être éternelle et
elle se donnera un jour ou l’autre les forces de police et les armées pour
le prouver contre toute protestation. Nous déclarons le danger de situations
violentes ou de chaos, qui s’annonce en masse critique de la ligne abusive
contre toute spontanéité vitale et sociale.

L’abus, consistant à passer outre l’altérité de la diversité culturelle et
politique et de leurs aspirations, procède de l’intention de modifier, de
façon majeure et unique, la structure de la vie, et de la délocaliser par
contrainte. Il commence par s’exécuter contre la sagesse héritée des
peuples, contre le droit citoyen éduqué et institué dans un itinéraire de
progrès des classes sociales en marge des dictatures, après les révolutions
et les guerres modernes.

La société contemporaine est au delà de l’équivalence de la valeur d’usage
et de la valeur d’échange du système de la production, mais en pleine
récession du changement, ce n’est pas une raison pour considérer
que nous ne valions rien si les oligarques nous coûtent cher ; contre le
retour des nations les oligarques imposent leur pouvoir unitaire aux peuples
en les éloignant du suffrage universel.

Ce n’est pas au nom de la pseudo-confirmation électorale d’une constitution
désinformée sur son mode exclusif et définitif, jusque dans son propre
texte, que les représentants élus et nommés trouveront le moyen légitime de
poursuivre l’escroquerie sur nos droits, même à leur avantage : nous ne
voterons pas oui.

6. La constitution de l’état de fait renforce les détails contre les
libertés

La constitution européenne n’est ni le modèle constitutif, ni le modèle
exécutif de l’Europe, elle n’en est que le reflet confus et honteux.
Aujourd’hui, la politique se joue ailleurs. Mais justement, si elle n’est
qu’un simulacre constitutionnel, montrons que nous n’entendons pas nous
faire dérober l’expression du vote, mieux, que nous voulons l’étendre à
l’élection présidentielle européenne, montrons que nous prenons la puissance
du vote au sérieux, et que nous ferons notre prétexte de la constitution
post-administrative, pour dire non à l’Europe centraliste de l’oligarchie et
de ses réseaux experts.

7. Une observation sensible de la France européenne

Le mode de l’Europe néo-libérale absolutiste, qui n’est pas encore
confirmé par notre accord mais déjà installé par les pouvoirs, provoque des
retours sociaux identitaires et néo-nationalistes, des haines
inter-régionales, des xénophobies endogènes de l’Europe, etc. Ceci n’affecte
pas seulement la société civile in situ, cela affecte aussi la structure
intellectuelle, et ceux d’entre nous qui se confrontent aux larges listes de
discussions européennes anglophones (langue commune la plus partagée), dans
les domaines de l’art et de la culture sur Internet, le constatent déjà.

Pour notre part, en France, nous savons les régressions de principe à
travers la rupture symbolique que d’aucuns nomment trahison des pactes
passés, à propos des réfugiés politiques et l’accueil des étrangers.
L’accueil traditionnel des étrangers venus du monde entier a fait le creuset
de la diversité sociale de la société et de la culture post-modernes en
France, on l’a exténuée en quelques années au nom des directives
européennes.

Est-ce à dire le mensonge des gouvernements hérités de l’ancienne tradition,
profitant opportunément des circonstances de la prescription européenne, ou
est-ce l’abolition pure et simple de leur pouvoir critique possible, par le
pouvoir global européen, lorsque ses prescriptions sont exécutives ? D’ores
et déjà, il ne resterait plus que le devoir d’insoumission au niveau des
régions quand il ne figure même pas aux droits de l’homme contractuels de
l’Europe.

Nous demandons la restauration du devoir d’insoumission devant l’infamie
lequel en annexe de la constitution française nous a été dérobé, en 1989,
pour l’harmonisation européenne ; et nous voulons son application dans une
disposition critique du rapport des Etats régionaux à l’union européenne.

