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APPEL DE PERSONNELS DE L’EDUCATION NATIONALE DE SEINE-SAINT-DENIS

Publie le mercredi 30 mars 2005 par Open-Publishing

LA SEINE- SAINT- DENIS 93

APPEL DE PERSONNELS DE L’EDUCATION NATIONALE DE SEINE-SAINT-DENIS POUR LA DÉFENSE DES REVENDICATIONS ET DU SERVICE PUBLIC DE L’EDUCATION NATIONALE, POUR LA VICTOIRE DU VOTE NON À LA CONSTITUTION EUROPÉENNE

Nous soussignés, instituteurs, professeurs, TOS, agents administratifs et de laboratoire, surveillants et assistants d’éducation, venons de prendre connaissance des conditions de la rentrée scolaire 2005 dans le département.

JUGEZ VOUS-MÊMES :

Pour les écoles maternelles :
24 fermetures de classes sont envisagées alors que l’Inspection académique annonce 1 344 élèves supplémentaires. Le taux de scolarisation des enfants de deux ans est déjà passé de 25 % en 2000-2001 à 8 % en 2004-2005. A Noisy-le-Sec, ce sont des enfants de 4 et 5 ans qui sont sur liste d’attente !
Ne s’agit-il pas de la mise en œuvre de la politique de l’Union européenne qui remet en cause depuis des années « l’exception » française que constitue l’école maternelle ? Les directives européennes ne parlent d’ailleurs jamais de l’école maternelle mais de « modes de garde ».
Pas de place à l’école maternelle, pas de place en crèche : que doivent faire les mères de famille ? Arrêter de travailler ?

Pour les écoles élémentaires :
Alors que 1223 élèves supplémentaires sont annoncés, l’Inspection académique envisage 35 fermetures de classes !
La conséquence, c’est l’augmentation des effectifs par classe, c’est l’augmentation de la charge de travail pour les enseignants, c’est une diminution des chances de réussite pour les élèves.
Au total, pour les 2 567 élèves supplémentaires en maternelle et en élémentaire, il n’est prévu que 30 postes, soit un instituteur pour plus de 80 élèves !

Pour les lycées :
des centaines d’heures sont supprimées (156 au lycée de Montreuil, 64 heures au lycée de Stains, 96 heures au lycée de Bondy...) ainsi que 10 postes d’enseignants alors que le rectorat annonce 500 élèves supplémentaires. Combien de classes à 35 élèves et plus à la prochaine rentrée ?

Pour l’enseignement spécialisé :
Il n’y a plus de classe de perfectionnement en Seine-Saint-Denis. Le centre Croix Rouge à Pierrefitte est fermé depuis janvier dernier, le Centre Médico-Psychologique Blumenthal à Epinay devrait fermer en septembre 2005, des incertitudes existent quant au devenir de l’école de Plein Air à Pantin.

Les CMP sont saturés. Celui de Stains traite actuellement des dossiers de janvier 2004.
4 des 8 postes de psychologues scolaires à Aubervilliers ne sont pas pourvus.
Que va-t-on faire des enfants qui relèvent de l’enseignement spécialisé ? Les mettre dans des classes « banales » déjà surchargées ?
Dans une structure spécialisée, un enfant « coûte » en moyenne 25 000 € par an alors qu’il « coûte » 7 000 € par an dans une école « ordinaire ».
Quand on détruit l’enseignement spécialisé, ne s’agit-il pas d’appliquer le Pacte de stabilité dicté par l’Union européenne, qui impose que les déficits publics ne dépassent pas 3 % du PIB ?
Pour les collèges : alors que 39 suppressions de postes sont annoncées, le ministère crée une option « découverte de l’entreprise » permettant de livrer les enfants de 3ème, âgés de 14 à 16 ans, à l’exploitation patronale sous couvert de « stages ». Mais la place des enfants est à l’école, pas à l’usine ! Rappelons que l’an dernier un collégien de 15 ans est mort en stage, écrasé par une plaque de béton !
10 postes d’enseignants spécialisés sont supprimés dans les SEGPA, structures spécialisées pour les élèves en difficulté.

Cette situation n’est-elle pas à mettre en rapport avec la volonté du gouvernement de supprimer le bac, diplôme national ayant la même valeur sur tout le territoire national ? L’instauration du « contrôle continu », c’est la fin de l’anonymat qui protège le candidat et le correcteur de toute influence. Rappelons que le bac est le « premier grade universitaire » qui permet de s’inscrire dans une université et qui est reconnu dans les statuts et les conventions collectives.
Cette situation n’est-elle pas à mettre en rapport avec le communiqué adopté à Maastricht le 14 décembre 2004 par les ministres de l’enseignement de 32 pays européens, le patronat et la Confédération européenne des syndicats, qui affirme : « La priorité devrait être donnée à la validation des apprentissages non formels » ? Alors, il faudrait supprimer cet examen « formel » qu’est le bac !

