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Comment est mort Rémi ? (+vidéo)

par Nantes révoltée

Publie le mercredi 29 octobre 2014 par Nantes révoltée - Open-Publishing
2 commentaires

Courtes explications à l’usage des journalistes incompétents, et de tou-te-s celles et ceux qui veulent en savoir plus sur les armes de la police, comprendre comment est mort Rémi

Qu’est ce qu’une grenade « offensive » ?

Les flics font usage de deux types de grenades explosives lors du maintien de l’ordre, souvent confondues par les manifestant-e-s :

 Les grenade dites de « désencerclement », officiellement Dispositif Balistique de Désencerclement. Elles projettent 18 projectiles en caoutchouc sur plusieurs mètres de diamètre en explosant et peuvent également projeter des débris en fer.

 Les grenades dites « assourdissantes », ou « offensives » dans les médias. Plus puissantes que les premières, elles provoquent un effet de souffle, un effet sonore très intense, mais ne sont pas conçue pour envoyer des projectiles. Elles dégagent également un peu de lacrymogène concentré. Il n’est néanmoins pas rare qu’elles projettent des éclats de plastique, de fer, ou même qu’elle détachent des morceaux de sol en explosant. Techniquement cette grenade s’appelle GLI F4. Il s’agit, selon les informations qui nous parviennent, ce type de grenade qui a tué Rémi.

Ces grenades sont toutes deux conçues par le fabriquant français LACROIX-ALSETEX

Elles peuvent être lancées à la main ou par des lanceurs (deux modèles de lanceurs existent, le Chouka ou le Cougar) qui peuvent projeter des munitions à 50, 100 ou 200 mètres.

Bien que cela soit interdit, il n’est pas rare qu’une grenade soit envoyée en tir tendu à hauteur d’homme. C’est probablement ce qui est arrivé à Rémi, pour qu’il soit atteint dans le haut du dos. On laisse à chacun imaginer les dommages gravissimes provoqués d’une part par le choc d’un projectile lancé par un de ces puissants lanceurs ajouté à l’explosion de la grenade quand elle atteint un corps humain.

Pour plus de précisions techniques :
http://zad.nadir.org/IMG/pdf/ARMEMENTSPOLICE_A3.pdf

Concrètement, qu’est-ce que font ces grenades « offensives » (GLI F4) en explosant ?

Voici l’explosion d’une grenade GLI F4 lancée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, filmée de très très près :
https://www.youtube.com/watch?v=-iT6lmtxq1w#t=6m30s

Les flics et leur hiérarchie ont allègrement menti dans les médias en affirmant n’avoir lancé « qu’une seule grenade » lors des évènements du Testet. Une vidéo du groupe GROIX durant 29’’ et intitulée « Terreur (d’État) au Testet » montre le contexte, l’ambiance de la manifestation du 25 octobre suite à laquelle Rémi a perdu la vie. On peut-y repérer distinctement et à plusieurs reprises des explosions de grenades, leur son, leur souffle, leurs effets.

La voici :

Analyse :

D’abord on note que la manif est assez calme, les affrontements sont quasi-inexistants, éventuellement de très basse intensité à la toute fin de la vidéo. Pour cause, les opposant-e-s, en retrait, situé-e-s à plusieurs dizaines de mètres des forces de l’Ordre (gendarmes et CRS), reçoivent de nombreuses salves de grenades en tout genre tout au long du face à face.

 Au début de la vidéo, les différents envois de lacrymogènes provoquent des débuts d’incendies dans l’herbe qui reste.

 A 12’40’’, on repère une explosion de grenade GLI F4, probablement envoyée par un lanceur. Une deuxième explosion est clairement visible à 12’56’’. A 14’35’’ une personne est blessée par une de ces mêmes grenades envoyée dans un groupe d’opposant-e-s, et doit être évacuée par plusieurs manifestants.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=14m35

 A 16’05’’, un opposant que l’on peut qualifier de « pacifique » prévient les gendarmes : « vous allez faire deux ou trois morts ». Quelques heures plus tard, Rémi mourait.

 A 20’18’’ la même énorme détonation et la fumée sombre caractéristique de ces grenades. On voit que le souffle porte sur un périmètre de plusieurs mètres.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=20m18s

 A 25’14’’ et 25’23’’, deux explosions de grenades coup sur coup, visant la même petite grappe d’opposant-e-s isolé-e-s.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=25m14s

 A 27’02’’ au centre du terre plein, on peut voir et entendre de façon très précise la déflagration de cette arme qui résonne dans toute la vallée.
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=27m02s

Ces exemples (au moins huit formellement identifiés en quelques minutes) illustrent la puissance des explosions de ces armes policières et la portée que peuvent avoir ces grenades propulsées par les lanceurs. Rémi en a peut-être reçu une en tir tendu...

