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Marché aux puces de Montreuil : la police est présente aux deux extrémitées...

Publie le samedi 23 avril 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

Bonjour,

Pour le second week-end consécutif le marché aux puces illégal qui se
déroule chaque week-end entre la Porte de Bagnolet (coté Bagnolet : Avenue
Gallieni-Avenue du Professeur André Lemière) et le début de l’officiel
Marché aux Puces de Montreuil est interdit.

La police est présente aux deux extrémitées et une benne de ramassage
d’ordure vraisemblablement louée par la Préfecture est là pour recevoir tout
ce que la police aura intercepté de caddies, de valises d’objets récupérées
et à vendre.

Chaque week end depuis des années plusieurs centaines de personnes (200-300)
qui "font la Biff" c’est a dire recueillent ce qui a encore une valeur pour
le revendre et en vivre ou en améliorer le quotidien se cachent et ne
peuvent recueillir là l’argent dont ils ont besoin.

Migrants chinois d’une quarantaine d’année licenciés des entreprises d’etat
qui en Chine les employaient et sont arrivés en France à partir de 1997,
vieux travailleurs maghrebins ne percevant que le minimum vieillesse,
familles roumaines, jeunes algériens sans papiers qui ne trouvent pas de
travail, Rmistes qui n’arrivent à joindre les 2 bouts, chômeurs en fin de
droits : voilà qui vend sur ces trottoirs.

Au delà de l’aspect économique c’est a dire de la réalité de pauvreté que ce
marché révéle (celui qui se tenait M° Couronnes est interdit depuis que le
quotidien le Parisien l’a "officialisé" en y consacrant un article) c’est a
la misére que l’on condamne ceux a qui on interdit de vendre le fruit de
leurs trouvailles : misére matérielle car certains ne rentrant dans aucun
dispositif sont désormais condamnés à la soupe populaire (qui se fait rare
dès la fin de l’hiver) mais aussi à la misére sociale car un marché même
clandestin est un lieu de rencontre, de socialisation, d’apprentissage et
pas seulement de survie, un sas entre deux mondes celui des "inclus" et
celui des "exclus".

Après la chasse aux vendeurs à la sauvette dans le métro (affiches, gadgets,
fruits) c’est encore un pan entier de survie pour les "sans-droits" qui
disparait.

Plus les possibilités de survie informelle se réduiront plus la violence
(contre soi-même ou les autres se développera) et les mafias et
intermédiaires en tous genre prospéreront...

On trouve déja à Paris des "Assistantes sociales privées", des "écrivains
publics privés" qui recrutent par annonces et se font payer pour toute
démarche, des activités en plein développement.

Si cette question interesse quelqu’un

O.Aubert

Messages

  • Bonjour O. Aubert,

    Je suis passée à ce marché il y a déjà quelques années, un peu moins de 10 ans et j’avais été frappée par son aspect très "pays émergents" pour faire politiquement correct. Il s’agit bien là d’une explosion de misère en pleine rue, l’expédiants de ceux qui n’ont plus grand chose pour survivre, une nécessaire soupape de sécurité, de quoi gratter un peu d’argent pour survivre, encore un peu.

    Ce marché, finalement, ne gêne pas grand monde, si ce n’est les marchands qui craignent de ne pas pouvoir faire encore plus de bénéfices. Le fait qu’il existe est pour moi le symptôme d’une société dont les systèmes de protection sociale sont défaillants, mais c’est aussi la preuve que même acculés à la misère, beaucoup de gens choisissent encore une forme quasi normalisée de survie, plutôt que la délinquance.

    Cette nouvelle répression anti-pauvres est odieuse et n’a pas de sens en soit. Interdire le marché aux puces ne résoud en rien le problème en amont, celui de la très grande pauvreté. Cela criminalise les pauvres encore plus et effectivement pousse au désespoir et à la radicalité.

    Une société plus redistributive et qui ne s’appuie plus sur l’exclusion de plus en plus de gens verrait rapidement ce genre de marché se résorber de lui-même, son utilité déclinant en même temps que la misère.

    Merci pour cet article

    Le Monolecte