Accueil > Kobanê et le Kurdistan n’ont pas pour seul ennemi l’État islamique...

Kobanê et le Kurdistan n’ont pas pour seul ennemi l’État islamique...

par A.L.

Publie le jeudi 2 octobre 2014 par A.L. - Open-Publishing
2 commentaires

Allocution d’Alternative libertaire soutenue par l’OCL à la manifestation parisienne de la gauche kurde du 27 septembre 2014, en solidarité avec le Kurdistan syrien.

2.000 à 3.000 personnes avaient répondu à l’appel de la Fédération des associations kurdes de France (Feyka), samedi 27 septembre 2014, et ont défilé en soutien à la ville de Kobanê, assiégée par l’État islamique (Daech).

Toutes les tendances de la gauche kurde étaient là, dont de forts contingents de sympathisant.e.s du PKK et du PYD (organisation-sœur du PKK en Syrie). Et, bien évidemment, des dizaines de drapeaux à l’effigie du leader emprisonné Abdullah Öcalan.

Si ce culte du leader donne généralement froid dans le dos aux militantes et aux militants français, plusieurs délégations d’organisations (PCF, NPA, AL, OCL...) avaient passé outre et étaient présentes, en solidarité avec une lutte aussi urgente que légitime.

A l’arrivée de la manifestation place du Châtelet, plusieurs déclarations de solidarité ont été lues, dont celle d’Alternative libertaire, soutenue par l’OCL.

vidéo :

ALLOCUTION D’ALTERNATIVE LIBERTAIRE

Aujourd’hui, Kobanê, au Kurdistan occidental, est assiégée par les forces barbares de l’État islamique – Daech.

Aujourd’hui, Kobanê se bat pour la liberté, pour la démocratie et pour les droits des femmes.

Aujourd’hui, Kobanê se bat héroïquement, malgré le double jeu du gouvernement turc, malgré les atermoiements de la coalition dirigée par Washington.

Aujourd’hui, Kobanê est devenu le symbole de la résistance de la Rojava syrienne, mais pas seulement.

Si Kobanê tombe, ce n’est pas seulement toute la Rojava qui sera menacée, c’est aussi un modèle politique et social : celui du confédéralisme démocratique et de l’autonomie démocratique, édifié depuis le 19 juillet 2012.

C’est pourquoi, sous le drapeau des Unités de protection populaire (YPG) qui défendent Kobanê, on trouve côte à côte des miliciennes et des miliciens kurdes, arabes, turcs, qu’ils soient musulmans, yézidis, chrétiens ou athées. Toutes et tous se battent côte à côte contre les fanatiques.

C’est pourquoi la défense de Kobanê et de la Rojava syrienne intéresse non seulement le peuple et la diaspora kurde, mais aussi toutes et tous les partisans de l’émancipation, les féministes, les anticolonialistes et les anticapitalistes.

Kobanê doit pouvoir compter sur les milliers de jeunes gens, révolutionnaires, syndicalistes, anticolonialistes, libertaires qui sont venus de toute la Turquie pour défendre la ville, et qui aujourd’hui sont bloqués à la frontière par l’armée turque.

Car Kobanê et le Kurdistan n’ont pas pour seul ennemi l’État islamique.

Ils ont d’autres ennemis, plus sournois, qui aimeraient que Daech fasse le « sale boulot » à leur place : Bachar el-Assad et Recep Tayyip Erdoğan.

Quant aux États-Unis, après avoir longtemps hésité, ils ont bombardé les forces de Daech qui assiègent Kobanê. Cependant, il faut savoir que s’ils ne souhaitent pas la victoire de Daech, ils ne souhaitent pas non plus la victoire du modèle politique et social que représente la Rojava.

On parle aujourd’hui d’une possible intervention terrestre contre Daech dans la région de Kobanê. Pourtant, ce serait une catastrophe si, demain, au nom de la lutte contre le djihadisme, l’armée turque occupait militairement la Rojava. Ce serait la fin de l’autonomie populaire, le démantèlement des milices d’autodéfense, la prison pour les révolutionnaires.

Le peuple kurde a besoin d’armes pour défendre Kobanê et la Rojava. Il n’a pas besoin de subir l’occupation de l’armée turque ou américaine.

Vive Kobanê libre, vive le Kurdistan libre, vive la révolution.

http://www.alternativelibertaire.or...


Messages

  • El PKK advierte a Turquía del fin del proceso de paz si el EI comete una masacre en Kobani (Le PKK avertit la Turquie de la fin du processus de paix si l’EI commet un massacre à Kobani)

    Article de Naiz (en Castillan) : http://www.naiz.eus/fr/actualidad/n...

  • Le sale boulot contre le Kurdistan serait fait conjointement par al Assad et Erdogan. Ouh là là.
    Sûr que faire droit à l’irrédentisme kurde déstabiliserait la Turquie, la Syrie, mais aussi ce qui reste de l’Irak et, marginalement, l’Iran.
    Sûr aussi que prêter des alliances diaboliques à Damas est facile, depuis un pays (caniche de l’impérialisme, tout de même) qui a empêché ses réfugiés syriens de participer aux élections de juin, en appelant mascarade un vote qui a tourné en faveur de l’ennemi avoué de notre diplomatie. Car même réfugiés en France, les syriens sont favorables à l’action anti-terroriste de l’armée syrienne, et choisissent (par défaut, au moins) le sécularisme incarné par le « boucher » al Assad comme l’appelle la propagande d’ici. Le nord kurde, qui a servi de tampon et en a profité pour faire un grand pas vers l’indépendance, a raison de craindre qu’un nouveau bouleversement ne l’expose à de nouvelles misères, du fait de l’EI et de ses alliés.
    Quant au double jeu, c’est d’abord celui de la coalition F-UK-US + pétromonarchies, qui s’appuyait notamment sur la Turquie pour aider les Daech/al Nosra à renverser le « régime », et feint maintenant de combattre ses propres mercenaires.
    L’article note que les Etats-Unis ne souhaitent pas la victoire d’un mouvement démocratique dans la Rojava. Effectivement ! Du Honduras à l’Ukraine, de la Libye au Grand Moyen-Orient, le Prix Nobel Obama a montré ce qu’il entend par paix et démocratie... 7 guerres à son actif ! Et le chaos, les ruines, ce ne peut pas être l’objectif de la gauche kurde.
    Cessons d’acheter du pétrole de contrebande à Daech, et celui-ci s’asséchera sans même armer le PYD. Quand la "coalition du bien" se propose de former 15000 hommes "contre le terrorisme" dans la région, cette dangereuse redite promet au contraire la pérennisation des horreurs.