Chacun peut constater en voyant de telles déflagrations, que de telles armes peuvent tuer. Des « professionnels du maintien de l’ordre » le savent pertinemment.

Ils ont tiré pour tuer.

Maintenant que vous savez, partagez, expliquez autour de vous. … Et surtout, protégez vous face aux armes de la police.

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Messages

  • Sur la description des engins, c’est à peu près juste à l’exception des débris de ferraille ajoutés au caoutchouc qui relèvent du fantasme de bombes sales utilisées par la police. Autrement, les dangers sont en effet multiples, et les acouphènes - qui peuvent empoisonner des vies - ne sont pas assez soulignés. Le plus souvent, les graves et impardonnables faits proviennent des tirs tendus, que le conditionnement d’hommes mis sous pression dans leurs caissons ou en rang rendent possible. Une bande devient vite un gang, une meute, un bouillon d’hormones incontrôlable.
    Je partage la tristesse des proches de ce garçon, j’ai été pris dans des répressions avec tirs à balles réelles en certains pays particulièrement dangereux. Le contexte français, avec le FN en accélérateur de toutes les haines et incendies de société, ne présage guère de jours sereins. So sad...

  • "mercredi 29 octobre 2014
    Evolution meurtrière de la politique de maintien de l’ordre en France

    Depuis novembre 2007 nous tenons à jour ce blog qui recense toutes les affaires concernant les blessures par flashball dans le cadre de l’utilisation de cette arme par la police.

    Le drame qui vient d’avoir lieu au Testet — la mort de Rémi Fraisse —, s’inscrit, hélas logiquement, dans cette longue suite de violences policières, conséquence de l’évolution des politiques de maintien de l’ordre depuis une dizaine d’années, appuyées sur une nouvelle idéologie, de nouveaux dispositifs et de nouveaux armements.

    Les conséquences meurtrières du déploiement des forces policières et de gendarmerie sur le site du Testet rappellent d’autres violences policières qu’il convient pour nous de lier à ce drame.

    Il nous paraissait également annoncé, depuis que nous suivons les affaires de blessures par Flashball, récemment encore lors des manifestations contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, qu’un jour ou l’autre un drame aurait lieu.

    Ce drame est aujourd’hui une affaire d’Etat.

    L’évolution des politiques de maintien de l’ordre, leur dérèglement, produit des effets visibles que nous déclinons en 4 points :

    Militarisation de la police

    Les armements nommés "non-létales", tout récemment renommées "armes de force intermédiaire", sont en fait extrêmement invalidantes jusqu’à tuer : flashball, lanceur de balles de défense, taser, grenades assourdissantes, munitions lacrymogènes à fragmentation, dispositifs balistiques de dispersion… [PDF armes de la police]
    La fusion police/gendarmerie a créé les conditions d’une compétition répressive.
    Les forces de l’ordre se sont sur-équipées (la réalité a rejoint la fiction des "robocops").

    Doctrine du maintien de l’ordre

    Les notes de services et d’usage des armes de maintien de l’ordre sont très souvent non respectées. Dès lors, le terme de "bavures" invoqué par les policiers eux-mêmes et relayé par la presse est absolument impropre.
    Les Brigades Anti Criminalité (BAC), cherchant à agir dans le cadre de flagrants délits, se comportent méthodiquement comme agents provocateurs : invectives et agressions envers les manifestants.

    Disproportion systématique des actions engagées par la police pour réprimer les rassemblements sociaux.

    L’usage du flashball et du LBD comme arme d’intimidation et d’attaque et non pas comme moyen de dégagement en cas d’agression. [une illustration]
    L’usage de grenades offensives et lacrymogènes dans des quantités excessives, sans mesure ni discernement.

    Criminalisation de l’expression des mouvements sociaux

    Les arrestations arbitraires et les prélèvements ADN qui criminalisent si refus.
    Un couple police/justice d’urgence qui amplifie les conséquences répressives.
    Une terminologie qui confond manifestation et agression, manifestant et black block, dégradation et dévastation.

    En conséquence, il nous parait important que soient liés dans la parole publique, le drame qui a coûté la vie à Rémi Fraisse au dérèglement général des politiques de maintien de l’ordre, ainsi qu’aux décisions de justice qui, de non lieux en relaxes, conduisent policiers et gendarmes à penser qu’ils peuvent agir en toute impunité. "

    http://27novembre2007.blogspot.fr/