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La résistance sahraouie s’invite dans l’Armada 2013

par PACO

Publie le dimanche 9 juin 2013 par PACO - Open-Publishing
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Une première. Des drapeaux sahraouis ont flotté le 8 juin à Rouen devant un navire de guerre marocain pour demander la libération des prisonniers politiques lourdement condamnés en février dernier à Rabat par un tribunal militaire.

Des élus de la Ville de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime) conduits par le maire Jean-Paul Lecoq, rejoints par des membres du comité de jumelage de cette commune, par des militants communistes et des représentants d’une association sahraouie, animaient le stand des Amis de l’Humanité le 8 juin à Rouen dans le cadre de l’Armada 2013.

La grande manifestation dédiée à la marine invitait de grands voiliers venus de divers pays, mais aussi des bâtiments militaires. Parmi eux cette année, le Bir Anzarane, patrouilleur de l’armée marocaine portant le nom d’une bataille qui opposa, en 1979, les forces marocaines et le Front Polisario.

Le stand gonfrevillais présentait notamment une exposition du photographe Anthony Jean sur le camp de résistance sahraouie de Gdeim Izik (violemment réprimé par les autorités marocaines en novembre 2010) et diffusait de la documentation sur vingt années de solidarité déployées par la commune normande jumelée avec la ville sahraouie de J’Refia en direction de la population du seul territoire non décolonisé d’Afrique.

De l’information à l’action, le pas fut vite franchi. Les militants portant des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire « Le Sahara Occidental n’est pas marocain » se sont dirigés vers le Bir Anzarane amarré sur un quai rouennais. A l’approche des drapeaux sahraouis, un orchestre militaire marocain a entamé son hymne national sur le pont du bateau. Une longue banderole demandant la libération des prisonniers politiques sahraouis a alors été déployée devant l’impressionnante file de touristes qui attendaient pour visiter le navire comme c’est la coutume durant l’Armada.

Sous un soleil de plomb, des tracts (voir ci-dessous) étaient distribués pour expliquer l’action. Les militaires marocains photographiaient et filmaient les manifestants qui eurent rapidement affaire à la police française. Selon des ordres « venus de haut », il était demandé aux militants de plier la banderole, de cesser la distribution des tracts et d’enlever leur tee-shirts. « J’ai été arrêté à Casablanca par le pouvoir marocain et expulsé le 8 novembre 2010 parce que je venais soutenir le camp sahraoui de Gdeim Izik. Ici, nous sommes en France et nous avons le droit de nous exprimer librement... » a tenté, en vain, l’ancien député communiste Jean-Paul Lecoq. Les palabres devaient trop s’éterniser au goût d’ « en haut » puisque les CRS furent envoyés en renfort pour encercler et disperser cette manifestation non autorisée.

Au bout de plus d’une heure de présence, banderole roulée, mais tee-shirts toujours collés aux corps et drapeaux en l’air, les militants firent alors semblant de faire la queue pour monter à bord du Bir Anzarane, bâtiment sorti des chantiers navals de Lorient. Une farce qui ne fut pas du goût des amis de « notre ami le roi » puisque des flics en civil suivirent les amis de la République arabe sahraouie démocratique jusqu’à leur retour sur le stand des Amis de l’Humanité installé quai Ferdinand-de-Lesseps.

L’Armada investit les quais de Rouen jusqu’au 16 juin. Chacun peut donc aller saluer à sa façon le Bir Anzarane. A suivre ?

Plus d’informations sur les prisonniers politiques sahraouis, les 24 de Gdeim Izik et de nombreux autres, sur le site Internet.

Un résumé en images :

Le tract diffusé devant le Bir Anzarane, bateau de guerre marocain :

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