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Deux années de veille pour les Kurdes à Strasbourg

Publie le samedi 28 juin 2014 par Open-Publishing

photo de Aurélien Botteaux

Depuis deux ans, aux abords du Parlement Européen à Strasbourg, un groupe Kurde relaye inlassablement la demande de libération d’Abdullah Öcalan et de tous les prisonniers politiques en Turquie… Anniversaire…

La sévère répression engagée par les politiques turques depuis un demi-siècle à l’égard de l’Union des Communautés du Kurdistan bafoue inlassablement la reconnaissance de leur identité culturelle et met ainsi en péril les Droits de l’Homme au carrefour des quatre principales grandes Nations (Irak, Syrie, Iran et Turquie) sujettes à de multiples polémiques et contestations quant à leur droit du sol et leur existence. Souvent passée sous silence ou négligée la plupart du temps par les médias internationaux, la presse régionale ou les e-comment (cf. les remarques déplacées - « Manifestation pro-terroriste » - lors d’une de ces grandes manifestations européenne à Strasbourg(1) qui rassemble chaque année les Kurdes du continent qui réitèrent la demande de libération du prisonnier politique qu’est devenu Öcalan), la question kurde reste néanmoins la solution la plus cohérente pour résoudre les conflits au Moyen-Orient et enclencher un processus de Paix véritable dans ces régions où subsistent de trop nombreux foyers de tension… Pas pour rien que le PKK s’engage à combattre pour reprendre son destin en main et par les armes la région d’Irak laissée à l’abandon, prise par les dangereux djihadistes de l’EIIL (État Islamique en Irak et au Levant) aujourd’hui et qu’ainsi, une certaine reconnaissance civile leur sera peut-être rendue face aux pitoyables appellations de mouvement terroriste portées jusque-là par les Institutions mondiales sur ce mouvement de libération et d’émancipation qu’est le PKK !

Cela fait maintenant quinze innommables années qu’Abdullah Öcalan, affilié au PKK, se retrouve mis à l’écart de tous contacts avec l’extérieur, emprisonné à vie sur l’île turque d’Imrali, véritable forteresse du silence et de la persécution que voue l’État turc aux Kurdes par peur de voire remise en question la conception qu’à la Turquie sur les notions de démocratie, parfois totalitaire, souvent autoritaire. À cet effet, les réfugiés kurdes venant des quatre coins de l’Europe se relaient sans relâche dans la capitale européenne aux abords du Parlement européen pour protester pacifiquement contre ces emprisonnements abusifs.

Mais dorénavant, preuve est faite, qu’Abdullah Öcalan n’est ni un terroriste, ni un danger pour la démocratie puisque la Cour constitutionnelle turque(2) vient de lever la censure sur ses écrits et l’interdiction de publication de son livre en raison des atteintes à la liberté d’expression qui pesaient sur lui jusqu’à présent.

D’autre part, si la récente libération de l’universitaire franco-turque Sevil Sevimli quelques années avant la plus récente encore de Pinar Selek accusée de « propagande terroriste » par l’État Turc et les faibles avancées obtenues sur l’enquête de l’assassinat des trois femmes kurdes (Fidan Dogan, Sakine Canzis et Leyla Soylemez) représentantes associatives et porte-parole de la cause kurde à Paris qui mettent en évidence le rôle joué par les services secrets turcs estimés « commanditaires » ; peu de reconnaissance claire et précise sur les revendications des Kurdes ne trouvent un écho favorable dans le Droit International à une échelle pouvant aller vers tous les individus… Des portes s’ouvrent, quelques libérations de prisonniers alors qu’il est demandé toute la libération des 10 000 incarcérés politiques(3) - pas que Kurdes mais aussi Turcs - qui continuent encore de croupir dans les geôles de la République de Turquie toujours fermement ancrée, elle, autour de l’idéologie kémaliste. C’est dans ce conteste bien difficile que toutes les petites avancées diplomatiques devraient laisser entrevoir une solution politique pour le Kurdistan pour que son peuple puisse retrouver son autonomie ainsi que l’indépendance qu’il s’est trop fait voler jusqu’ici.

