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35 HEURES : Non, les français ne sont pas des feignants !

par 2ccr

Publie le samedi 20 septembre 2014 par 2ccr - Open-Publishing
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Les 35 heures menacées cette fois par Emmanuel Macron. Pourtant, les Français ne sont pas feignants. Quand ils bossent, ils bossent plutôt vite et bien. En fait c’est le temps de travail des Européens qui fait l’objet de beaucoup de clichés : de la sieste des Grecs et des Espagnols au sandwich express des Anglais. Le nouveau ministre de l’économie, a relancé l’interminable débat sur les 35 heures en s’affirmant prêt à autoriser « les entreprises et les branches à déroger » à cette durée légale du temps de travail. Ces 35 heures françaises sont regardées il est vrai avec un mélange d’incrédulité, d’envie ou de circonspection par nos voisins européens. Les Français eux-mêmes sont divisés. Selon les sondages, une légère majorité d’entre eux s’opposeraient à la suppression de cet « acquis social majeur ».

Travailler moins, mais mieux

En juin dernier, un rapport du Coe-Rexecode avait déjà relancé le débat. Selon cet institut proche des milieux patronaux, les Français sont les Européens qui travaillent le moins, juste derrière les Finlandais, soit 1661 heures par an (contre 1648 en Finlande). Les autres présumés « mauvais de la classe » seraient les Suédois (1685 h), les Danois (1744 h), et les Belges (1765 h). Les « bons élèves » ? La Roumanie (2099 h), la Grèce (2010 h), la Hongrie (1969 h), la Bulgarie et la Coratie (1954 h chacun). Pas vraiment des modèles économiques …Pourtant, la supposée fainéantise des Français est pas évidente : les salariés Français travaillent 39,2 heures hebdomadaires. Pas si loin que ça de leurs voisins allemands par exemple qui travaillent 40,2 heures par semaine.

Alors pourquoi une telle différence annuelle ? Tout simplement parce que les Français bénéficient de plus de congés payés (5 semaines soit 30 jours ouvrables), RTT et jours fériés (11) que leurs voisins germaniques. 41,8 semaines sont travaillées en moyenne en France par an, contre 44,5 en Allemagne. Ajoutons que la productivité française est considérée comme l’une des plus élevées au monde selon l’OCDE. Les Français travaillent donc peut-être moins, mais mieux. OCDE qui présente d’ailleurs des chiffres assez différents du Coe-Rexecode puisque selon elles, les Français travailleraient en moyenne plus que les Allemands en 2012 (1479h contre 1383h), mais aussi plus que les Danois ou les Hollandais. Surtout, les chiffres du rapport de la COE-Rexecode mis en avant sont valables pour les salariés qui travaillent à temps plein. En France, les salariés à temps partiel travaillent ainsi plus que dans une douzaine d’autres pays (993 heures par an soit 60% d’un temps plein, là où les Britanniques à temps partiel ne travaillent qu’à 45% et les Allemands 46%). Les professions non-salariées françaises (professions libérales, commerçants, artisans…) travaillent, quant à elles, beaucoup plus (2372 heures). A tel point que, dans cette catégorie, la France regagne la 4e position des pays européens qui travaillent le plus.

Au-delà du débat, toujours polémique, sur les volumes horaires du travail en Europe, on constate surtout des divergences sur la façon de travailler. C’est donc l’occasion d’aller voir comment s’organisent les journées de travail de nos voisins européens.

Allemagne : arriver tôt pour partir tôt

En Allemagne, la durée légale de travail est de 40 heures par semaine, soit 8 heures par jour. Mais les partenaires sociaux peuvent négocier des adaptations par secteurs et par branches. Ainsi dans la métallurgie, on travaille outre-Rhin 35 heures par semaine et dans le secteur public entre 39 et 41 heures. Contrairement à la France, au travail, les relations sociales restent limitées. Les pauses ne se prolongent pas autour de la machine à café et on préfère arriver tôt au boulot pour en repartir tôt. Il est fréquent que les bureaux (souvent dans le public mais pas seulement) ferment à 16h. Quant aux congés payés, ils sont au minimum de 20 jours par an, auxquels s’ajoutent souvent des jours de congés négociés avec l’employeur. De plus 9 jours par an sont fériés. Ces derniers varient d’une région à une autre à l’exception du 3 octobre, jour de l’unité allemande, férié pour tous.