Quelles autres alternatives critiques solidairement avec les pays
défavorisés qui se battent pour s’édifier ou se renouveler pourraient
exister, parmi les communautés économiques soumises aux ordres des
organisations supranationales (que les Etats dominants ont forgées dans leur
seul intérêt) ? Sinon les nouvelles structures communes des Etats riches qui
s’innovent dans le monde ? Et donc l’Europe, en puissance nouvelle de sa
singularité et de sa diversité communautaires, non en sacrifice d’elle-même.

Qui de nous, en tant qu’électeurs français qu’ils fussent de droite ou de
gauche, ou même abstentionnistes faute de vote blanc utile, aurait choisi
pareil état des choses, quand au contraire Chirac fut plébiscité contre Le
Pen ? Qui de nous pourrait ne pas attendre le meilleur de l’Europe, quand
tant de causes liées aux inégalités devant les lois attendent malgré tout de
recevoir justice par la Cour Européenne des droits de l’homme ?

Ce que nous refusons de cautionner c’est l’aventurisme irresponsable, par
défaut de la res publica et d’un pouvoir exécutif élu au plus large suffrage
universel, dans un pouvoir européen d’ores et déjà oligarchique, diffus et
total, par conséquent sans projet d’être redevable de ses engagements auprès
des populations, sinon de leur en communiquer les ordres.

8. L’oligarchie (gouvernement par un groupe) néo-libérale

Un modèle flagrant de transfert du support antisocial à l’Europe qui
permet de montrer ce qu’est un oligarque : Seillières. Efficacement agissant
contre les libertés dans les négociations sur le travail intermittent
(statut et protection), on le retrouve dans l’affaire des droits d’auteurs
lésés au profit des droits voisins, contre le web, et jusqu’au rapt de
l’institut national de la propriété industrielles (INPI), pour recadrer ces
droits dans on ne sait quelle nébuleuse supranationale lucrative prescrite
par l’OMC. L’INPI était le patrimoine public de tous les petits déposants
aux chances égales des plus grands. Seillières, héros des dernières « 
réformes » antisociales et antipopulaires, exécuteur de projets
supranationaux, bref, ennemi public du public, se retrouve nommé en haute
charge européenne et aussitôt prend position pour la circulaire Bolkestein.
Ceci, sans attendre le résultat du référendum, tant il se sent délié de la
région élargie qu’il vient de contribuer à stigmatiser, en première place
des pertes et profits européens. Ainsi, on voit comment un oligarque de
Bruxelles n’est pas redevable de la citoyenneté.

C’est dire si la constitution ne devrait pas renforcer une disposition déjà
non démocratique des influences et des décisions. Au contraire, elle devrait
renforcer les contre-pouvoirs régionaux des Etats et les faire représenter
par un président commun, directement élu au suffrage universel de chaque
région européenne, redevable devant elles des responsabilités engagées par
l’Europe bureaucratique. Redevable autrement que le parlement européen
diffus. Nous voulons voir les pouvoirs séparés, pour préserver les droits et
éviter les désastres sociaux, humains, écologiques, juridiques,
technocratiques contre les citoyens - ou du moins, sous la représentation de
leur propre vigilance.

Il ressort à présent qu’aucune diversification n’est envisagée, bien au
contraire tendant à l’uniformité ; la solution unique est toujours fatale en
cas d’erreur ou de dysfonctionnement, quel que soit le domaine concerné ;
mais il y a plus, la solution unique imposée contradictoirement à l’ensemble
d’une communauté diverse, ou dans son déni, s’appelle totalitarisme.

Le totalitarisme machinal (« le modèle techno-oligarchique expert et
déresponsabilisé ») : est-ce bien Frankenstein que nous voulons voir advenir
comme modèle européen ?

Comment ne pas anéantir le monstre révélé demain - quand il sera trop tard ?
Aujourd’hui, nous le savons encore en fabrication et nous pouvons surseoir à
son achèvement.

9. Une idée émergente de l’Europe

Nous préférons des solutions diversifiées par les localités.

