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Les socialistes européens unis contre le "non" à la Constitution

Publie le samedi 9 avril 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

de Gérard Filoche

Voici une dépêche non seulement de soutien mais de propagande pour le « oui »...Commentons-là...

"jeudi 7 avril 2005, 16h25 Les socialistes européens unis contre le "non" à la Constitution"

BRUXELLES (Reuters) - Les socialistes européens se sont mis en ordre de bataille pour intervenir dans la campagne référendaire en France afin de dénoncer les "mensonges" des partisans français du "non" à la Constitution européenne.

Vous noterez : « ils » ne se sont pas réunis pour argumenter et défendre le « oui », mais pour dénoncer les forcément mensonges du « non »... Ils sont en « ordre de bataille » contre des « menteurs » pas pour convaincre des citoyens, pas pour proposer, pas « en positif », non, mais en « contre », en inquisiteurs contre le « non »... Ce n’est pas un débat, ce n’est pas une bataille « d’idées » de gens qui s’écoutent et se respectent grâce à la qualité des arguments, non, il y a les idées d’un côté ( ?) les mensonges de l’autre...

"L’Europe compte sur la France" : c’est la devise adoptée par les dirigeants des 25 partis de l’UE, qui se sont réunis pour arrêter leur stratégie avant un grand meeting politique qui aura lieu le 3 mai à Paris, donnant le coup d’envoi à une série de 500 événements organisés par le PS à travers la France.

S’il y avait besoin d’encourager les 55 % de français favorables au « non » et de les rassurer sur le fait que leur vote sera écouté, et aura du poids, c’est bien ce slogan. « L’Europe compte sur la France » ! Profitons-en, expliquons que nous voulons une autre Europe , sociale. On est sûrs d’être entendus, de ne pas voter dans le désert. Cela nous fait plaisir que les dirigeants de 25 pays se réunissent pour essayer de peser sur l’un d’entre eux, le nôtre. En retour on va peser sur eux. Comme par hasard nous sommes le seul pays qui a connu et mené un débat, car dans les 24 autres pays, les adhérents n’ont pas été consultés, quand à leurs électeurs ils ont désavoués dans la majorité des cas, le 13 juin dernier, les dirigeants de ces 24 pays, sauf le Ps français, qui a eu 30 % des voix en défendant une Europe sociale sans défendre la constitution de Giscard-Chirac-Barroso...

Un souvenir quand même : il y a 5 ans, en 1999, dans treize de ces pays sur 15, ces dirigeants étaient au pouvoir. Qu’ont-ils fait ? On attend encore qu’ils organisent « 500 événements » en faveur de l’Europe sociale à travers l’Europe. Nulle part, alors qu’ils étaient en situation, ils n’ont agi comme ils le promettent aujourd’hui :

1°) Ils ont laissé faire la marche au libéralisme en Europe en passant par Amsterdam, Nice et Barcelone... en passant par le Pacte de stabilité, déclaré depuis « stupide » mais qu’à l’époque ils juraient leurs grands dieux qu’il fallait le respecter !

2°) Ce sont eux qui ont négocié le traité de Nice et l’ont vanté comme une « réussite » alors qu’ils le décrivent aujourd’hui comme un épouvantail.

3°) Ce sont eux qui ont fait l’élargissement sans approfondissement, créant la situation pour le dumping social et la déréglementation ves le bas.

4°) Ce sont eux qui étaient aux affaires encore et qui ont approuvé Bolkestein (Antony Blair, Gerhard Schröder, Pascal Lamy...)

Fait remarquable, les 202 membres du groupe socialiste européen, dont les francophones se sont engagés à participer à la campagne française, ont affiché leur unité, malgré la présence dans leurs rangs d’une dizaine de députés européens partisans du "non", qui a le vent en poupe dans les sondages.