Les Britanniques déjeunent vite pour filer tôt… au pub !

Au Royaume-Uni, la durée légale de travail est de 48 heures par semaine maximum. Les Britanniques travaillent en réalité un peu plus de 36 heures hebdomadaires en moyenne (chiffre OCDE 2011). On y commence sa journée en général vers 8h30-9h. Tôt au boulot, les Britanniques terminent donc aussi tôt : 17h30 en moyenne. Résultat immédiat : les pubs sont pris d’assaut dès 17h. Ce phénomène est lié à la pause déjeuner express : elle ne dépasse généralement pas 30 minutes, quand un sandwich n’est pas avalé en 10 minutes à son bureau ou devant ordinateur. D’où le succès considérable des chaînes de vente de sandwichs et salades à emporter .
Les Britanniques bénéficient légalement de 5,6 semaines de congés payés par an, soit 28 jours. De plus, les Anglais et les Gallois ont droit à 8 jours fériés par an, les Écossais à 9 et les Irlandais du Nord et l’île de Man, à 10. Mais les employeurs ne sont pas légalement dans l’obligation de payer ces jours fériés. Ils prennent leurs vacances principalement entre Noël et le nouvel an, période durant laquelle le pays s’arrête totalement. Viennent ensuite les vacances d’été : au choix juillet ou août pour aller profiter de la chaleur estivale de l’Europe du Sud.

Le travail en Turquie : les vacances proportionnelles à l’ancienneté !

La durée légale du travail en Turquie est de 45 heures hebdomadaires maximum. Une durée évidemment respectée dans les secteurs publics, mais beaucoup moins dans le privé où la semaine peut culminer à 55 heures. Les journées de travail commencent généralement vers 9 heures pour se terminer au plus tôt à 17 heures (souvent 19 heures). Contrairement à une idée largement répandue en Europe, le temps du repos n’est pas le vendredi en Turquie, mais bien le week-end, quoiqu’un grand nombre de personnes ne bénéficient bien souvent que d’un seul jour de congé par semaine : le dimanche. Ce jour varie en fonction du secteur, les magasins et restaurants étant pour la plupart ouverts les dimanches. Une chose est sûre, le mot vacances ne fait pas particulièrement partie du vocabulaire turc. Les congés annuels payés varient selon l’ancienneté : 14 jours entre 1 et 5 ans d’ancienneté, 20 jours entre 5 et 15 ans, et 26 jours passés 15 ans d’ancienneté. Pour la plupart, les Turcs partent en vacances pendant l’été ou lors du « Bayram », la fête du sacrifice du mouton, pour lequel ils sont gratifiés de 4 jours de congé. Les jours fériés sont rarement d’origine religieuse mais plutôt républicaine. Aussi compte-t-on 5 jours fériés d’origine laïque et 2 fêtes religieuses fériées en Turquie.

Portugal : pauses gourmandes

Au risque de contrarier ceux qui pensent qu’au sud la vie est un long fleuve tranquille et le travail une notion toute relative, au Portugal, ça bosse ! La semaine compte 40 heures et n’est pas partie pour s’alléger. Au contraire : sous les assauts répétés de la crise et de l’austérité, les fonctionnaires qui, eux, travaillaient 35 heures, vont être soumis au même régime que le secteur privé. La journée de travail commence vers 9 ou 10 heures. En réalité il n’y a pas de règles strictes. En compensation, on travaille souvent jusqu’à 20 ou 21 heures. Là où les Portugais se distinguent… c’est par leur gourmandise. Ils ponctuent en effet leur journée de travail de pauses : ils ressortent du bureau à peine arrivés pour un café-grignotage, et s’offrent une seconde pause dans la matinée. Pour le déjeuner, c’est plutôt 13h-15h. Et, nouvel effet de l’art de vivre local, on prend son temps et la pause du midi peut s’étendre en longueur… Avec 22 jours de congés payés par an, les vacances sont souvent fractionnées pour pouvoir respecter les fêtes et la famille : Noël, Pâques, le 15 août. Jusqu’à présent 14 jours fériés par an permettaient de compenser ces vacances trop courtes. Mais le gouvernement en a supprimé 4 au nom de la productivité.

