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Derrière la “continuité enseignement scolaire/enseignement supérieur” : économie

Publie le mercredi 25 juin 2014 par Open-Publishing
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Dans le cadre de la préparation de la rentrée, des arguments démagogiques sont à nouveau utilisés pour permettre de nouvelles économies et organiser les cursus des lycéens et des étudiants selon les besoins du patronat au détriment d’une culture générale et de la formation d’un esprit critique.

En application de la loi Peillon, la circulaire de rentrée parle “d’élever le niveau de qualification des lycéens” et propose des mesures pour “favoriser l’orientation et la réussite de bacheliers technologiques et professionnels dans l’enseignement supérieur”. Qu’en est-il ?

Développement de l’apprentissage en Bac pro, en STS...

La presse fait état d’un décret d’application de la loi Peillon réservant 10% des places aux meilleurs élèves de chaque lycée titulaires d’un Bac techno en IUT, d’un Bac pro en STS, et d’un bac général en prépa.

Pourtant, dans le même temps, la loi Peillon maintient la suppression d’un an de formation en Bac pro. Cette suppression est largement responsable de la chute de 6 points du taux de réussite au Bac pro. La loi promeut l’extension des contrôles en cours de formation (CCF) et en relation avec la nouvelle loi sur la formation professionnelle (5/03/2014), le développement des Bac pro en apprentissage.

Parallèlement, la réforme des STS (et des BTS) se poursuit : doublement du nombre d’apprentis, individualisation des parcours, mixité des formations, adaptation des formations aux conditions locales, développement des contrôles en cours de formation (CCF)...

La circulaire de rentrée préconise l’accélération du regroupement, au sein d’un même classe, de jeunes ayant des statuts différents (élèves, apprentis, stagiaires de formation professionnelle) économisant ainsi d’importants moyens. Alors que le ministre du travail et de l’emploi qui se dit “ministre des compétences et des savoirs faire” annonce qu’il va augmenter le financement alloué aux “développeurs de l’apprentissage” liés aux Chambre de commerces et Chambre des métiers !

… et fermetures de CPGE

Et le gouvernement annonce la fermeture de classes prépa, cherchant à faire croire que les miettes ainsi récupérées vont favoriser la réussite des jeunes issus des filières technologiques et professionnelles !

Ainsi, à Toulon, la mobilisation des collègues du lycée Dumont d’Urville a empêché qu’une classe de CPGE soit supprimée à la rentrée. Mais, à Poitiers, le recteur vient d’annoncer la fermeture de trois classes prépa (une hypokhâgne et deux PCSI, à Poitiers et La Rochelle). À la place, serait crée une option cinéma en CPGE littéraire à Angoulême, ainsi qu’une “classe prépa Économique et commerciale à voie pro”. Il s’agirait en fait d’une classe “passerelle” avec la classe Économique et commerciale à voie technologique de Niort et en lien avec l’école de commerce ESC de La Rochelle.

Les arguments invoqués par le recteur sont un taux de remplissage “insuffisant” (sachant que le taux de 100% correspond à un effectif de 48 par classe) et le caractère “élitiste” de ces CPGE. Autant de faux arguments : en hypokhâgne à Poitiers près de la moitié des étudiants sont boursiers, comme souvent dans les CPGE de proximité accueillant des jeunes qui ne pourraient se payer des études loin de chez eux.

En tout état de cause, rien ne peut justifier la fermeture de classes prépa pour ouvrir des classes passerelles jugées nécessaires. Les arguments invoqués ne sont qu’une nouvelle opération de “com” et de division pour faire avaliser une “réforme globale” contre toute la jeunesse. Cette réforme dans l’enseignement technologique et professionnel montre l’hypocrisie du discours qui prône “la réussite de bacheliers technologiques et professionnels dans l’enseignement supérieur”.

Soumission des études aux exigences patronales…

Car la casse des diplômes nationaux se poursuit. Appuyés sur des référentiels, les contenus diplômes (BTS, bac pro…) sont totalement redéfinis. Connaissances et savoirs disparaissent au fur et à mesure de la refonte des programmes au profit de savoir-faire et de compétences se résumant souvent à l’accumulation de micro-tâches techniques.

Ainsi en licence, le diplôme ne devra plus évaluer le niveau de connaissances disciplinaires acquises durant un nombre d’heures d’enseignement donné ; l’annexe descriptive au diplôme doit lister le “parcours individualisé” de chaque étudiant. Cela conduira à autant de “diplômes” que d’étudiants (et de parcours individualisés), à la dislocation de la valeur nationale des diplômes et par conséquent des grilles de qualifications collectives qui leur sont liées. La “formation tout au long de la vie” révèle ainsi son contenu : imposer aux salariés de se soumettre en permanente à des bilans de compétences et les rendre responsables de leur “employabilit锓tout au long de leur vie”.

On comprend donc qu’avec le socle commun élaboré par le Conseil national des programmes, l’enterrement du Brevet soit annoncé : la validation des compétences matérialisée par le Livret personnel de compétence (LPC) est contradictoire à l’examen et au diplôme. De même, la multiplication des CCF, des évaluations en cours d’année conduisent inéluctablement à la disparition du bac.

… destruction du statut et économies de postes

Le décret Peillon-Hamon sur le statut des enseignants est prêt à être publié. Détruisant les décrets de 1950, il va justifier un temps de présence beaucoup plus long dans l’établissement, rendre obligatoire nombre de “missions”, conduire à un accroissement considérable de la charge de travail, sans augmentation de salaire. Il dénature complètement le métier d’enseignant.

La flexibilité et la polyvalence permises par ce décret vont de pair avec la circulaire de rentrée qui indique, par exemple, que le “rapprochement entre les établissements scolaires et les établissements du supérieur” vise à la “mutualisation des ressources, qu’il s’agisse des équipements ou des enseignements”. Rappelons qu’à terme, tous les lycées devront passer des conventions avec les universités…

La loi Peillon organise la “territorialisation” de tout l’Enseignement public. La “réforme des rythmes scolaires” soumet aux mairies le financement du périscolaire et l’organisation de l’enseignement : plus d’une soixantaine d’horaires différents dans le Rhône ! Et dans le second degré, les “contrats d’objectifs tripartites” vont lier et soumettre les enseignements et les enseignants aux exigences patronales et aux pouvoirs locaux.

Face à cette entreprise de destruction massive, la défense du droit à un enseignement gratuit et de qualité pour l’ensemble de la jeunesse, débouchant sur des diplômes nationaux et des qualifications reconnues dans les conventions et statuts collectifs, est liée à la défense du statut des enseignants et personnels. Cela implique des revendications claires, notamment :

  rétablissement du bac pro en 4 ans, sous statut scolaire et de l’examen terminal (suppression de l’apprentissage et des CCF),
  défense du caractère national des BTS, du bac, du brevet,
  refus de la “professionnalisation” des études, de “l’individualisation” des parcours,
  aucune fermeture de classe prépa,
  non publication du décret Peillon sur les statuts ; abrogation de ce décret Peillon (défense des décrets de 1950).

Cela va de pair avec la rupture des concertations sur la mise en œuvre de la loi Peillon.

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