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L’administration civile de l’apartheid israélien et La résistance palestinienne

par Julien Salingue

Publie le mercredi 3 septembre 2014 par Julien Salingue - Open-Publishing

1 - L’administration civile de l’apartheid

Juin 1967. Après la guerre des 6 jours, Israël occupe l’ensemble de la Palestine. Les habitants palestiniens de Cisjordanie et de Gaza se retrouvent, de facto, sous administration israélienne. Une administration militaire des territoires occupés est mise en place, qui va régir la vie quotidienne des Palestiniens au moyen d’ordres militaires. Officiellement nommé « Administration civile » en 1981, le gouvernement militaire n’a toujours pas, à l’heure actuelle, été dissous. Il continue d’émettre des ordres qui ont force de loi et qui peuvent, le cas échéant, conduire les Palestiniens à être jugés et condamnés par des tribunaux militaires israéliens. Pour la seule année 2010, 9 542 Palestiniens ont été déférés devant ces tribunaux, avec un taux de condamnation de 99.74 %.

Les colons israéliens, bien que résidant eux aussi en Cisjordanie, ne sont pas sujets aux mêmes lois et réglementations. Divers mécanismes juridiques leurs permettent en effet d’échapper aux ordres et aux tribunaux militaires, et de ne répondre qu’aux lois et à la justice civile israéliennes, moins contraignantes et plus respectueuses des droits de la défense. Coexistent donc, au sein d’un même territoire, deux systèmes judiciaires qui traitent de manière différenciée les habitants de Cisjordanie en fonction de critères ethnico-religieux. Comment est organisé ce système discriminatoire ? Comment se manifeste-t-il au quotidien ? Dans quelle mesure est-il l’expression de pratiques pouvant être assimilées à une politique d’apartheid ?

2 - La résistance palestinienne : focus sur la résistance « populaire »

Depuis septembre 2000 et le début de ce que l’on a nommé « deuxième Intifada », l’approche dominante dans l’appréhension du conflit opposant l’État d’Israël au peuple palestinien est celle du « cycle de la violence » : les violences des uns succèderaient aux violences des autres, l’enjeu majeur serait donc la rupture du « cycle opération armée israélienne/représailles palestiniennes » (ou l’inverse). Ainsi se succèdent, de manière cyclique également, les appels à « l’arrêt des violences », posé comme préalable au dialogue en vue d’hypothétiques négociations entre les deux parties.

La confusion entre « violence » et « action militaire ponctuelle » occulte l’essentiel de la violence infligée par Israël au peuple palestinien : celle de l’occupation militaire, continue depuis juin 1967. Effet de miroir, la résistance palestinienne est appréhendée en étant amputée de l’essentiel : le combat quotidien contre l’arbitraire de l’administration coloniale. Cette invisibilisation de leur lutte a conduit les Palestiniens à envisager, au cours de leur histoire récente, des moyens d’action complémentaires afin de rompre leur isolement et de renverser un rapport de forces largement défavorable.

Depuis quelques années la thématique de la « résistance non-violente » occupe une place substantielle dans le champ politique palestinien et dans le mouvement international de solidarité. Dans quelle mesure la « résistance non-violente » est-elle en rupture avec les formes passées de la lutte palestinienne ? La « non-violence » revêt-elle la même signification pour les Palestiniens et pour ceux qui affirment les soutenir dans leur combat ? En dernière analyse, l’apparent développement de la non-violence traduit-il une réorientation stratégique de la lutte ou un changement tactique pour conquérir une légitimité ?