Les voilà qui veulent venir débattre dans notre pays et donner des leçons aux salariés Français, eux, qui n’ont pas organisé le débat dans le leur. On croit lire le Monde de la veille : « Au Parlement européen, les députés non français se désolent de la médiocrité du débat français ». Non, mais qui se croient-ils ? Ou ont-ils discuté, ou ont-ils débattu, combien de leurs concitoyens ont participé, ont été informés, ont voté, eux qui ont adopté le projet de constitution le 19 juin 2004, dans le dos du Parlement européen, dans le dos des citoyens de leurs différents pays qui avaient voté le 13 juin... De quel côté est la « médiocrité » ?
Phrase suivante du Monde : « L’un d’eux, Daniel Cohn-Bendit (Verts) a décidé de faire campagne en France pour le « oui ». » Ah, bon, ça change tout ! Ne s’agit-il pas de ce Cohn-Bendit, girouette à tout faire qui a dit tout et son contraire dans sa vie, qui se présente de façon usurpatrice comme le porte-parole du mouvement de mai 68, lui qui n’a jamais su ce qu’était une grève organisée par un syndicat et qui était incapable de s’intéresser aux 9 millions de grévistes salariés qui ont vraiment « fait mai 68 »... Et si on ne se trompe pas, celui qui va « venir nous expliquer » ce qu’on ne sait pas, nous autres, ignares, est rejeté par son propre parti, les Verts, parce qu’il entend faire cette campagne avec la droite, c’est bien vrai, n’est-ce pas ?

"Nous avons exprimé à l’unanimité que les socialistes européens soutiennent à 100 % l’engagement du PS en France pour le « oui » , a déclaré leur dirigeant, l’Allemand Martin Schulz.

Il y a des unanimités qui font mal, qui sont lourdes. Qui y croît ? Ils ont tous peur du débat, tous peur d’être obligés de rendre des comptes à leurs militants, à leurs électeurs, après un « non » français : cela poserait la question, pourquoi ne se sont-ils pas battus mieux, autrement, plus fort, pour imposer, dés le début une autre constitution, lorsqu’il étaient dans cette commission droite-gauche sous la direction de Giscard ? A ce moment-là, s’ils avaient mis 100 % de leur énergie, ils auraient pu prendre l’Europe à témoin que l’élargissement pouvait se faire autrement, que le texte de la Constitution ne devait pas faire autant de concessions au libéralisme...

Lors d’un vote organisé jeudi matin, 191 députés socialistes ont appuyé cette ligne, un parlementaire suédois s’y est opposé et il y a eu 10 abstentions — celles de députés français.

Quelle « ligne » ? Celle qui n’a pas été mise en œuvre quand 13 pays sur 15 étaient à majorité de gauche ? Celle dont vous dites « on n’a pas d’autre choix quand il y 19 pays sur 25 qui sont libéraux ? Celle aussi que MM Blair et Schröder mettent en œuvre et qui « colle » au libéralisme ?

La gauche européenne a visiblement du mal à comprendre l’exception française et refuse que toute l’Europe soit prise en otage par un vote négatif qui, selon elle, serait absurde.

Alors là ! « exception », « refus » « otage » « négatif » « absurde » les mots font fort ! Rebâtissons la phrase en positif :
« La gauche européenne observe ce qui se passe en France et qui interpelle toute l’Europe ouvrant enfin un débat sur l’avenir de celle-ci : sera t elle libérale ou sociale ? »
Ce n’est pas mieux ?

Martin Schulz, qui parle un excellent français, a fait des expériences de dialogue en France à l’évidence marquantes, puisque les Français veulent d’après lui exprimer leur rejet de la politique menée par Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin.

On relit fort joliment : Martin Schulz a donc fait des « expériences marquantes » en venant débattre en France ? Hé, oui, les Français ont de l’avance, de la culture, de l’intelligence, ils ont lu et débattu, et dans le Ps, il a 42 000 maîtres d’école du « non », minoritaires dans le parti mais majoritaires dans l’électorat ! Ce n’est pas rien : ça « marque » ! C’est dur ! C’est ce qui va arriver à Cohn-Bendit et aux autres qui vont vouloir venir nous défendre cette constitution calamiteuse : il va falloir qu’ils en assument le contenu, les articles scélérats et inacceptables sur le « dieu marché » et l’objectif « concurrence » libre...

"NE PAS PUNIR LES EUROPÉENS" (sic)

"Moi je parle de la Constitution et ils me répondent sur la politique intérieure française", remarque-t-il. "Il ne faut pas punir les Européens pour la politique de Chirac et Raffarin."

Qu’est-ce que c’est que cette distinction ? Mais c’est la même politique. Totalement. C’est normal que les Français connecte les deux : ils expérimentent en pratique avec Chirac-Raffarin la politique contenue dans le projet de constitution...Même chose, même musique, même mots, mêmes effets ! Ce sont les mêmes gens, libéraux qui règnent aujourd’hui dans la commission, au conseil, au Parlement : il y a une Europe de droite et une Europe de gauche comme il y a une France de droite et une France de gauche, on ne peut pas choisir ?