Elles-mêmes changent selon leurs pouvoirs élus et les renouvellements de
leurs populations respectives. Les régions européennes doivent pouvoir
évoluer singulièrement, en se révolutionnant selon leurs circonstances, de
façon juste et dans la paix civile, librement consentie. C’est seulement de
cette façon que la situation de paix civile et sociale en Europe est
imaginable autrement que sous la contrainte ; l’oppression est effectuée par
la
censure accomplie en autocensure masochiste suicidaire, ou rendue exécutoire
par le contrôle des inspecteurs et les polices ; c’est un processus toujours
mortifères de l’initiative individuelle et de la vitalité collective :
exécution arbitraire du droit, intolérance de la différence.

L’oligarchie pour se laver les mains, pour éviter de se retrouver à la barre
des accusés lors de procès ultérieurs, a commis pour première tâche du
pouvoir central de se donner une structure bureaucratique en réseau, relais
complice de la décision, où aucune des décisions prises ne peut être
attribuée à une responsabilité particulière.

Non seulement Frankenstein n’est pas responsable, mais pas davantage celui
qui lui a donné le jour. Instrumentée par les lobbies économiques d’un côté,
confrontée aux partenaires sociaux qui se lamentent ou collaborent de
l’autre, mais qui jamais, par structure, ne représenteront la masse des
exclus serait-elle énorme, la machine Europe s’accélère.

L’Europe non diverse cela s’entend : sauf en ce que la diversité régionale
permettrait plus de profit, non seulement antisocial mais encore en faisant
l’ellipse des assurances d’usage dans le recours des marchés contractuels
(Bolkestein).

10. NON

La situation est déjà bien installée depuis Maastricht ; à travers
l’Europe financière et libérale liée au pouvoir mondial, elle forme une
superposition de réseaux et de cadres du monde global au monde local jusqu’à
l’administration de chaque ville, d’où les populations oppressées ne
pourront sortir sans s’émouvoir contre les polices. Les droits de
protestation leur sont progressivement dérobés.

Ainsi, nous craignons d’autant plus de futurs bains de sang que nous savons
déjà le droit de grève remis en question par une conception extensive du
service minimum, applicable à l’échelle européenne des services et des
échanges intercommunautaires, et exécutable sous l’autorité des « forces de
l’ordre » ; sans compter que la constitution européenne reconnaît le "droit
de grève patronal", utilisé par le patronat Chilien pour saper l’autorité
d’Allende avant le coup d’Etat.

L’Europe unique est à entendre sans responsable de nous avoir faits passer
de la de la Communauté Européenne à l’Union Européenne. Nos oreilles se
souviennent.

Plus encore qu’en Amérique du Patriot Act où les représentants du pouvoir
portent leurs responsabilités médiatiques, l’Europe, à travers la perte de
responsabilité engagée par le pouvoir oligarchique qui énonce les projets de
loi majeurs, s’est fondée depuis le statut communautaire économique inspiré
par le néo-libéralisme selon un modèle de tolérance, jusqu’à l’unité
exclusive de la loi néo-libérale se donnant les moyens politiques dans une
désinformation totale des citoyens, qui la prédit en totalitarisme.

Cette Europe s’est désolidarisée depuis longtemps du suffrage universel et
de la diversité régionale. Elle a ainsi fermé la sortie de secours
pragmatique des savoirs acquis et éduqués. Mais de plus, elle a négligé de
prévoir un plan B de l’organisation générale et particulière.

Parmi les mesures salvatrices d’urgence, en outre du devoir majeur de
s’insoumettre devant l’infamie pour les citoyens et pour les Etats
régionaux, et en outre d’un président élu directement au suffrage universel,
nous voulons une constitution commune pour une fédération des régions
européennes, seule contrepartie responsable de la diversité face aux
pouvoirs déjà nommés ou institués à Bruxelles. Car ce gouvernement diffus
des commissions et des réseaux acquis sous la bienveillance complice de la
seule structure élue du parlement européen, ne connaissent plus de frein à
leur arrogance ni à leurs erreurs de bonne foi.

