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Peuple-classe, dans toute sa diversité, pour l’alternative !

par C D

Publie le jeudi 24 avril 2014 par C D - Open-Publishing

Dynamique d’émancipation fraternelle !

Noir ou blanc, femme ou homme, athée ou croyant, aisé ou pauvre, votant ou non votant, les membres du peuple-classe...

1- Deux axes partagés au-delà des désaccords plus généraux

Sadri KHIARI écrit (1), à raison, « A la question "qu’est-ce que le peuple ?" il faut naturellement répondre par une autre question "contre qui se constitue le peuple ?". Cette façon de poser la question incite à repérer un rapport de force qui n’est pas le même pour lui que celui que je vois (et d’autres aussi). Pour lui, S Khiari, le peuple c’est les Noirs discriminés contre les Blancs privilégiés (comme si il y n’avait pas de Noirs bien placés dans la hiérarchie sociale, à des postes plus élevés que des Blancs) alors que pour moi c’est le peuple-classe dans sa diversité (de toute couleur de peau, de toute conscience religieuse ou athée, etc..) contre l’oligarchie.

Je suis encore en accord avec Sadri KHIARI lorsqu’il écrit, plus loin, "la notion de peuple peut être liée à des positions particulières dans l’ordre socio-économique". On quitte alors les interprétations très englobantes (rassembleuses de classes antagoniques) et relativement neutres du mot "peuple" comme peuple-nation ou peuple souverain ou peuple démocratique ou même, dans un autre registre, peuple-ethnique pour voir un peuple social, peuple social entendu largement cependant, afin de rester dans l’ordre des peuples et non basculer dans celui des classes sociales ou des couches sociales de cercles plus étroits, en général .

2 - Hétérogénéîté des dominés .

Ce peuple-classe très divers n’est pas unifié car il y a loin du cadre supérieur au RMIste, peut-être beaucoup plus de distance sociale qu’entre un Arabe et un Européen d’une même entreprise et d’un même quartier (du moins quand il n’y pas racisme), mais ce grand ensemble social "peuple-classe" est face - c’est le point "frontal" important cité plus haut - au poids énorme de la puissance de l’oligarchie financière, du fameux 1% de Thomas Picketty.

Cette façon de voir se distingue - il faut le répéter - de celle évoquant, à l’instar d’un Soral par exemple, une sorte de « peuple social » rappelant lui l’idée de « couches populaires » hors tout rapport social, de tout affrontement "classiste". Avec l’idée de peuple social (à la place de peuple-classe) c’est un peu comme au XIX ème siècle ou l’on évoquait le « bas-peuple » hors de tout rapport de force et dans une conception souvent méprisante (qui perdure encore mais moins affichée).

De nos jours le cercle de « ceux d’en-bas » a sans doute gonflé au-delà des ouvriers de l’industrie, de « la classe ouvrière » de jadis, car le cercle socio-économique du monde du travail salarié et subordonné est venu englobé les couches sociales moyennes (soit environ 90% d’en-bas), des couches certes courtisées par l’oligarchie dit Badiou (comme d’ailleurs DSK jadis, mais avec des jugements différents), au titre d’appui sociologique du système capitaliste.

L’idée de couche sociale d’appui fondée sur l’expertise et la possession semble être plus valide et pertinente à l’égard des membres du dernier décile d’en-haut, membres titulaires d’une certaine expertise bien rémunérée (supérieure à 4000 euros net), soit les 10% d’en-haut, ceux qui ont pour particularité d’être, toujours selon T Picketty, à la fois travailleurs (aisés) et possédants, donc titulaires d’un patrimoine mobilier et immobilier important. Mais il faut bien dire aussi que les pauvres et précaires peuvent aussi soutenir fortement le maître et le système de chaînes qui permet la reproduction de l’esclavagisme. C’est triste mais c’est vrai.

3 - Peuple-objet ou peuple potentiellement sujet politique !

Noir ou blanc, femme ou homme, athée ou croyant, aisés ou pauvre, votant ou non votant, les membres du peuple-classe ont, au temps du néolibéralisme, vocation à l’émancipation, à la conquête de droits sociaux et de droits démocratiques, d’une alterdémocratie dirions-nous.

Le peuple-social est de l’ordre de la statique et il est lui plus objet de politiques publiques variées et spécifiques alors que le peuple-classe est de l’ordre de la dynamique et a, pour la gauche d’alternative, vocation à la conquête sociale et démocratique ; vocation à s’inscrire dans une stratégie socialiste ou communiste ou altermondialiste selon le projet porté.

Christian DELARUE

in Qu’est ce que le peuple ? Ouvrage collectif La Fabrique Ed 2013