Ils ont raison ces lycéens de Stains, de Noisy-le-Sec et de toute la France qui font grève et manifestent pour le droit à un avenir, pour le droit de garder un diplôme national, le même pour tous, droits remis en cause aujourd’hui par le projet de loi Fillon.

Quand un inspecteur de lettres déclare lors d’une réunion de professeurs de langues anciennes dans une commune du département : « D’emblée, je veux dire qu’il y a une chose qu’il faut intégrer, c’est la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF), votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale.
L’économique nous commande, qu’on le veuille ou non. Il faut être pragmatique. La valeur qui prime désormais, c’est la rentabilité. Bon, le terme n’est peut-être pas adapté : est rentable ce qui contribue à la réussite de l’établissement. Nous devons démontrer que les langues anciennes contribuent à la réussite de l’établissement, dans un contexte de concurrence entre établissements. Pour cela, notre action doit s’inscrire dans une logique de projet global, comme le projet d’établissement ».

Ne s’agit-il pas déjà de la mise en œuvre de la Constitution européenne, qui ne reconnaît ni l’enseignement public, ni les services publics, mais seulement les services d’intérêt général qui, au nom de la « concurrence libre et non faussée », devraient être privatisés ?

Quant aux personnels TOS, qui assurent l’entretien des établissements, la préparation des repas et le service dans les cantines, un décret de janvier 2005 vient de décider leur transfert contre leur gré aux départements et aux régions, remettant ainsi en cause leur statut de fonctionnaires d’Etat et les menaçant de privatisation. Notre statut de fonctionnaires d’Etat est incompatible avec la Constitution européenne !
Les responsables sont ceux qui appliquent depuis des années les directives européennes.

Ainsi le « Mémorandum européen sur l’éducation et la formation tout au long de la vie », élaboré par la Commission européenne, affirme : « pour rapprocher l’offre de formation du niveau local, il faudra aussi réorganiser et redéployer les ressources existantes, afin de créer des centres appropriés d’acquisition des connaissances dans les lieux de la vie quotidienne où se réunissent les citoyens - non seulement les établissement scolaires, mais aussi les cercles municipaux, les centres commerciaux, les bibliothèques et musées, les lieux de culte, les parcs et les places publiques, les gares ferroviaires et routières, les centres médicaux et complexes de loisirs ainsi que les cantines des lieux de travail ».

Si on peut apprendre les mêmes choses dans un établissement scolaire et dans un centre commercial ou une gare ferroviaire, il n’y a aucune raison de conserver des écoles et des personnels sous statut : étudiants surveillants (MI-SE), personnels ouvriers fonctionnaires d’Etat, professeurs formés et qualifiés dans leur discipline, infirmières et assistantes sociales (il n’y a plus aucun poste d’AS de l’Education nationale en Seine-Saint-Denis !).
Telle est la logique de l’Union européenne, logique qui serait gravée dans le marbre avec la Constitution européenne.

Personne ne peut accepter de voir l’école détruite comme ils détruisent la Sécurité sociale et la santé, et cela au nom du Pacte de stabilité imposé par l’Union européenne. Nous ne pouvons les laisser faire des économies sur le dos de nos enfants.
Pour mettre un coup d’arrêt à cette politique de destruction des services publics qu’aggraverait encore la Constitution européenne, 15 000 travailleurs et jeunes ont manifesté le 22 janvier à Paris, à l’appel du Comité national pour le non à la Constitution européenne.

Ils ont adopté un serment qui affirme : « L’école publique, La Poste, EDF-GDF, la SNCF, tous les secteurs de la fonction publique d’Etat, mais aussi le code du travail, tout ce qui permet de mettre en œuvre l’égalité des droits entre citoyens, tout cela est menacé de disparition par l’Union européenne ; La Sécurité sociale, les hôpitaux publics, les maternités sont, par l’application du Pacte de stabilité issu du Traité de Maastricht, soumis à une politique de destruction systématique ».
A partir de ce constat, ils se sont engagés à mobiliser toutes les forces pour défendre la République et les services publics, pour assurer la victoire du vote non à la Constitution européenne.

Signez et faites signer le serment de la Place de la république !
Pour mettre un terme à ce saccage, pour inverser la tendance et reconquérir nos droits, organisons-nous pour résister et faire triompher le vote NON !
Nous vous appelons à contresigner cet appel, à le faire contresigner.

Nous vous invitons à rejoindre les comités pour la victoire du vote non,
constitués sur la base du serment adopté le 22 janvier !

le "Serment de la place de la République"
site internet
http://www.republiqueuneetindivisible.com/