Laurent Fabius, un partisan du "non" qui continue à militer pour la renégociation d’une Constitution jugée trop "libérale" malgré sa lourde défaite lors du référendum interne au PS, en a pris pour son grade jeudi à Bruxelles.

« Lourde défaite de Laurent Fabius » ? C’est vrai que ce n’est pas lui qui influençait la majorité des 42 % de voix qui se sont portées sur le « non » dans le Parti socialiste. Mais le score réel était encore plus serré, et parmi les électeurs, 59 % des socialistes sont pour le « non »...Ca ne fait pas réfléchir nos donneurs de leçons unanimes ?

"Renégocier, dit Fabius, mais avec qui ?", s’interroge Schulz. "Avec les gouvernements ultra-libéraux qui sont au pouvoir dans la majorité des pays de l’Union européenne ?".

Mais bien sûr qu’ils renégocieront ! Nice n’est valable que jusqu’en 2009. Et tous libéraux qu’ils soient, la pression sociale du « non » français les hantera.
Par exemple on a commencé par nous dire que la France serait isolée, affaiblie, puis on vient nous dire, en « une » du Monde (7/4/05) que si la France vote « non », les Pays-bas qui votent deux jours plus tard risquent de voter « non » aussi. Voilà la vérité toute nue : ils ont peur que si les Français votent « non », les salariés des autres peuples ne suivent leur exemple. La France ne sera pas isolée, elle pourra être fière d’avoir sauvé l’Europe de cette constitution scélérate. Elle sera courtisée, écoutée, suivie... C’est de cela qu’ils ont peur... unanimement !

La théorie d’un "non salutaire" et "de gauche" est ainsi jugée totalement absurde par les socialistes européens.

Bah, tiens ! Gageons que s’il se produit, le « non » salutaire et de gauche, sera perçu, apprécié, ré-évalué autrement, y compris parmi nos 25 dirigeants du Pse..

"Est-ce que les syndicats européens (favorables à la Constitution - NDLR) seraient favorables à un texte ultralibéral ?", a demandé Frans Timmermans, membre du parti socialiste des Pays-Bas où un référendum aura lieu le 1er juin.

Hélas oui, tout comme en France la direction de la Cfdt était favorable à la réforme Fillon sur les retraites... Le bureau de la CES, 21 membres, n’a consulté personne avant d’imposer sa décision, et ce, en dépit du texte de condamnation adoptée en novembre 2003 par la commission exécutive ! Le fonctionnement bureaucratique de la CES a fait que sur 77 syndicats quasiment aucun n’a consulté sa base, sauf en France, et en France 80 % de syndiqués sont pour le « non ». mais étudiez le mouvement syndical britannique et allemand (pas seulement) et vous y verrez les mêmes refus...

La réunion de stratégie a surtout servi à aiguiser les arguments de campagne pour dénoncer ce que le chef du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a appelé les "mensonges", les "caricatures", les "manipulations" et les "contre-vérités" assénées par le camp du "non".

Faut-il commenter la « réunion de stratégie » ? Ca devait être le règne de l’intelligence et de la lucidité, non ? On est sûrs que ca ne devait pas être médiocre, Cohn-Bendit aurait été à l’aise...

"Le libéralisme n’a pas besoin de Constitution", a-t-il dit en estimant qu’au contraire ce texte est le plus "social" de tous les traités existants et qu’il permettra de développer dans l’avenir des législations susceptibles de l’étayer.

Ca, c’est vrai, le libéralisme n’a pas besoin de constitution, sauf de celle-là, car ceux qui l’ont laissée passer dans la convention Giscard, sans rompre ont fait un beau cadeau au libéralisme. Il leur colle comme la glue, ils auront du mal à s’en défaire.

Les dirigeants socialistes français sont repartis ragaillardis de leur visite à Bruxelles, comme si l’optimisme de leur homologues - Schulz s’est dit "convaincu qu’on va gagner" - était contagieux après une période de pessimisme.

Y’en avait besoin n’est-ce pas ? En France le « non » s’installe dans toutes les couches sociales...

"J’ai été marqué par cette unanimité des socialistes européens", a souligné Jean-Pierre Bel, chef du groupe socialiste au Sénat, tandis que Jean-Marc Ayrault estimait que "le débat en France est en train d’évoluer. Les partisans du ’non’ sont en train d’épuiser leurs arguments.

T’as qu’à croire...

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