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Affaire Areva : mais que peut faire la justice ?

Publie le mardi 9 septembre 2014 par Open-Publishing

Que peut faire la justice française face au fiasco Uramin ? Si un premier procès pour atteinte à la vie privée et recel de données s’est déroulé au printemps avec la relaxe de Sébastien de Montessus et la dispense de peine de Mario Brero, rien n’est tranché sur le fond de l’affaire.

Affaire Areva : mais que peut faire la justice ?

Malgré une enquête parlementaire et de multiples perquisitions, c’est toujours le flou le plus complet autour du rachat, en 2007, de la start-up canadienne Uramin pour 2,5 milliards de dollars. La petite société, alors propriétaire de gisements d’uranium en Afrique, avait vendu ses actifs au prix fort, actifs qui n’ont jamais pu être exploités.

Et si l’ancien dirigeant d’Areva Sébastien de Montessus et le détective suisse Mario Brero ont comparu pour une enquête privée sur les personnes d’Olivier Fric et Daniel Wouters, ces mêmes personnes ainsi que les autres acteurs de la transaction Uramin sont pour l’heure passés entre les mailles du filet.

L’affaire Areva-UraMin : une impasse judiciaire ?

Pour le leader mondial du nucléaire, la recherche de la vérité est laborieuse.
Après que les services internes d’Areva aient diligenté plusieurs enquêtes (notamment celle menée par la société de Mario Brero, Alp Services) pour déterminer si des malversations entachaient l’acquisition d’Uramin, des voix se sont élevées pour que la justice s’en mêle enfin et tente de faire toute la lumière.
Après des mois de tergiversations, et une enquête parlementaire qui n’a conclu qu’à des problèmes de transparence au sein d’Areva, le parquet financier s’est saisi du dossier et a lancé des perquisitions, notamment au siège du groupe nucléaire et au domicile de son ancienne patronne, Anne Lauvergeon.

Avant cela, la première manche judiciaire, menée contre les lanceurs d’alertes, a amené à la relaxe de l’ancien directeur des Mines d’Areva Sébastien de Montessus et à une dispense de peine pour Mario Brero, mis en cause pour son enquête incisive sur les circonstances et les acteurs de la transaction Uramin. Une façon pour la justice française de reconnaitre implicitement le bien-fondé de l’enquête sans en approuver toutes les méthodes.

En attendant de nouveaux témoignages…

Les documents récupérés lors des perquisitions du parquet financier pendant l’été auront-ils une incidence sur les futures investigations ? La suite de l’enquête nous le dira, mais d’ores et déjà de fortes présomptions pèsent sur de nombreux acteurs, bien connus dans le milieu minier, mais jusqu’alors méconnus du public.
On peut notamment évoquer, la délicate situation de Daniel Wouters, le banquier belge, ami d’Olivier Fric et principal artisan de la transaction Uramin, qui a bénéficié d’une indemnité de 700’000 euros de la part d’Areva en échange d’une clause de confidentialité...

Citons également Stephen Dattels, qui a empoché le produit de la vente, et qui dirige toujours une entreprise qui « n’a qu’une poignée d’employés, mais cinq adresses », dont une dans un paradis fiscal et qui reste soigneusement hors d’atteinte de la juridiction française.

Enfin, en creusant encore un peu l’affaire Uramin, on découvre une autre personnalité, certes entourée de mystère, mais bien connue de la justice française. D’après les journalistes de Paris Match, « en avril 2007, Saifee Durbar a été condamné par la cour d’appel de Paris à trois ans de prison ferme pour avoir promis des rendements mirifiques à des investisseurs. Étrangement, il ne passera que trois mois derrière les barreaux, au quartier VIP de la Santé, avant d’être assigné à résidence dans un bel appartement parisien jusqu’en décembre 2010 ».

La même année, Areva achetait les très modestes actifs d’Uramin pour 2,5 milliards de dollars.

Il y a encore beaucoup à faire pour y voir clair dans cette affaire.

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