Puisque comme le déclare dans une conférence le Dr Ismail Besickci(4) que « pour défende une cause juste, il n’y pas besoin d’être Kurde », l’élargissement des revendications de la cause du peuple kurde concerne également chaque individu, quelque soit sa nationalité et sa couleur de peau et reste de ce fait la meilleure des solutions aux conflits qui perdurent au Moyen-Orient. Qu’ils soient chômeurs ou précaires, licenciés ou salariés, tous auraient intérêt à se préoccuper de la question Kurde et de s’intéresser aux solutions qu’elle propose pour le renforcement de la défense des droits humains et des acquis sociaux, bien malmenés actuellement par ces politiques qui collent à l’Union européenne et qui restent présentées comme un modèle démocratique alors que c’est loin d’être le cas qu’il soit exemplaire en la matière !

Nul doute qu’il ne s’agit pas de nostalgie d’un pays ignoré mais d’une refonte complète du sens de la démocratie (KCK cette-fois et non pas dilué ou recyclé autour d’autres valeurs) fonctionnant en Assemblées du peuple avec suppression de la hiérarchie et la nécessité d’une parité hommes-femmes parfaite ce qui renforce indubitablement le droit des femmes.

Pour mémoire et pour exemple de contrariétés encore, les dérapages de langage possibles dans les médias est cette appellation faite par le Nouvel Observateur (Temps Réels) au sujet du PKK requalifié de « mouvement autonomiste kurde »(5), ce qu’il est forcément mais, il se définit avant tout comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (?) ! Mais là, amputé ce mouvement dans son origine dans la lutte des classes, sa base ouvrière, ce n’est plus un simple dérapage mais la ferme volonté de transformer tout ça en manipulation pour le réduire à une image résiduelle d’autonomistes où évidemment il est plus facile d’argumenter vers une identification terroriste qu’à une groupe de soutient armé désireux de protéger sa population aux origines Kurdes. 

Bien-sûr, la veille dans la capitale européenne se poursuit mais par-dessus tout et bien plus importante encore est la pétition à signer pour la libération d’Öcalan, qui reste, aux côtés des Parlementaires, une pièce maitresse pour faire avancer une situation prête à évoluer pour parvenir à une reconnaissance universelle du peuple Kurde dans le monde et l’affirmation de s’engager vers un processus de paix effectif au Moyent-Orient : http://www.freeocalan.org/?p=178&am...

S’agit-il de concessions difficilement cédées face aux massives répressions qu’endurent les Kurdes de Turquie depuis trop longtemps qui doit conduire à une reconnaissance indéfectible et inconditionnelle des droits des Communautés Unifiées du Kurdistan où tout juste d’une simple stratégie qui consiste à lâcher du lest pour Recep Tayyip Erdogan qui espérerait s’approprier, par là, les voies kurdes en vues d’affrontements électoraux où se dessine une coalition socialiste / extrême-droite pactisant déjà pour lui contester le pouvoir et sa confiance ? Erdogan a pourtant remanié son gouvernement en changeant une dizaine de ses proches mais pèsent à l’avenir contre lui des menaces de corruption. Il a beau essayé de se protéger par quelques purges au lendemain des Municipales cela ne l’empêche pas pourtant d’être quand même assez mal placé pour les Présidentielles qui vont se dérouler cet été. Tout le monde espère voir tomber sa tête par les urnes… Et que vaut cette reconnaissance des écrits d’Öcalan si au bout il reste quand même incarcéré à vie alors qu’est demandée sa libération sans conditions ?… Et ces libertés rendues au compte-gouttes à quelques universitaires tandis qu’une quantité considérable de prisonniers politiques croupissent toujours encore dans leur cellule en prison ne sont-elles pas les unités d’un problème bien plus profond ?


notes :
(1) http://laurentgantner.over-blog.com...
http://laurentgantner.over-blog.com...

(2) http://www.zamanfrance.fr/article/c...

(3) http://french.irib.ir/info/internat...

(4) https://www.cercledesvolontaires.fr...

(5) http://tempsreel.nouvelobs.com/fait...