En Hongrie, les vacances augmentent avec l’âge !

En Hongrie, on commence le travail à 9h, on finit vers 17h30, et la pause déjeuner n’existe pas ou à peine (c’est la grande valse des Tupperware à midi !). Les Hongrois débutent leur week-end tôt, dès le vendredi après-midi : les banques ferment ainsi à 14h-15h. Les jours fériés sont au nombre de dix, et les Hongrois en profitent très souvent pour faire le pont : curiosité locale, les ponts sont d’ailleurs décidés à l’avance par… le gouvernement, et toujours rattrapés, généralement un samedi. Pour ce qui est des jours de congé, ils dépendent de l’âge de l’employé, partant d’une base de 20 jours pour un Hongrois de 25 ans, augmentant d’un jour par année supplémentaire. Fait étonnant pour une expatriée française à Budapest, mieux vaut ne pas être malade en Hongrie : si vous êtes clouée au lit, on retient 30% de votre salaire dès le premier jour.

En Grèce, les bureaux se vident à 14h

Les horaires des organismes officiels, des banques et des bureaux vont de 7 ou 8h le matin jusqu’à 13h30 ou 14h. Comme il n’y a aucun système de cantine, les salariés rentrent alors chez eux déjeuner puis font la sieste. Ce qui met en colère les touristes qui trouvent les musées et les sites archéologiques fermés l’après-midi. L’écrivain Vassilis Vassilikos raconte d’ailleurs que lorsqu’il fut nommé directeur de l’ORTF grecque d’alors, en 1982, la télévision publique se vidait de son personnel à 14h, alors qu’elle émettait le soir ! Ne restaient alors que les techniciens et les journalistes en charge des programmes du jour. L’arrivée des multinationales a changé un peu les pratiques, et la crise encore plus. Dans le secteur privé, lorsque les Grecs ont un travail, il l’exercent désormais du matin tôt jusqu’au soir tard. Les horaires des commerçants sont encore plus complexes : à Athènes, les lundi, mercredi et samedi ils travaillent de 8h à 14h et sont fermés l’après-midi. Les mardi, jeudi, vendredi, ils bûchent toute la journée ou rouvrent boutique le soir après la sieste, de 17 à 21h. Le dimanche, c’est repos en principe. Mais le gouvernement essaie d’imposer l’ouverture dominicale des magasins hors des zones touristiques.

Italie : 12 jours fériés par an !

En Italie, les salariés ont le droit à 26 jours de vacances. Ils travaillent cinq jours sur sept, huit heures par jour. En général, nos cousins transalpins doivent arriver au bureau vers 9 heures du matin. Mais cet horaire est flexible. Cela veut dire que dans certaines entreprises comme la Rai par exemple, les salariés peuvent arriver vers 10 heures du matin. Dans ce cas, ils sortiront une heure plus tard le soir. La pause déjeuner dure une heure. En dehors du week-end, les Italiens n’ont pas de jour de repos. Ils peuvent puiser dans leur réserve vacances pour prendre les enfants à l’école ou aller chez le médecin mais doivent avertir leur employeur quelques jours à l’avance. Les vacances sont posées au moins trois mois à l’avance pour permettre à l’entreprise d’organiser les absences. Les jours fériés sont, en revanche, plus nombreux qu’en France. Ils sont au nombre de 12, les Italiens ne travaillant pas le jour de l’Ascension. Les Romains ont un jour de plus, le 29 juin : c’est la fête des patrons de la cité éternelle, Saint Pierre et Saint Paul.

http://2ccr.unblog.fr/2014/09/19/35-heures-non-les-francais-ne-sont-pas-des-feignants/

Voir : DES ÉCONOMISTES PROPOSENT LA SEMAINE DE 30 HEURES

http://2ccr.wordpress.com/2014/07/11/des-economistes-proposent-la-semaine-de-30-heures/

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