Gaza. Témoignage de Jon Snow Channel 4, UK.

Gaza. Témoignage de Jon Snow Channel 4, UK.

Je suis de retour, et dans le confort de ce studio, c’est difficile d’imaginer que je suis parti ! Cela dit, je n’ai pas besoin d’imaginer car ce que j’ai vu est toujours gravé dans ma mémoire.

Ce que je n’ai jamais su, mais que je sais dorénavant, c’est que ces gens qui vivent à Gaza sont principalement et incroyablement jeunes. L’âge moyen est de 17 ans.

Cela signifie qu’environ 250 000 habitants ont moins de 10 ans. Et vous savez, si vous connaissez des enfants de 10, 7, 5 ou 4 ans, penser que vous pouvez contrôler vos enfants dans l’atrocité d’une zone de guerre, qu’ils n’iront pas dans un endroit où ils risquent d’être touchés, c’est tout simplement impossible.
Vous ne pouvez pas imaginer qu’on puisse maitriser cela. Et donc dans cette zone urbaine très densément peuplée, si vous décidez d’envoyer des missiles, des obus et tout le reste, vous tuerez sans aucun doute des enfants. Et c’est ce qu’ils font.

Il y a eu un moment bien précis qui m’a marqué plus que tous les autres, le moment où l’on entrait au troisième étage de l’hôpital Al-Shifa. Un des deux étages réservés aux enfants.

C’est là que j’ai rencontré Maha. Terriblement paralysée par des éclats d’obus qui ont pénétrés sa colonne vertébrale.

C’est là que j’ai vu cette petite fille de deux ans et demi, avec d’immenses blessures purulentes autour des yeux qui étaient semblables à des yeux de Panda et qui lui empêchaient presque de pouvoir ouvrir les yeux.

C’était la conséquence d’un crâne brisé et d’une fracture du nez.
Je ne peux pas effacer ces images de mon esprit. Et je pense que vous non plus car elles ont fait le tour du monde. Elles représentent l’enjeu de ce qui se passe à Gaza.

Bien entendu le Hamas de son côté à tiré des roquettes en Israël, « spécialement conçues pour tuer des israéliens » comme ils diraient. Mais bien sûr Israël, grâce aux financements américains, a inventé le bouclier le plus efficace, qui empêche toutes menaces de l’extérieur. Et cela fait une grande différence.
La souffrance se trouve du côté des troupes au sol, la plupart ont la vingtaine, ils se battent et ils meurent.

Lorsque j’ai parlé la dernière fois au docteur norvégien qui s’occupe avec d’autres des conséquences de ces bombardements, je lui ai demandé combien d’enfants ont été blessés. Ils ont compté 1310. « Combien d’enfants sont morts ? » 166, mais ce nombre ne cessent d’augmenter.

C’est ce qui fait que chacun d’entre-nous doit se confronter à cela.
Nous devons être conscient que d’une certaine manière, nous portons en effet une certaine responsabilité pour ces morts.
Car pour nous ce n’est en aucun cas une priorité d’y mettre un terme.
Nos Nations Unis, notre gouvernement, notre monde, ne sont pas du tout intéressés.

Le fait que vous regardiez ce programme, que vous ayez choisi de la regarder, signifie en fait que vous êtes motivés à faire quelque chose.
Et c’est en définitive, le plus grand espoir qu’ont les gens de Gaza.
Nous ne pouvons pas laisser cette situation durer.
Si nos reportages ont une quelconque valeur, si on se fie à votre capacité d’attention à l’écoute, à l’image et à la lecture, ensemble nous pouvons faire la différence.

via Paz