Loin de la confirmation constitutionnelle attendue, le dévoiement de la
communauté européenne mutée en union européenne désinformée, ses objectifs
et ses moyens, font place à une idée alternative de la fédération
européenne, qui s’impose non comme Etat traditionnel mais comme
environnement émergent.

La seule stratégie pour dépasser les groupes des oligarques est celle-ci,
celle des libertés à la base d’une figure dynamique de la diversité
solidaire, y compris dans l’extension européenne elle-même ; elle permet à
l’Europe de réintégrer les exclus sans attendre qu’ils soient conformes -
puisqu’ils n’ont pas pu relever le défi des changements, peut-être
adviendront-ils de façon autrement intéressante pour la cité ? - elle permet
d’intégrer les pays différents ou altiers, même en leurs alliances sans les
soumettre - entendre dans le cadre d’une fédération qu’il n’y aurait pas à
craindre pour les autres pays qu’un seul d’entre eux puisse subir une
ingérence, puisqu’elle ne pourrait engager la communauté dans son entier -.

Une fois les conventions des droits de l’homme et du droit du travail
imprescriptibles, de la quote part des frais communs et de la charte de l’
environnement respectés : libres modes de production et d’organisation
sociale des Etats régionaux européens.

A ne jamais manquer de l’informer.

Conclusion

C’est pourquoi, voulant qu’un sens soit accordé au vote « Non » contre
la constitution globalement abusive et irresponsable qui nous est proposée,
nous pensons que le débat sous couvert de l’incompréhension des textes a été
suffisamment désinformé et poursuivra de l’être fatalement, à cause de
raisons organiques signifiées ici.

En tant qu’imbéciles habilités de nous-mêmes, nous déclarons
solennellement qu’il s’agit loin d’un problème sur les détails du texte, au
contraire de deux points de vue opposés sur la conception de l’Europe, l’une
lourde et peu plastique voire irréversible, l’autre souple, dynamique et
toujours réversible.

Poursuivre le débat avec ceux qui veulent convaincre du oui irréversible, en
rabattant sur le texte constitutionnel, désinforme la question du vote sur
le principe, en accroissant la confusion. Poursuivre de collaborer à un tel
processus mène à provoquer l’abstention, quand la réserve du vote blanc n’
étant pas déduite des suffrages utiles, n’est pas considérée comme un vote
exprimé.

Quant à nous, c’est bien « non » que nous voulons dire. Ceux qui manifestent
pour le oui d’une seule voix de fausset faisant croire que le vote négatif
est anti-européen mentent au public. Ils désinforment délibérément le vote
dans un jeu de kaléidoscope infini du texte constitutionnel, pour exténuer
les réponses du « non » dans le même jeu en miroir, piège de la perte du
sens.

Déjà, l’Europe correspondant à cette constitution s’est mise en place sans
elle - puisque celle-ci lui correspond. C’est dire si en répondant "non",
puisque l’opportunité se présente maintenant ou jamais, nos enfants ou
petits enfants sauront que nous avons dit, au moins, que nous n’étions pas
d’accord.

Pour notre part, pour que l’Europe des citoyens puisse naître, nous
souhaitons un « non » généreux et massif qui s’oppose à l’extension de
l’Europe post-démocratique, car en plus de nous avoir été imposée elle est à
présent et en prévision monstrueuse. Elle n’est pas celle que nous
souhaitons ni pour nos droits, ni pour notre environnement, ni pour nos
modes de vie, ni pour le développement de nos idées.

Nous ferons tout pour encourager la position radicale du refus d’être
manipulés par un monstre. Et le cas échéant, au cours de la campagne
officielle qui arrive : nous ne nous laisserons pas avoir par ses petites
friandises.

Club post 1984 Mary Shelley et C°
Pour l’Europe diverse des citoyens responsables d’eux-mêmes - et devant les
autres.


Tout cela est libre, à racourcir, à éclaircir, ou à modifier, pourvu que ce
soit dans le sens de la communauté pas de l’union.
Répondre à "Club post1984..."

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