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Le peuple social, celui qui épuise son revenu en fin de mois.

par CD

Publie le mardi 1er juillet 2014 par CD - Open-Publishing

Le peuple social, celui qui épuise son revenu en fin de mois.

C’est le peuple-classe qui est cadre d’alliance des classes sociales pour l’alternative, pas le peuple social. Le peuple social est-il porteur de politiques d’anti-austérité qui sont de nature anti-sociales ? Qu’est-ce que le peuple social ? Soral en fait état (vidéo) . Mon point de vue est différent. Avançons avec des distinctions qui permettent de clarifier.

 Populisme et peuple social : la gauche et la droite.

Le populisme de gauche parle en termes stratificationniste c’est à dire en termes de couches sociales et non pas de rapports sociaux comme les marxistes. Le populisme de gauche défend les couches sociales populaires pauvres, modestes et moyennes, un "peuple social" donc, mais migrant(e)s compris(e)s alors que le populisme de droite est beaucoup plus flou car il est d’abord identitaire et xénophobe. Et fondamentalement, il défend le mode de production capitaliste, avec son productivisme et son travaillisme. Il est donc d’inclusion patronale et d’exclusion des résidents étrangers . Les "Bonnet rouges", globalement, faisaient eux une promotion identitaire régionale avec une protection du patronat productiviste-travailliste. Il n’était pas d’extrême droite mais "centriste" c’est à dire dans une bataille d’alternance intrasystèmique et non d’alternative contra-systèmique ou extra-systèmique.

Le populisme de gauche va défendre l’Etat social national dans la mesure ou il est un appui pour la justice sociale et la cohésion sociale mais pas par fétichisme de la nation . Le populisme de gauche défend des droits sociaux et environnementaux à tous les niveaux de territoire, aussi bien pour les régions, que la nation, que pour l’Europe ou le monde. Il peut donc faire alliance avec des marxistes contre la finance qui elle veut privatiser, marchandiser, financiariser pour détruire les socles sociaux qui sont la base matérielle de l’allocation de droits sociaux.

 Les deux définitions du prolétaire  :

L’une d’inspiration marxiste ; l’autre, on pourrait dire "populiste de gauche".

A - Prolétaire : celui qui vend sa force de travail pour vivre.

Là c’est la place dans les rapports sociaux de production qui importe et pas du tout le montant du salaire. Souvent il va s’agir des travailleur du privé qui sont producteurs de richesses marchandes. Mais on trouve aussi le sens de travailleurs du public qui sont producteurs d’une richesse non marchande. L’altermondialisme met l’accent sur la nécessité au plan social et environnemental de valoriser la production non marchande celle qui est fondamentalement productrice de valeurs d’usage via les services publics.

Ce critère de la vente de la force de travail - qualifiée ou non - montre que de nombreux travailleurs sont privés d’emplois car les autres travailleurs travaillent trop ! Si tout un chacun doit participer, sauf exception (étudiants, retraités, accidentés de la vie, etc), à la production de l’existence sociale, alors il convient de partager le travail via une nouvelle RTT et non de tout laisser à la contractualisation (marché d’achat de la force de travail salarié).

B - Prolétaire : celui qui dans le domaine de la circulation marchande, se trouve comme insolvable face aux marchés des biens et services.

Ici, le prolétaire est insolvable en fin de mois (ou avant) . Il n’a pas ou peu de capacité d’épargne. Un travailleur aisé dispose de 500 euros minima d’épargne par mois, épargne qu’il peut placer pour des actions ou pour un investissement immobilier. Le prolétaire consomme lui tout son salaire dans le mois et le termine avec rien ou presque.

Le fait de l’accroissement des revenus des riches mais aussi le déclin relatif de la conception marxiste du monde a fait que l’on trouve les deux sens de prolétaire en action. Mais les deux conceptions montrent in fine un rapport social ; l’un en terme de propriété des moyens de production, l’autre en termes de fort pouvoir d’achat, de richesse trop élevée ! Les cercles ne se recouvrent pas totalement entre les deux conceptions - la marxiste et la populiste de gauche - et elles sont sources de désaccords ; mais néanmoins, un "en-haut" est montré.

 En-haut : qui ?

Ici il faut distinguer les 9% sous le 1% d’en haut du 1% d’en haut, à la suite de Thomas Picketty. Ce qui revient à étudier les membres du dernier décile qui ne sont pas des prolétaires face au(x) marchés des biens et services. Ce sont à minima des individus aisés et même riche pour ceux qui sont proches du 1%.

On évoque de plus en plus le dernier décile d’en-haut en terme de revenus mensuels ou annuels. On l’a fait bien avant Thomas Picketty. Ce dernier a souligné que ces personnes aisées et riches étaient tout à la fois des travailleurs et des possédants. Quand on dit travaille ici ce peut être comme travailleur salarié soit ici essentiellement les cadres moyens et supérieurs du privé ou du public, ou comme indépendant (professions libérales ou autres catégories) mais on y ajoute - de façon contestable - le patronat. Un patron de PME ou même d’une TPE n’a pas la même position qu’un travailleur salarié dans l’entreprise. Il est dans une position dominante. C’est lui qui détient le pouvoir de décision face aux travailleurs qui lui sont subordonnés. Malgré cela d’aucuns considèrent l’aspect "travail" dans la mesure ou ces patrons, pour certains d’entre eux, accumulent travail comme le travailleur en plus de l’activité de gestion. Pour un marxiste cette activité qui peut prendre beaucoup de temps n’est pas du travail.

Les membres du derniers décile d’en-haut, se distinguent tout à la fois du 1% d’en haut qui sont quasiment que des rentiers. Ces membres de la classe sociale dominante ne travaillent pas. Ils forment les plus riches individus dans des formations sociales déjà riches et dans des circonstances historiques - néolibéralisme - qui voient le revenu des riches s’enrichir . Le 1%, c’est l’ennemi de classe des peuples-classe.

Ces membres du dernier décile se distinguent aussi des 90% en dessous - le peuple social - qui d’une part perçoivent des revenus mensuels ou annuels plus modestes à faible épargne possible et d’autre part avec peu de biens immobiliers.

Le dernier décile produit une couche d’appui de la classe dominante. La bourgoisie trouve aussi des appuis au sein du peuple social - populisme de droite - mais ce ne sont pas des experts disposant d’une parole "autorisée" ou faisant autorité par le jeu des reconnaissance en boucle.

 Encadrement capitaliste

Le troisième point a souligner est la position intermédiaire de l’encadrement capitaliste. Ces derniers sont à la fois dominants et dominés. Ils disposent d’un réel pouvoir de coercition à l’encontre de tout l’ensemble des travailleurs de base mais ils restent dominés car ils peuvent eux aussi être "remerciés". Le "travail de coercition" de l’encadrement capitaliste est en général très bien payé.

De façon générale on peut dire qu’il y a rapport de force avec l’encadrement avec qui les syndicats négocient de meilleurs conditions de travail mais que l’ennemi de classe est invisible et méconnu : il est tout en haut, dans le 1%.

Christian DELARUE

Oligarchie / peuple-classe : Le dernier Piketty (2013) confirme la distinction 1% / 99 %

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/181013/oligarchie-peuple-classe-le-dernier-piketty-2013-confirme-la-distinction-1-99